«Je travaille comme agent de sécurité dans une société de gardiennage. Je perçois environ 16 000 DA par mois. Comment je pourrais subvenir aux besoins de mes cinq enfants en matière de fournitures scolaires alors que j'ai du mal à boucler mes fins de mois. Mes enfants ont décidé de me confier l'argent qu'ils ont récolté à l'occasion de l'Aïd pour pouvoir leur acheter les articles scolaires !», nous dira ce papa avec un regard de désolation. Après les dépenses du Ramadhan et de l'Aïd El-Fitr, voilà qu'une fois de plus les ménages modestes sont confrontés à celles liées à la rentrée scolaire et l'achat des fournitures nécessaires aux études. Afin de partager la «souffrance» des parents d'élèves, comme l'a si bien dit un vendeur ambulant d'articles scolaires, le journal La NR est allé à leur rencontre au marché de Belouizdad, plus connu sous le nom de marché T'nache, où des vendeurs ambulants ont saisi l'occasion de la rentrée scolaire pour se faire un peu d'argent en proposant aux parents des articles scolaires à des prix légèrement plus bas que ceux de magasins. Sur la rue principale, des dizaines de tables surchargées d'articles scolaires pour tous les goûts sont proposées aux «malheureux» pères de famille. Ayant en main les listes d'articles scolaires distribués à leurs enfants en classe, les parents d'élèves prennent le soin de demander aux marchands les prix des articles proposés. Ils font le compte des dépenses et, avec une grimace de désolation, prennent leur courage à deux mains et sortent leurs portefeuilles. Une jeune mère de famille, venue approvisionner les cartables de ses deux enfants (classe de troisième année primaire et deuxième année secondaire), nous a confié qu'«avant d'acheter le moindre cahier, j'ai fait le tour du marché pour repérer celui qui vend le moins cher. Mais, apparemment, ils se sont donné le mot d'ordre. Ils ont aligné leurs prix. En plus, face à l'affluence des parents, ils ont augmenté les prix qui n'ont rien à envier à ceux des magasins», nous a-t-elle confié. Le papa de trois écoliers soupire : «Je ne sais plus à quel saint le vouer !» Au cours de notre tournée, nous avons remarqué que ce marché, en cette période très juteuse, semble pas être régi par la loi. Aucun contrôle de la part des services du ministère du Commerce. Etant donné que les prix des articles scolaires échappent totalement au contrôle de l'Etat, les parents d'élèves se trouvent être sous le dictat des fournisseurs, des grossistes et bien sûr des revendeurs. Au sujet de la cherté des produits exposés, le père de trois écoliers, deux jumeaux inscrits en première année primaire et une fille inscrite en première année secondaire, nous a livrés ce témoignage poignant : «Je vous le dis franchement, avant le début du mois de Ramadhan, je me suis entendu avec ma femme pour que le budget de ce mois sacré soit réservé aux achats de la rentrée scolaire. J'ai accepté de résister à la tentation du jeûneur rien que pour voir le sourire de mes enfants à la rentrée des classes. Je ne peux rien refuser à mes enfants. Je ne supporterai jamais qu'ils aient la sensation, devant leurs camarades de classe, d'être issus d'une famille modeste. Mes enfants sont à mes yeux la chose la plus chère en ce monde. Je n'ai plus personne. J'étais le fils unique et mes parents sont morts», nous a-t-il dit. Un autre papa de cinq enfants n'a pas caché sa colère face à cette situation. «Vraiment, je me demande qu'elles sont les raisons de cet acharnement de la part des fournisseurs ? Les prix des articles proposés à la vente ont pratiquement doublé en l'espace d'une année. Je travaille comme un agent de sécurité dans une société de gardiennage. Je perçois environ 16 000 DA par mois. Comment je pourrai subvenir aux besoins de mes cinq enfants en matière de fourniture scolaire alors que j'ai du mal à boucler mes fins de mois ? Les articles scolaires de mon plus jeune enfant, inscrit en première année, m'ont coûté plus de 700 DA, sans compter le cartable (600 DA), la blouse (800DA) et les livres de classe (560 DA). Faites le total, cela m'a coûté environ 2 600 DA. Le plus grand qui est en troisième année secondaire m'a coûté plus de 4 000 DA. Je sais plus quoi faire. Mes enfants ont décidé de me confier l'argent qu'ils ont récolté à l'occasion de l'Aïd pour m'aider à leur acheter des articles scolaires». Il est temps que les pouvoirs publics prennent en considération le calvaire des parents en cette période de l'année. Il est urgent de sévir contre les spéculateurs qui veulent, à tout prix, s'enrichir sur le dos des... élèves.