Ce qui est arrivé au militant Abdelhamid Mehri est impardonnable. L'ancien SG du FLN s'est rendu à Constantine pour animer à l'université des sciences islamiques une conférence autour du du 19 mai 1956, date à laquelle des étudiants algériens avaient décidé de quitter leurs bancs d'université et de lycée pour rejoindre le maquis. Mehri a, en effet, été empêché de rejoindre la salle des conférences Abdehamid Ben-Baddis par des étudiants qui ont, contre toute attente, décidé de déclencher une grève. C'est sans doute leur droit. Mais c'est, peut-être aussi, une erreur du ministère de l'Enseignement supérieur que de laisser des revendications sans réponse. Les étudiants, par la voix de leur représentant de l'UGEL, déclarent que leur revendications ont été posées il y a une année mais aucune attention ne leur a été réservée. D'où ce mouvement de protestation. Beaucoup de secteurs ont compris qu'aucun droit ou aucune revendication ne peuvent être satisfaits sans un bras-de-fer qui devient donc nécessaire, quitte à le faire désavouer par la justice, alors que les mouvements de grève ne sont pas interdits par la loi. Il n'empêche que les étudiants de l'université des sciences islamiques de Constantine n'avaient pas le droit de fermer la salle des conférences en cet anniversaire à une personnalité qui incarne justement le mouvement révolutionnaire étudiant. D'autant plus que cela se passe dans une enceinte universitaire qui n'aurait jamais existé sans le sacrifice des centaines de jeunes qui ont donné leur vie pour cela, et dans une salle de conférence qui porte le nom d'une prestigieuse personnalité du combat libérateur. Il aurait été plus responsable que cette grève se déclenche tout de suite à la fin de la séance. Ni Abdelhamid Mehri, ni d'autres authentiques révolutionnaires, ni les martyrs de la guerre de Libération nationale n'auraient été un seul instant effleurés par l'idée qu'ils soient piétinés ainsi. Amirouche, El-Haouès, Boumediene, Boussouf et tous les autres appartiennent au patrimoine de tous les Algériens. Alors, laissons reposer en paix ces martyrs et faisons l'effort de témoigner du respect et de la considération pour leurs compagnons encore en vie. Car s'il y a des trahisons douloureuses, elles se situent peut-être dans la grossière et basse flagornerie de quelques plumitifs et dans le silence qui baigne alentour. H. T. Voir sur Internet