? «Les groupuscules terroristes qui, même amoindris, sévissent toujours, pourraient se reproduire dans quinze à vingt années si certaines mesures ne sont pas prises». C'est ce qui ressort de l'intervention du Pr Ahmed Adhimi, enseignant à la faculté des sciences politiques à l'université d'Alger, lors d'une conférence-débat, animée, hier, au Forum d'El Chaâb. Pour lui, l'Algérie devrait s'équiper de centres de recherche universitaires et privés pour étudier ce fléau. «L'Algérie dans son combat est arrivé à un stade précis ; elle a pu dépasser trois phases dans sa lutte contre le terrorisme en arrivant à le maîtriser, même si des groupuscules frappent toujours. La quatrième phase consiste à étudier les causes de cette crise. Ces études permettront d'éradiquer la culture de la violence chère aux Algériens.» «Ces centres de recherche gérés par le privés auront une certaine liberté d'agir contrairement au secteur public qui obéit à des calculs bien précis. De même pour l'université où des spécialités portant sur ce phénomène devraient être ouvertes. Nous sommes un peuple qui n'écrit pas, il existe peu d'ouvrages sur la guerre d'Algérie», a-t-il ajouté. Pour ce faire, l'intervenant a mis l'accent sur le rôle de la communication à travers les différents médias. Il plaide pour une ouverture du champ audiovisuel, seul moyen capable d'orienter et d'influencer. «Durant ses 20 années d'existence, la presse écrite, où la publicité a envahit ses espaces, se limite à la publication des informations. La presse d'opinion est absente. Cette dernière conduite par l'élite pourrait peser de son poids et influer sur les comportements. De même pour l'audiovisuel, la télévision qui est régie par le secteur public ne peut combler le vide en matière d'influence, puisque tous les avis donnés sont perçus comme ceux de l'Etat, donc officiels. Pis encore, des chaînes satellitaires s'adressent aux Algériens. Si on continue sur cette lancée, nous serons obligés, dans un futur proche, d'acheter des plages horaires dans les télévisions étrangères pour parler aux Algériens», a-t-il averti. M. Adhimi admet, par ailleurs, qu'une telle communication influente ne peut se faire sans l'existence d'une élite. «Les mécanismes permettant de faire sortir l'élite de sa léthargie font défaut. Seuls les footballeurs sont honorés et médiatisés en Algérie».