Après seulement huit mois au pouvoir, le Premier ministre japonais de centre-gauche Yukio Hatoyama a annoncé, hier, sa démission, conséquence d'un record d'impopularité et de l'échec à tenir une de ses principales promesses de campagne : déménager la base militaire américaine de Futenma sur l'île d'Okinawa (sud). M. Hatoyama, 63 ans, est le quatrième chef de gouvernement au Japon en quatre ans à démissionner avant la fin de son mandat. Sa formation politique, le Parti démocrate du Japon (PDJ), avait largement remporté les élections législatives d'août 2009, mettant fin au long règne du Parti libéral-démocrate (PLD, conservateurs) au pouvoir quasiment sans interruption depuis 1955. Yukio Hatoyama, dont le ministre des Finances Naoto Kan brigue la succession, était soumis à de fortes pressions au sein même de son parti, à l'approche des élections sénatoriales de juillet prochain. Arrivé au pouvoir sur la promesse de «changer le Japon», rendre la politique plus transparente et proche du peuple et établir des relations «plus équitables» avec Washington, M. Hatoyama avait suscité d'énormes attentes dans le pays. Son incapacité à gérer le dossier de la base militaire de Futenma à Okinawa – où la présence des forces américaines exaspère une part croissante de la population – a contribué à éroder sa cote de popularité, tombée sous la barre des 20%. Il a donné au fil des mois l'image d'un responsable indécis, peu habile et incapable de répondre aux attentes, soulignent les commentateurs politiques. Jusqu'à mardi soir, M. Hatoyama avait assuré qu'il resterait à la tête du gouvernement tout en menant des tractations avec les hauts responsables de sa formation, le Parti démocratique du Japon. Mais il a fini par se résoudre à la démission, hier matin, afin de sauvegarder les chances du PDJ aux prochaines élections. Le Premier ministre, dont le gouvernement avait été formé en septembre dernier, a reconnu son échec, au bord des larmes, au cours d'une conférence de presse. «Depuis les élections de l'année dernière, j'ai tenté de changer la politique pour que le peuple japonais puisse en être le principal acteur.» Il souligne avoir ainsi entrepris des «efforts importants pour améliorer l'existence des gens».