Au terme de plus de trois heures de réunion et après trois mois d'hésitations, les pays de la monnaie unique ont décidé de mettre à disposition d'Athènes une enveloppe de 110 milliards d'euros sur trois ans en réponse aux 30 milliards d'euros d'économies supplémentaires annoncées par le gouvernement grec. «Nous avons décidé, aujourd'hui, d'approuver l'activation du mécanisme, sur la base d'un rapport de la Banque centrale européenne et de la Commission, qui confirme que la stabilité financière de la zone euro est menacée», a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à la presse. «L'assistance financière à la Grèce sera de 110 milliards d'euros sur trois ans (...). Les Etats membres de la zone euro contribueront 80 milliards d'euros dont 30 milliards seront déboursés en 2010», a-t-il ajouté, précisant que ces montants seront suffisants pour couvrir les besoins de financement grecs jusqu'en 2012. Le FMI ajoutera les 30 milliards d'euros restants, une contribution qui devrait être entérinée dans la semaine selon son directeur général Dominique Strauss-Kahn . Jean-Claude Juncker a précisé que ce «paquet» financier contenait également une «réserve de contingence» pour mettre en place un fonds de stabilisation du secteur financier grec, pour un montant total de 10 milliards d'euros. Un sommet des dirigeants de la zone euro est convoqué le vendredi 7 mai afin d'avaliser le déblocage des prêts bilatéraux mais «qui ne reviendra pas sur les décisions que nous avons prises», a dit Jean-Claude Juncker. Mesures drastiques en Grèce Dimanche matin, la Grèce, au bord du gouffre financier, avait annoncé un nouveau plan d'austérité prévoyant une réduction supplémentaire de son déficit budgétaire de 30 milliards d'euros sur trois ans en échange de cette aide. «Il s'agit d'un soutien sans précédent pour un effort sans précédent du peuple grec», a dit, l'air grave, le Premier ministre grec George Papandréou. Son ministre des Finances, George Papaconstantinou, a dit s'attendre à des réactions de protestation : «Les gens exprimeront leur colère.» Parmi les mesures annoncées figurent une hausse de la TVA, qui passera de 21 % à 23 %, une augmentation de 10 % des taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac, un gel des salaires et retraites du secteur public et un relèvement de l'âge minimum de départ à la retraite à 60 ans. Selon l'accord conclu, la Grèce prévoit de ramener le déficit budgétaire à 8,1 % du PIB en 2010, contre 13,6 % l'an dernier, à 7,6 % du PIB en 2011 et à 6,5 % en 2012. Elle obtient un délai supplémentaire de deux ans pour revenir dans les clous du pacte de stabilité (déficit sous les 3 % du PIB) soit jusqu'en 2014, date à laquelle la dette devrait commencer à refluer après un pic à près de 150 % du PIB en 2013. Dans ce contexte d'austérité qui devrait peser sur l'activité et la consommation, le gouvernement grec prévoit désormais une contraction du PIB de 4 % en 2010, de 2,6 % en 2011. Le retour à la croissance (1,1 %) n'est pas prévu avant 2012. Echéances d'ici vendredi Plusieurs échéances importantes se présenteront d'ici le sommet de vendredi, à commencer par la réaction des marchés à ces annonces dès lundi matin. Ils s'étaient détendus, vendredi, face à la perspective d'un accord et l'écart de rendement entre les emprunts grecs et allemands à 10 ans, qui représente la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette émise par Athènes, s'était resserrée à 650 points de base, contre un record à plus de 1 000 pdb mercredi.