La NR : être président du Comité olympique algérien n'est certes pas de tout repos. Un mot sur cette fonction honorable ? Rachid Hanifi : la mission de président du Comité olympique est à la fois noble et délicate, car elle dicte de promouvoir et de protéger les valeurs olympiques qui font du sport un facteur de rassemblement, de communion et de tolérance. La place prise par le chauvinisme nationaliste et surtout par l'argent dans le sport a hélas, souvent provoqué des déviations au plan de l'éthique et de la morale sportive qui représentent les fondements de l'olympisme. Nous allons commencer par une question, rassurez-vous, qui n'a aucun lien avec le bilan d'activité puisque faut-il le rappeler, cela fait une année depuis que vous êtes à la tête du COA. Mais notre question intéresse beaucoup plus la place qu'occupe le sport dans notre société. Comment se développe-t-il ? Le sport est un facteur de mobilisation sociale inégalable. Je n'en veux pour preuve que l'enthousiasme suscité par la qualification de notre Equipe nationale de football au Mondial et la référence nationaliste retrouvée. Il devrait à ce titre, bénéficier de plus d'intérêt à tous les niveaux, particulièrement au niveau des collectivités locales et de l'école. Les pouvoirs publics ont pris conscience de l'importance du sport dans la société et ont mobilisé de gros moyens financiers pour sa redynamisation. Il est à souhaiter que ces moyens soient rationnellement utilisés, afin de permettre le développement du sport dans son ensemble, notamment à travers les écoles spécialisées et le sport scolaire. Est-ce que le COA compte faire de l'animation sportive dans le Sud du pays et par la même occasion prospecter pourquoi pas les futurs champions d'Algérie dans les différentes disciplines ? Le programme, si programme il y a, se présente comment ? Au mois de décembre prochain, le COA organisera une semaine olympique dans la wilaya d'El Oued. Plusieurs activités sont programmées : des manifestations sportives pluridisciplinaires, avec un intérêt particulier aux activités traditionnelles. Ces manifestations permettront de détecter les potentialités locales et de promouvoir les sports traditionnels. Des activités à caractère culturel sont également prévues de même qu'un symposium scientifique qui abordera l'ensemble des domaines scientifiques liés au sport. Incontestablement l'activité sportive chez nous a connu un bond significatif. Alors dites-nous que reste-t-il à faire pour que notre pays conforte sa place au niveau du continent africain ? Et quel est le niveau des échanges avec les pays du Maghreb et de l'Afrique ? Il est vrai qu'un saut qualitatif a touché quelques disciplines sportives, cependant notre pays recèle des potentialités d'entrevoir de meilleurs résultats. La décennie tragique qu'a connue l'Algérie a été un véritable frein au développement sportif, car les résultats des années 1980 et le début des années 1990 laissaient espérer une place privilégiée au niveau continental et même mondial. Les performances aux deux dernières éditions des jeux Olympiques d'été par exemple étaient loin de refléter nos légitimes espérances. Une politique de reconstruction du mouvement sportif national est engagé. J'espère qu'elle commencera à donner ses fruits dès les prochains jeux Olympiques de Londres 2012. Pour ce qui concerne les échanges avec les pays africains en général et maghrébins en particulier, force est de constater avec regret qu'il y a eu un recul manifeste par rapport aux premières décennies post-indépendance, cependant nous espérons que ces manifestations reviennent avec force dans l'intérêt du mouvement sportif en général donc de la jeunesse. Le Maroc vient d'organiser ces premiers jeux Olympiques. Etiez-vous allé ? Quelles sont vos impressions ? L'Algérie envisage-t-elle de les organiser un jour ? C'est plus exactement l'ACNOA qui a organisé les premiers jeux Africains de la jeunesse (JAJ) au Maroc. Ces jeux auxquels l'Algérie a participé, se voulaient une étape préparatoire aux prochains jeux Olympiques de jeunesse de Singapour. Si cette tradition des JAJ est maintenue, notre pays aura probablement son tour d'organisation et il en a les moyens et l'expérience nécessaire. Les 13es championnats du monde junior d'athlétisme viennent de se clôturer ce 25 juillet à Moncton au Canada, 169 pays avaient pris part à ce plus important événement sportif de l'histoire des provinces de l'Atlantique. Nous remarquons avec regret que depuis 1986 où se sont tenus les premiers championnats, pas un pays africain ne s'est proposé pour les organiser. Qu'est-ce qui pourrait, selon vous, bloquer ? L'athlétisme est une discipline majeure qui suscite beaucoup de convoitises. Le niveau atteint par l'athlétisme mondial exige des moyens colossaux, au plan matériel et humain pour l'organisation de manifestations planétaires. Dans ce domaine, il faut être réaliste, les pays africains ne peuvent pas vraiment rivaliser avec l'Europe et les Etats d'Amérique. les prochain jeux Olympiques de la Jeunesse auront lieu du 14 au 26 août au Singapour, l'Algérie y sera représentée. Qu'attendez-vous de notre participation ? Les premiers jeux Olympiques de la Jeunesse ont pour but de réaffirmer le lien entre le sport, l'éducation et la culture conformément à la charte olympique. Le résultat sportif en lui-même n'est pas une exigence. Nos athlètes auront l'opportunité de replonger dans les fondements originels de l'olympisme. Le volet sportif ne sera évidemment pas négligé et les derniers résultats obtenus aux JAJ de Rabat nous laissent espérer une participation honorable de nos jeunes représentants. Une question relative aux 3es journées du marketing sportif qui auront lieu en décembre prochain à Alger, à l'initiative de la société Algérienne RH. International Communication : vous serez très certainement associé pour la réussite de cet événement, quel regard portez-vous sur ce rendez-vous en votre qualité de président du COA ? Le COA sera effectivement associé à ces journées et nous en sommes particulièrement honorés. L'économie de marché et la professionnalisation du sport qui tendent à s'imposer dans le monde font de la communication et du marketing, des outils indispensables pour la performance. L'organisation de ces journées est incontestablement une initiative intéressante pour le mouvement sportif national, elle permettra un échange de connaissances et d'expérience qui ouvrira des perspectives de développement qualitatif des méthodes de gestion dans le monde du sport. Une dernière question : quel est le programme du COA pour l'année en cours et à venir sur les plans national et international ? Le programme du COA s'articule autour de plusieurs axes. Au niveau international, ce sont les jeux Olympiques (de la jeunesse d'hiver et d'été) qui représentent l'objectif principal. Le COA œuvre avec les fédérations et le ministère de la Jeunesse et des Sports pour réunir les conditions optimales de préparation des athlètes engagés. Au niveau national, le COA s'attelle à redonner au sport son rôle d'éducation, de canalisation saine de la jeunesse et du renforcement du capital santé. A ce titre, l'ensemble des secteurs concernés sera sollicité pour participer à la promotion de l'activité sportive. Au plan structurel et afin de donner au COA les moyens d'appliquer son programme à l'échelle du territoire national, un projet de démembrement est à l'étude pour la création de comités olympiques régionaux.