Le couperet est tombé : comme tous les ans, les grandes chaînes américaines font le grand «ménage». Dans le but de faire de la place pour les nouveautés de la rentrée (qui sont légion !), elles donnent congé à des séries qui ont fait leur temps ou qui n'attirent plus autant de téléspectateurs. L'année dernière, c'est FBI : Portés disparus, Prison Break et The Shield qui sont passés à la trappe, entre autres. Cela n'est guère surprenant : au final, peu de séries dépassent une ou deux saisons et une soixantaine de productions s'arrête ainsi chaque année. La charrette de cette saison n'est, donc, pas plus importante, quantitativement parlant ; elle est juste un peu plus spectaculaire : Cold Case, 24 heures chrono, Lost, Heroes, New York : Police judiciaire, Ghost Whisperer, Nip/Tuck, Scrubs, la nouvelle version de Melrose Place, Numbers, FlashForward, Monk, Ugly Betty… Tout d'abord, il y a le cas rarissime de Lost : sa fin avait déjà été planifiée depuis trois ans, dans le but de développer l'histoire en l'amenant vers une inévitable conclusion. Cela avait été rendu nécessaire par la narration même de la série : un grand mystère central dont on révèle les composantes petit à petit. Si la série s'était poursuivie au fil de l'eau et au grès des audiences, l'histoire aurait forcément été diluée. Quand la décision fut prise il y a trois ans de conclure la série en définissant un nombre de saisons et d'épisodes précis, ce fut un véritable soulagement ! Les auteurs ont, enfin, pu concevoir leur grand récit comme des auteurs de romans : ils savent précisément où ils veulent en venir, sans avoir la crainte de voir des chapitres coupés en cas d'échec… ou de devoir rallonger la sauce artificiellement en cas de succès ! Il y a, ensuite le cas des séries qui ont fait leur temps et qui sont à bout d'imagination. C'est clairement le cas pour 24 Heures chrono, tellement coincée dans son carcan narratif et ses figures imposées qu'elle a eu beaucoup de difficultés à se renouveler. Petit à petit, la série a accumulé les clichés et est devenue de plus en plus improbable. C'est, également, le cas de Cold Case, dont les enquêtes sur le passé faisaient ressurgir les grands maux de notre société. Il y a aussi les séries dont on imaginait sans peine l'arrêt, tant leur chute faisait peine à voir. Heroes, tout comme Ugly Betty, ont beau avoir brillé à leurs débuts, l'intérêt s'est volatilisé lors des saisons suivantes : les auteurs ont fait fausse route et n'ont jamais réussi à regagner leur audience. C'est dans l'espoir de regagner un peu de leur succès passé qu'elles sont restées plus longtemps à l'antenne mais leur arrêt était prévisible. De plus, une série comme Heroes coûte extrêmement cher à produire, même si son univers se décline sur de nombreux supports multimédias, et Ugly Betty comporte une large distribution, ce qui est toujours très onéreux. Il y a, enfin, la fin que l'on aurait aimé ne pas voir, celle de New York : Police judiciaire (ou New York District selon les chaînes !), une série policière innovante qui durait depuis… vingt saisons ! Elle était pourtant à une toute petite année de rentrer dans le livre des records pour sa longévité, mais les audiences et les conditions financières pour poursuivre la série une saison de plus n'étaient pas réunies. Car, les raisons de ces annulations, si elles sont pour beaucoup liées à des audiences qui s'effritent, reposent aussi sur un détail purement contractuel mais qui a son importance. Les acteurs et actrices de séries américaines signent généralement un contrat de sept ans, dès le pilote de la série. Si des «bonus» viennent ensuite enjoliver leur quotidien, ils ne peuvent pas renégocier en profondeur leur salaire durant ces sept années. Mais une fois ce premier contrat arrivé à son terme, si la série a été un succès retentissant et que la chaîne veut la poursuivre, les comédiens (avec leurs agents !) sont en droit de renégocier leur salaire… qui sera évidemment beaucoup plus élevé que celui des débuts, quand ils étaient de quasi inconnus et que le destin de la série était incertain. C'est parfaitement normal, somme toute ! Mais chaînes et firmes de production savent ainsi que, passées sept années, une série va obligatoirement leur coûter beaucoup, beaucoup plus cher ! Avec déjà plus de cent épisodes en stock, est-il vraiment nécessaire de faire gonfler le budget et de réduire ainsi les bénéfices ? Quelquefois, la réponse est oui : c'est le cas de séries au succès gigantesque, comme Les Experts, par exemple, qui va bientôt entamer sa onzième saison. Mais quand le succès est mitigé, la réponse est bien évidemment non. Et c'est ce qui s'est sans doute passé sur Cold Case. Quand on se rend compte qu'un épisode de série américaine coûte en moyenne quelques 2,5 millions de dollars à produire et que l'on multiplie par vingt-deux ou vingt-quatre par an, il y a de quoi se poser des questions ! Il y a, enfin, les séries qui, malgré un démarrage en fanfare et un «buzz» faramineux, n'ont pas su répondre aux attentes des spectateurs. C'est le cas de FlashForward, que l'on nous présentait comme le digne successeur de Lost. Son concept était pourtant assez intrigant : toute la population du globe aperçoit une vision de son propre avenir six mois plus tard… mais la série est vite devenue très ennuyeuse ! Autre exemple, le remake de Melrose Place qui, clairement, n'a captivé personne, même quand Heather Locklear a été appelée à la rescousse pour sauver le navire qui sombrait. Une série n'est pas faite pour durer éternellement (à l'exception des soaps de l'après-midi). Et un jour, ce sera donc au tour des Experts, de Grey's Anatomy, de Desperate Housewives ou de Dexter de tirer leur révérence. Alors, préparez-vous !