S'étirant sur plusieurs centaines de mètres, cette portion du littoral au sable fin et rougeoyant accueille, chaque été, des milliers de candidats à la trempette dans une eau claire et non polluée, fait rare qui méritait bien d'être signalé. La silhouette toute proche du grand phare, «Ras El-Afia» selon l'appellation locale, lui confère un panorama des plus envoûtants, particulièrement au coucher du soleil. Des dizaines de photographes, amateurs ou professionnels, y installent volontiers leurs trépieds pour immortaliser ce décor édénique. De nombreuses toiles et autres photos-posters vantent d'ailleurs le charme de cette plage sur laquelle veille le phare, une œuvre bâtie aux alentours de 1865 par un tailleur de pierres du nom de Charles Salva. L'immeuble blanc, dans une attitude hiératique, flanqué d'une lanterne rouge, fait assurément partie des merveilles de la corniche jijelienne. Jusqu'à fin juin dernier, cette plage a fait régulièrement le plein d'estivants. Le nombre de véhicules alignés le long de la route nationale Jijel-Béjaïa renseigne sur l'intérêt croissant porté à cette plage sécurisée. L'on y accède par un sentier flanqué de maisons de part et d'autre, où l'air marin iodé berce les lieux à longueur d'année. Des postes de la protection civile et de la Gendarmerie nationale y sont aménagés pour la quiétude des milliers vacanciers ayant choisi la côte du Saphir. L'ambiance colorée est accentuée par la présence en force de bambins armés de bouées, de seaux et d'épuisettes pour s'initier à la pêche en ramassant moules, oursins et coquillages. Une multitude de parasols et de chaises, installés à deux pas du ressac de la mer, complètent le panorama, clairsemé de rochers à fleur d'eau, aux formes étranges, façonnées par le mouvement parfois impétueux des flots. A un jet de pierre du grand phare, se trouve «La crique», une plage également très prisée. Elle présente, elle aussi, un décor à couper le souffle inspirant des comparaisons faciles, du genre «on se croirait à Haiwai», comme s'est extasié un visiteur à la vue de cette anse de pure beauté, ceinte de rochers servant de plongeoirs pour de jeunes nageurs par trop téméraires. Ce coin paradisiaque qui se découvre au détour d'un virage ne désemplit pas malgré son exiguïté qui fait qu'ici on se dispute chaque centimètre d'espace. Le principe du «premier arrivé, premier servi» est de rigueur et tant pis pour les retardataires. Transhumance pour un rendez-vous renouvelé avec la mer Jijel est redevenue une destination touristique très fréquentée durant l'été. Elle a accueilli, lors de la précédente saison estivale, au moins huit (8) millions de vacanciers. Une vraie transhumance sociale pour un rendez vous convivial avec la mer et le soleil, après un «boycott» de plusieurs années. La hausse des tarifs de location chez l'habitant (appartements, étages de villas..) en ville et aux alentours immédiats peut être le meilleur baromètre de la force de séduction de cette région. On fait état du doublement de ces prix, portés, estime-t-on, par la forte concentration des estivants sur un seul mois (juillet), le mois d'août étant réservé cette année aux exigences du mois sacré de Ramadhan. Du soleil plein les yeux, des températures estivales idéales, sécurité assurée : tous les ingrédients sont réunis pour passer de bons moments sur les plages de la corniche jijelienne, dont la nature généreuse et accueillante est parachevée cette année par le bon état des routes qui la desservent. De leur côté, les services de sécurité concernés (Gendarmerie et sûreté nationales) et ceux de la Protection civile ont déployé les grands moyens humains et matériels pour la surveillance des plages et des routes contre les accidents mortels qui guettent les vacanciers. Pour que le «Grand phare» ne soit qu'un grand phareàniente.