, La coordination des villes et villages de la localité de Boghni, au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, mise en place depuis l'enlèvement d'un des leurs, Ammi Ali, par un groupe armé dans la nuit du 22 au 23 mars dernier, maintient la pression sur les ravisseurs. Les populations locales ne cessent, depuis, de réclamer la libération sain et sauf et sans condition aucune de l'otage, originaire du village Aït Kouffi. Avant-hier jeudi, les citoyens de ladite contrée ont massivement adhéré au mot de grève des animateurs de la coordination des comités des villes et villages, le second du genre après le débrayage suivi d'une marche populaire vers le siège de la daïra, le 30 mars dernier. Durant toute la journée, le chef-lieu de daïra, ville commerçante a été une ville morte. L'ensemble des commerces a baissé rideau. «On ne se taira pas. Si les ravisseurs misent sur le temps comme facteur démobilisant, ils se trompent. Notre mobilisation s'élargit chaque jour davantage avec la ferme intension d'aller jusqu'à la libération de la victime», rappellent des citoyens proches de la coordination des villes et villages de Boghni, rencontrés avant-hier jeudi. «On ne cédera pas au chantage de ces groupuscules terroristes.» Des citoyens accostés au chef-lieu de daïra se disent prêts pour d'autres opérations de recherche actives et des chasses à l'homme dans les maquis avoisinants.«L'Etat nous a abandonnés sur le plan sécuritaire» Au village de la victime, à Aït Kouffi, situé sur la route menant à la station climatique de Tala Guilef, un mouvement de va-et-vient de personnes est perceptible de loin. Les citoyens, des jeunes pour la plupart, convergeaient vers le domicile de l'octogénaire, Ammi Ali, à l'affût de la moindre information. «L'Etat nous a abandonnés en matière de prise en charge du volet sécuritaire», pestent certains d'entre eux coléreux. Tout le versant nord du Parc national du Djurdjura (PND), soit le côté relevant de la wilaya de Tizi Ouzou n'a pas été «sécurisé», à l'exception du site culminant à plus de 1200 m d'altitude, abritant l'hôtel El Arz qui, depuis l'incendie criminel qui l'a ciblé en 1993, des forces de sécurité y ont été stationnées, fait-on observer. Alors que, a-t-on poursuivi, le versant sud du PND, soit le périmètre dépendant de la wilaya limitrophe de Bouira, Tikjda, plus précisément, a été hautement sécurisé. Comme en témoigne, selon toujours nos interlocuteurs, le flux de visiteurs venant des quatre coins du pays notamment en cette période hivernale pour la pratique du ski et/ou les sportifs pour des stages de préparation en haute altitude. Pour conforter l'idée de la haute sécurisation de ces lieux de Tikjda, où est domiciliée la direction du Parc national du majestueux Djurdjura, considéré à juste titre d'ailleurs comme étant mythique et fief de la lutte armée de Libération nationale, nos vis-à-vis font même état de l'organisation d'une manifestation culturelle. «On parle de l'organisation d'un festival culturel cet été à Tikjda». «Notre action n'est nullement une forme de substitution aux forces de sécurité» Cette action (grève générale, ndlr) de la population locale, en signe de solidarité avec la famille de la victime à qui il est demandé une forte somme d'argent, une rançon pour sa libération, 3 milliards de centimes, est la deuxième du genre après celle du 30 mars, durant laquelle toute activité avait été paralysée au chef-lieu de daïra de Boghni. Plus d'un millier de personnes avaient alors marché jusqu'au siège de la daïra, après le rassemblement. La délégation qui a pris langue avec le chef de daïra a exprimé l'inquiétude de la population locale, plus que jamais exposée au diktat des groupuscules terroristes encore en activité dans les maquis avoisinants. Les délégués mandatés par la coordination des villes et villages de Boghni avaient, en outre, réclamé la mise en place d'un dispositif sécuritaire dans les plus brefs délais. La mobilisation citoyenne jusque-là limitée aux seules localités relevant de la daïra de Boghni s'élargissait au fil des jours. D'autres citoyens des communes avoisinantes, du versant sud notamment, se sont joints à la coordination locale. La foule avait alors pris le chemin des maquis de Tala-Guilef où se serait réfugié le groupe terroriste auteur de ce rapt, le 5e dans la région sud et le énième en Kabylie depuis l'avènement de ce phénomène, fin 2005 début 2006. «Notre mobilisation pour la libération de la victime, similaire à celle, payante, des citoyens d'Ifissen, au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou entreprise au mois d'octobre dernier, ne se veut nullement une forme de substitutions aux forces de sécurité. Nous voulons exprimer notre ras-le-bol d'un climat d'insécurité qui n'a que trop duré. La peur doit impérativement changer de camp.» Il est utile de rappeler un autre enlèvement de personne, celui d'un commerçant originaire de Béni Douala, qui est, depuis le 7 avril dernier, entre les mains d'un groupe terroriste, probablement le même que celui qui a kidnappé l'octogénaire d'Aït Kouffi. Une rançon de 3 milliards de centimes a été exigée par les ravisseurs pour sa libération. Toutefois, sous la pression exercée par les villageois, ce dernier a été libéré hier, et ce, sans contrepartie.