Vingt-deux ans d'attente, de lutte dans le deuil, la tristesse et l'engagement ferme en vue d'un statut. Une douleur constante pour des blessures qui ne se referment pas tant que rien n'arrive. Autant pour des parents de martyrs que pour des victimes porteurs de stigmates et de handicap, la concertation est totale. On se souvient encore de Keloufi, Bouaoudia, Deba, Tewassine, Ouari. Cinq en fait. Comme ce jour fatidique qui les a ravis à la fleur de l'âge alors qu'ils croquaient la jeunesse à pleins dents. Une jeunesse fougueuse en quête de considération, de travail, de liberté et de démocratie, autant de valeurs dont ils étaient avides, et qui en téméraires farouches payèrent au prix… de leur sang. L'Association des victimes d'octobre (AVO 88), née à l'issue des événements, lutte depuis, inlassablement, cela dure 22 ans, le temps d'une autre jeunesse. Le statut attendu n'est pas encore consacré. Une stèle a été érigée à Aâmriw, témoignant cette date qui revient un jour l'an, et qui refuse pourtant l'accès au panthéon de l'histoire. L'AVO y milite encore pour ce statut et contre l'oubli et organise une halte commémorative mardi prochain avec dépôt de gerbe et jet de fleur et une conférence sur les événements qui ont secoué l'Algérie et la liberté d'expression.