, Le procès des dix non-jeûneurs qui s'est ouvert, lundi 6 septembre à 9h30, au tribunal d'Akbou, a été reporté au 8 novembre prochain pour «étude et approfondissement du dossier». La mobilisation citoyenne dans cette région a, une fois de plus, arraché une première victoire contre ceux qui veulent semer le trouble dans cette localité. L'islam de la tolérance s'est transformé en religion de violence en Algérie. «Nulle contrainte en religion», un verset coranique qui signifie que personne n'est obligé d'adopter telle ou telle religion, contrairement à ce que nous avons constaté depuis quelque temps en Algérie, un pays libre et indépendant dont les décideurs se donnent le droit de fouiner dans la vie privée des personnes. Pis encore, ils se permettent de mener de véritables campagnes d'inquisition contre les individus qui n'observent pas strictement les préceptes islamiques en l'occurrence ceux du Ramadhan. C'est ce qui s'est passé, d'ailleurs, dans la localité d'Ighzer Amokrane dans la wilaya de Béjaïa où une dizaine de personnes dont un restaurateur ont été arrêtées par les services de police en flagrant délit de «non observation du Ramadhan». Cette inquisition est la deuxième du genre, en un mois, après celle exécutée sur les deux citoyens originaires de la ville de Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. Pour justifier ces inquisitions, les services de sécurité s'appuient sur un article controversé introduit dans le corpus juridique à la faveur de l'amendement cité plus haut. Il s'agit en l'occurrence de ce fameux article 144 bis 2 qui, même s'il ne condamne pas expressément les non jeûneurs, permet aux juges zélés de sévir. Le procès est donc reporté à la date du 8 novembre prochain et le propriétaire du restaurant d'Ouzellaguen, où ont été interpellés les prévenus a été remis en liberté provisoire. Il avait été, rappelle-t-on, placé sous mandat de dépôt après son interpellation. Au moment du procès qui s'est ouvert au tribunal d'Akbou à l'initiative de la Ligue pour la défense des droits de l'homme de Béjaïa, un rassemblement populaire de soutien aux accusés avait été organisé devant le tribunal. «L'inquisition est aberrante» selon la LADDH La LADDH bureau de Béjaïa et la section d'Akbou relève «la voie de fait et l'abus d'autorité des services de police qui se sont autorisés à investir un lieu fermé et à procéder à l'arrestation de citoyens sans aucun mandat ni réquisition de l'Intérieur». Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, la Ligue algérienne des droits de l'homme de la wilaya de Béjaïa souligne «le caractère aberrant de la qualification tirée, de l'article 144bis-2 du code pénal inconsidérément appliqué à des faits non constitutifs d'infraction légale sauf à user du droit pénal comme procédé par dénaturation». «La LADDH attire l'attention de l'élite algérienne et de l'opinion publique en général que notre Constitution contient trente articles consacrés à la protection des droits de l'homme, autant que la Déclaration universelle du 10 décembre 1948 et qu'en l'occurrence elle consacre la défense de la liberté du culte et de la foi, qu'en conséquence il est légitime de s'alarmer aujourd'hui plus que jamais des dérives qui annoncent une ère d'inquisition et d'intolérance portées par un retour d'un islam de la décadence qui inflige à nos sociétés blocage et régression historiques» poursuit le communiqué. Dans le même sens, des ONG internationales ont exprimé, auparavant leur entière solidarité contre l'inquisition non jeûneurs de la ville de Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. Tous ces mouvements et ces organisations rappellent à l'Algérie qu'elle a ratifié les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme et notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. D'autre part, les signataires de cet appel ont demandé aux autorités judiciaires algériennes le respect des libertés fondamentales.