Les activités révolutionnaires de H'mida Zabana, l'enfant de M'dina J'dida et Oran, ont commencé bien avant le déclenchement de la lutte armée en novembre 1954. Etant employé à la cimenterie de Zahana, il a pu, au fil des années, collecter une bonne quantité de poudre noire qu'il faisait sortir régulièrement de l'unité quand la surveillance se faisait moins attentive. Ahmed Zabana savait qu'un jour viendrait où cette poudre noire servirait pour les besoins de la cause nationale. C'est l'un des nombreux témoignages apportés par les compagnons d'armes du chahid de toute une région qui a été le premier condamné à mort et guillotiné après son arrestation par l'armée coloniale, en date du 8 novembre 1954. L'histoire retiendra que durant la bataille de Ghar Boudjlida à El Gaâda en date du 8 novembre 1954, au cours de laquelle Ahmed Zabana a été capturé par les troupes françaises, et ce, après avoir été atteint de deux balles. Il est alors fait prisonnier puis conduit, d'abord à l'école communale d'El Gaâda, en attendant d'être acheminé vers l'hôpital. L'instituteur Casé, un pied noir, montre à ses élèves, le blessé et ses compagnons, déposés devant la porte du garage de l'école, fondée en 1905, en leur disant: "Voilà ce qui vous arrive, si vous suivez les rebelles." Ensuite, Ahmed Zabana a été incarcéré à la prison d'Oran, le 3 mai 1955. Le 19 juin 1956, il est transféré vers la prison Barberousse, Serkadji actuellement, pour y être guillotiné. L'opération a vraiment été inhumaine et ce fut la première fois où la guillotine s'était arrêtée, sans toucher le cou du condamné. Normalement, la loi prévoit l'arrêt de l'opération, mais comme il s'agissait d'un indigène et de surcroît rebelle, le bourreau essaie une seconde fois sans succès et c'est à la troisième que le martyr est décapité. Jugé sommairement et condamné à mort, il est le premier à être condamné depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale et à monter sur l'échafaud, dans l'enceinte de la prison de Barberousse, sur les hauteurs d'Alger. Son exécution ainsi que celle de Ferradj avaient été réclamées à cor et cri par les milieux colonialistes dits "ultra" qui en ont fait un motif de satisfaction. L'événement provoque cependant dans l'opinion algérienne un mouvement de colère, si puissant qu'il ne tarde pas à se traduire par une série d'actions anticolonialistes. C'est ce climat d'effervescence qui prépare la bataille d'Alger. La guillotine avec laquelle a été exécuté Ahmed Zabana se trouve au musée central de l'armée et la journée du 19 juin restera une date commémorative pour les enfants de l'Algérie, tombés sur le champ d'honneur par les mains assassines de l'armée coloniale française. Comme chaque année et à cette même date, le devoir de mémoire est observé, et aujourd'hui samedi, sont organisées à Oran et pour une première fois à Alger, des festivités rendant un symbolique hommage à Ahmed Zabana, l'enfant terrible de tout un peuple. Ainsi, comme le précisera le secrétaire de wilaya de l'organisation nationale des Moudjahidine, Abdelkader N'soumeur, «la cérémonie sera lancée dès 8 heures, ce samedi 19 juin, à partir de la place des Martyrs, à M'dina J'dida et les autorités locales comme la société civile prendront part à cette fête hommage. Des copies de la dernière et très émouvante lettre, adressée la veille de son exécution à partir de sa cellule de la prison d'Oran, par H'mida Zabana à sa mère, seront distribuées aux Oranais, une manière de faire connaître aux jeunes générations, les actes de bravoure perpétrés par des hommes et des femmes, ayant sacrifié leur vie pour la Patrie.