La Révolution armée du 1er Novembre 1954 a enfanté des dizaines de milliers de héros – connus ou anonymes -- qui avaient tout sacrifié pour la libération de notre chère patrie. Ahmed Zabana en fut l'un d'eux, lui qui avait été guillotiné par l'administration coloniale un certain 19 juin 1956. Retour bref sur la vie – courte – de ce révolutionnaire qui n'avait comme idéal que la dignité et la liberté de l'Algérie. La jeunesse d'un grand nationaliste Ahmed Zahana, davantage connu sous le nom de Zabana, est né en 1926 dans au douarAl-Mahaja El-Ksar près de Zahana (ex-St Lucien) à 32 km d'Oran, Il était d'une modeste famille appartenant à la grande tribu des Chorfas d de la zaouia Derkaouia. Ahmed Zabana fit, d'abord, des études dans le cycle du primaire pour parvenir à obtenir le certificat d'études primaires, sachant que l'administration française ne permettait jamais aux enfants des peuples colonisés de poursuivre au-delà de ce diplôme leurs études. Mais ce niveau lui permettait de s'inscrire dans un centre de formation professionnelle pour bénéficier d'une formation dans le métier de la chaudronnerie, de l'électricité et de la soudure au centre-ville d'Oran. Ce centre a reçu après l'indépendance le nom d'un autre chahid Zeddour-Brahim). Nanti de ce diplôme, il avait travaillé à la cimenterie de la Cado (Zahana) dans la banlieue d'Oran et située à 10 kilomètre d'El-Gaâda. Tout en s'adonnant à son travail, Ahmed Zabana intégra le club sportif de l'ASM Oran en équipe réserve. Au service de l'indépendance de l'Algérie En 1949, Ahmed Zabana (il était âgé, donc, de 23 ans) adhère au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) qui avait succédé au Parti du peuple algérien dissous par les autorité coloniales avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). Le dynamisme du jeune Ahmed Zabana ne tarda pas à attirer sur lui l'attention de la police française qui l'arrêta le 2 mars 1950. Il fut condamné par l'appareil juridique colonial à trois années de prison en plus d'une peine de trois autres années d'interdiction de séjour. • Après avoir purgé sa peine dans les geôles françaises, et aussitôt libéré, il reprit rapidement ses activités militantes avec autant d'ardeur malgré son jeune âge (27 ans) et bien plus que par le passé. Ainsi, il prit part aux préparatifs du déclenchement de la Guerre de libération nationale menée par le Front de libération national, aux côtés d'autres héros issus de tous les milieux sociaux. • Après la dissolution du Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action le 5 juillet 1954, Zabana fut désigné par Larbi Ben M'hidi en tant que responsable de la zone de St Lucien (Zahana) Banlieue d'Oran, chargé de préparer la Révolution avec tout le nécessaire en munitions et hommes. • En application des ordres reçus, Ahmed Zabana a tenu une réunion avec son groupe de combattants au cours de laquelle furent réparties les missions et définis les objectifs ainsi que le point de ralliement à djebel El-Gaâda: structuration et entraînement des groupes, choix des éléments adéquats aptes au commandement des hommes et inspection des positions stratégiques en vue de choisir les endroits susceptibles de constituer des bases pour la Révolution. Ahmed Zabana réussit ainsi à constituer des groupes à St Lucien (Zahana), à Oran, à Aïn Témouchent, Hammam Bouhadjar, notamment. Il chargea ces groupes de collecter les cotisations pour l'acquisition des armes et de munitions. Avec Abdelmalek Ramdane, il dirigea les opérations d'entraînement militaire ainsi que les techniques pour tendre des embuscades, lancer des incursions et fabriquer des bombes. • Au cours de la réunion présidée par Larbi Ben M'hidi la veille du déclenchement de la Révolution, les objectifs à attaquer furent définis avec précision. • Dans la nuit du 1er novembre 1954, Ahmed Zabana organisa avec un groupe de moudjahidine pour attaquer le poste des garde-forestiers d'Oran. Un bel exemple de patriotisme • Le 8 novembre 1954 au cours de la bataille de Ghar Boudjelida à El-Gaâda dans laquelle Ahmed Zabana fut capturé par les militaires français après avoir été atteint de deux balles, il fut prisonnier et conduit à l'école communale du village en attendant son acheminement vers l'hôpital. Un enseignant pied noir montra, alors, le blessé ainsi que ses compagnons déposés par terre, en disant à ses élèves : «Voilà ce qui vous arrivera si vous suivez les rebelles.» Ensuite, Ahmed Zabana fut incarcéré à la prison d'Oran du 3 mai 1955 au 19 juin 1956, puis il fut transféré vers la prison Barberousse (Serkadji, à Alger) pour y être guillotiné. L'opération fut inhumaine : la première fois, la guillotine s'était arrêtée sans toucher le cou du condamné. Normalement, la loi prévoyait l'arrêt de l'opération, mais s'agissant d'un «indigène» et de surcroît un révolutionnaire, le bourreau tenta son ?uvre macabre une seconde fois sans succès, et c'est à la troisième qu'il décapita le valeureux martyr. • Ahmed Zabana fut, ainsi, le premier moudjahid condamné depuis le déclenchement de la Guerre de libération nationale à monter sur l'échafaud pour être guillotiné. Son sacrifice suprême pour la patrie restera éternel et son exemple restera gravé en lettres d'or dans la mémoire des braves et des héros.