Réalisée après l'annonce, vendredi dernier, d'un nombre de destructions d'emplois supérieur aux créations de postes en juillet aux Etats-Unis, cette enquête reste étonnamment optimiste. Même si les pays émergents, comme l'Inde ou la Chine, anticipent un ralentissement de leurs économies, la plupart des analystes et des investisseurs restent confiants quant à la solidité de leur croissance et leur capacité à amortir les difficultés rencontrées par les Etats-Unis. A cela, s'ajoute également un certain soulagement à l'égard de la situation de la dette souveraine de la zone euro, un temps menacée par la situation budgétaire de la Grèce. Cette crise semble ne pas avoir été aussi sévère que certains le redoutaient et ce d'autant moins que d'autres pays périphériques de la zone euro n'ont pas reproduit le scénario grec. Selon l'enquête Reuters, les chances d'une récession en «W» aux Etats-Unis restent au même niveau qu'au mois dernier, à 15 %, et ce, bien que deux tiers des analystes aient abaissé leur prévision de croissance pour la première économie mondiale pour le second semestre de cette année. L'emploi au cœur des préoccupations Pour 2010, la prévision moyenne de la croissance américaine a ainsi été réduite à 2,9 %, contre 3 % auparavant. En 2011, le produit intérieur brut (PIB) américain devrait croître de 2,7 %, alors que le marché anticipait précédemment 2,8 %. «Le risque d'une récession en 'W' est réel mais finalement l'issue la plus probable est que l'on réussira à l'éviter», assure Jan Hatzius, chef économiste chez Goldman Sachs. S'agissant de la zone euro, le risque d'une rechute en récession s'amoindrit, mais le rythme de la reprise devrait être très faible. Les économistes anticipent ainsi un ralentissement de la croissance à 0,4 % à partir du troisième trimestre et jusqu'à la fin 2011, du fait des disparités existant entre les 16 membres de la zone euro et de mesures d'austérité budgétaire qui commenceront à produire leurs effets. La probabilité médiane d'une récession en Grande-Bretagne est stable quoique plus élevée, à 20%, en raison de la sévérité de la cure d'austérité entamée par le pays. L'économie japonaise devrait elle aussi connaître un certain essoufflement en affichant un rythme de croissance faible l'an prochain. Les perspectives d'un relèvement rapide des taux d'intérêt sont peu élevées. La Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d'Angleterre (BoE) et la Banque du Japon (BoJ) devraient ainsi maintenir leurs taux jusqu'à l'année prochaine. L'inflation devrait rester modérée dans la zone euro et aux Etats-Unis et inciter leurs autorités monétaires à maintenir le niveau exceptionnellement bas de leurs taux d'intérêts, alors que la déflation devrait se poursuivre au Japon. Seule exception en la matière, le Royaume-Uni, où l'inflation se situe bien au-dessus de l'objectif de 2 % de la BoE et ne devrait pas repasser sous ce niveau avant longtemps. Mais la principale préoccupation de ces économies porte sur le maintien à un niveau élevé du taux de chômage et la bataille pour l'emploi apparaît comme le défi économique majeur des mois à venir.