Mis à part le verdict concernant les 33 accusés des émeutes de Sidi Salem prévu pour être prononcé demain, soit le même jour que le jugement en appel du président de l'APC d'El-Bouni convaincu de corruption et condamné dernièrement à 6 ans de prison ferme, la cour de justice d'Annaba se prépare à d'autres grands dossiers. Des sources proches du parquet indiquent que le nouveau président a instruit ses proches collaborateurs à l'effet de conclure rapidement l'instruction et l'enrôlement des affaires avant la fin de l'année 2010. Il s'agirait particulièrement de celle ayant trait aux détournements et dilapidation des deniers publics et de corruption. Ainsi après de longs mois d'hésitation et de tâtonnement dans la gestion des dossiers de justiciables, l'heure est à l'accélération des procédures et à l'établissement des arrêts de renvoi. Ce mois de Ramadhan qui coïncide avec le retour de congé de la majorité des magistrats sera très chargé pour les chambres d'accusation des tribunaux correctionnels et la cour criminelle. Ces institutions sont placées sous la juridiction territoriale de la cour d'Annaba qui rayonne également sur la wilaya d'El-Tarf. L'installation du nouveau président de la cour a engendré quelques remaniements au niveau des compétences avec pour objectif la liquidation de la plupart des dossiers en instance. Celle de la Coopérative agricole régionale des services et cultures des coopératives industrielles (CARSCI) Lalaymia figure en pole position. A l'issu d'une enquête judiciaire entamée par la Gendarmerie nationale, le président et le directeur sont écroués sous mandat de dépôt depuis le début de l'année 2009. Autant que d'autres membres du conseil de gérance placés sous contrôle judiciaire, ils sont accusés de dilapidation et de détournement des biens de l'état, faux et usage de faux. La Carsci Lalymia Annaba-El-Tarf est la plus importante coopérative agricole du pays. Héritée de la période coloniale, elle comptabilisait un immense patrimoine mobilier, immobilier et foncier riche de dizaines de fermes, de milliers d'hectares de terre arable, de résidences secondaires (châteaux) en centre urbain et dans les campagnes ainsi que des unités de transformation des produits agricoles (tomate – olive- coton- tabac) et d'élevage (bovin-ovin-avicole). Il n'en reste presque plus rien. S'ils ne sont pas livrés à l'abandon, les milliers d'hectares profitent à des pontes locaux sans aucune contre partie. Les résidences secondaires ont été transformées en propriétés privées par d'autres pontes qui ont réussi, on ne sait par quel miracle, à disposer de décision de désistement. Leurs équipements, matériels agricoles et parc roulant cédés en catimini, les unités de transformation, d'entretien et de maintenance sont à l'état de ferraille. Seule la conserverie de Bouteldja est toujours en exploitation car louée, pour un montant/an dérisoire, à un Turc. Qualifiée de plus important dépôt de tabac du pays, la Tabacoop d'Annaba a tout perdu sa huilerie, cotonnerie, conserverie, son élevage et produits avicoles, ses hangars immenses et ses ateliers d'entretien et de maintenance, menuiserie, parc auto. Il ne reste plus que les murs en pierre de taille de ses hangars immenses qui, à des prix de location bradés, font le bonheur de personnes sans relation aucune avec les activités agricoles. La plainte déposée par la wilaya d'Annaba a rapidement abouti à l'ouverture d'une enquête judiciaire. Les conclusions sont accablantes. Les enquêteurs ont confirmé le bien fondé des suspicions des services des domaines de la wilaya quant à la dilapidation de ce bien public. Le préjudice est estimé à plusieurs dizaines de milliards de DA. Les éléments de l'enquête préliminaire ont mis au jour des pratiques de gestion archaïques, une comptabilité très floue et des passes droits à l'origine de la cession bradée du patrimoine mobilier et immobilier et de la disparition de plus de 50 000 postes de travail saisonniers et occasionnels. Ce volumineux dossier de la CARSCI Annaba est de nouveau sous la loupe du juge d'instruction près le tribunal correctionnel de Annaba. Ce dernier devrait achever au plus tard le début du mois de septembre 2010 ses investigations et auditions de ce qui reste de la cinquantaine de personnes. Principalement des responsables de la coopérative et des bénéficiaires de divers avantages, elles sont citées pour leur implication de prés ou de loin dans cette affaire.