Le ministre a souligné que des actions ont été déjà engagées pour récupérer des entreprises cédées dans le cadre de la privatisation. Le ministre de Finances, Karim Djoudi, n'a pas écarté hier la reprise des actifs d'entreprises privatisées détenus notamment par des étrangers. «Si le repreneur n'a pas respecté ses engagements avec l'Etat en matière de croissance, d'investissement et de création d'emploi, l'Etat sera amené à récupérer ses actifs», a-t-il expliqué lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III, dans le cadre de l'émission «invité de la rédaction». Sans citer les entreprises concernées, le ministre a ajouté que des actions ont été déjà engagées pour récupérer des entreprises cédées dans le cadre de la privatisation. La loi de finances complémentaire 2010 a prévu un texte réglementaire définissant les règles de récupération de sociétés publiques cédées à des opérateurs privés nationaux et étrangers. Il serait question selon des sources bien informées de la reprise des entreprises nouvelles créées mais ayant bénéficié d'avantages et de faveurs de l'Etat, à l'instar des cimenteries de Lafarge, auxquels l'Etat avait contribué en cédant à l'ex-propriétaire, Orascom Construction, des avantages spécifiques. Dans sa réponse à cette question, le ministre a été formel, en avouant que les autorités publiques comptent se saisir de ce dossier et de reprendre des biens très mal gérés par les nouveaux actionnaires, à l'exemple de la société des gaz industriels achetée par l'allemand Linde et le complexe El Hadjar, dont l'actionnaire majoritaire est la multinationale ArcelorMittal. Les travailleurs de ces deux complexes attendent avec impatience l'intervention de l'Etat étant donné les défaillances de gestion et le non respect des clauses de privatisation. Le management des IDE Karim Djoudi a été également rassurant quant à la politique de réforme entreprise dans les différents domaines économiques. S'agissant de la pénétration des IDE et du climat des affaires, il n'est pas aussi pessimiste que les notes de conjoncture établies par les organisations d'évaluation et d'assurance, telle que la Coface. «Il faut juste s'expliquer et communiquer sur les mesures prises», affirme-t-il, précisant qu'il s'agissait plutôt de compréhension. Les économistes les plus avertis affirment dans ce contexte que les arguments de détérioration du climat d'affaires sont des faux-fuyants, car l'Algérie avait reçu de grandes enseignes et multinationales durant la période la plus chaude du terrorisme, dont on peut citer, entre autres, Coca Cola, Pepsi, Peugeot, Renault, Chevrolet, les producteurs de médicaments, le groupe de bière Castal… Les investissement directs étrangers (IDE) n'ont pas baissé, a tenu à relever le ministre des Finances, en argumentant son propos par l'augmentation de capital des banques et des assurances qui s'est opérée en partie par importation de devises. Le capital minimum d'une banque de la place a été ramené de 2 à 10 milliards de dinars, alors que les assurances devraient disposer d'un seuil minimum de 2 milliards de dinars. Karim Djoudi s'est exprimé également sur la mesure de 51% et 49% appliquée à toute entreprise étrangère nouvellement créée. Il a confié que la seule contrainte imposée était celle du management de l'entreprise. Les autorités ont permis le partage des 51% sur deux voire plus pour les investisseurs nationaux, laissant le choix à l'opérateur étranger d'être majoritaire et acceptent que le management et la gestion soient pilotés par l'investisseur étranger. Des solutions incontestablement adaptées, estime le grand argentier du pays. Selon le bilan présenté par l'invité de la rédaction, sur les 102 projets d'investissements inscrits en 2008, ce nombre a baissé à seulement 4 en 2009. L'impact de la crise financière mondiale sur l'IDE est à prendre en compte dans cette baisse enregistrée, signale le ministre, soutenant que des sociétés ont dû se replier sur leur pays d'origine pour éviter la faillite, à l'instar des investisseurs des Emirats Arabes Unis qui ont retiré pour cause de trésorerie leurs sociétés du marché algérien. Interrogé sur les mesures de la LFC 2010 entre autres, le maintien du crédit documentaire et la suppression de la TAP pour les industriels pharmaceutiques, le ministre maintient sa position sur le crédit documentaire en avouant que ce mode de paiement est universel et permet la transparence et la traçabilité des opérations de commerce extérieur. Quant à la suppression de la TAP, l'Etat veut encourager ce domaine «stratégique» en rapport avec la santé du citoyen et dont la facture d'importation reste encore élevée. Le ministre s'est exprimé sur l'affaire de la reprise de Djezzy, en affirmant que «les choses sont engagées», sans fournir plus de précisions.