Selon des sources concordantes, les 32 Algériens, qui faisaient partie de l'expédition de la flottille Free Gaza chargée d'aide humanitaire vers Ghaza et emprisonnés en Israël, ont été libérés en même temps que 88 autres militants pacifistes séquestrés. «Dans l'obscurité de la nuit, les commandos israéliens sont descendus d'un hélicoptère sur le bateau de passagers turc, le Mavi Marmara. Ils ont commencé à tirer dès que leurs pieds ont touché le pont. Ils ont tiré sur le groupe de civils endormis». Ce sont là les premières déclarations des militants témoins de l'assaut contre la flottille internationale «Free Gaza», chargée d'aide humanitaire vers Ghaza, rapportées, hier, par les agences de presse internationales. La sauvagerie, voire la barbarie de l'Etat hébreu se confirme de plus en plus. Ils ont eu le courage de tirer sur des être humains libres venus apporter leur soutien à un peuple dépourvu. Les témoignages de la barbarie de l'Etat sioniste ont été recueillis grâce aux communications téléphoniques, avant que les bateaux ne soient réduits au silence, contredisant, ainsi, la version israélienne qui accuse les passagers de la flottille d'avoir utilisé la force avec les soldats israéliens. Benyamin Nétanyahou a défendu la légitimité des actes de Tsahal. Les passagers d'une des embarcations «ont délibérément attaqué les soldats, ceux-ci ont été frappés avec des bâtons, battus et poignardés, on a même rapporté des coups de feu, et nos soldats ont dû se défendre pour défendre leurs vies», a-t-il insisté. Les témoignages rapportés par les agences contredisent les propos du premier ministre israélien «Ils ont tiré directement sur la foule de civils endormis», a accusé le mouvement Free Gaza, organisateur de la «Flottille de la liberté», dans un communiqué diffusé sur Internet après l'abordage du «Mavi Marmara», le «navire amiral» turc. Le «Mavi Marmara» transportait plusieurs centaines de personnes, dont des parlementaires de pays européens. Des rescapés allemands qui étaient dans la flottille ont assuré à Berlin que les militants pro-palestiniens n'avaient pas d'armes à feu. Les mêmes témoins ont pointé un doigt accusateur sur l'armée israélienne. «C'était une attaque contre une mission pacifique dans les eaux internationales. Les Israéliens peuvent vouloir défendre leur zone de défense militaire, mais nous étions en dehors de ces limites. Nous avions le droit de nous défendre, et même d'utiliser les armes avec lesquelles on nous attaquait», ont-ils ajouté. Des passagers toujours entre les mains des autorités israéliennes Par ailleurs, la plupart des 686 passagers sont encore entre les mains des autorités israéliennes. 360 personnes sont ainsi détenues dans la prison de Beersheva, dans le sud d'Israël, et d'autres sont en train d'y être transférées. Aucune information ne filtre sur l'identité des personnes retenues, sur leur état de santé, et sur les faits précis qui leur sont reprochés. Sur son compte Twitter, l'organisation Free Gaza indique que les autorités israéliennes ont refusé à leurs avocats tout contact avec les passagers. Pour la plupart des détenus d'origine turque, ils étaient hospitalisés dans différents établissements. Les passagers détenus devaient être interrogés dans la journée, et les autorités décideront au cas par cas ceux qui seront libérés et ceux contre lesquels des poursuites judiciaires vont être engagées. Parmi les détenus figure Kamal Khatib, président du Haut Comité de suivi des Arabes israéliens, la plus importante organisation de cette communauté de 1,3 million de personnes, qui a appelé hier à une journée de grève et de manifestations en Israël. Vers une crise diplomatique entre la Turquie et Israël ? Ankara, dont les relations avec Israël se sont fortement dégradées depuis le bombardement de la bande Ghaza en décembre 2008, a vivement réagi à l'attaque barbare perpétrée contre la flottille internationale d'aide au peuple palestinien par l'armée sioniste dont la plupart des victimes étaient des Turcs. Comme première réaction, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s'exprimait depuis le Chili où il effectuait une visite, a accusé Israël de s'être rendu coupable d' «un acte de terrorisme d'État inhumain». La Turquie «ne restera pas les bras croisés devant une telle barbarie, le droit international a été piétiné», a-t-il ajouté. La Turquie a, également, annoncé le rappel immédiat de son ambassadeur en Israël et l'annulation de toutes les rencontres prévues avec l'Etat hébreu. L'Egypte a ouvert le terminal de Rafah Le président égyptien, Hosni Moubarak a décidé, hier, d'ouvrir le terminal frontalier de Rafah «afin de faire entrer les aides humanitaires et médicales nécessaires à la bande de Gaza et accueillir les cas humanitaires, les blessés et les malades qui doivent passer par l'Egypte». Cette ouverture va permettre d'acheminer des vivres vers les Palestiniens de Ghaza, du moment que Rafah est l'unique point d'accès à ce territoire qui n'est pas contrôlé par Israël. Le Conseil de sécurité de l'ONU ordonne l'ouverture d'une enquête Convoqué en urgence lundi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a fini par adopter, hier matin une position commune, après une session marathon à New York. Le texte «condamne les actes qui ont résulté en la perte d'au moins dix vies humaines et fait de nombreux blessés». Il demande par ailleurs une enquête impartiale et réclame «la libération immédiate des navires ainsi que des civils détenus par Israël». L'instance des Nations unies demande également la libération immédiate des navires de la flottille et des quelque 700 militants détenus par Israël.