C'est cela le journalisme aussi, aller vers des amis et chercher à comprendre ce qu'ils attendent de cette nouvelle version. «Beaucoup de bonnes choses», me disait un vieil ami d'enfance pour commenter ensuite «tu sais, dans la vie du football, chaque club détient ses secrets. Des secrets que personne ne connaît mais qui apparaissent souvent très vite sur le terrain. Par exemple me disait-il : «Chaque rencontre est synonyme d'argent qui renfloue les caisses. On ne cherche pas à comprendre ce qu'ils font de cet argent, ce n'est pas mon problème mais à la limite, on pourrait bien réfléchir à un geste qui accompagnerait le ticket d'entrée pour lutter contre la violence : un porte-clé ou un autocollant pour son véhicule par exemple. Enormément d'idées peuvent être concrétisées…» Mais dans cette discussion sympathique, j'ai relevé un passage extraordinaire que je vous livre : «Que vaut le football au cœur d'une violence ? (silence). Rien ? Absolument rien. Que vaut le spectacle avec sur le terrain des joueurs qui s'accrochent entre eux ou avec l'arbitre ? Rien, absolument rien. Que vaut le spectacle avec des agents de sécurité armés jusqu'aux dents ? Rien… N'est-ce pas juste ?» Un autre coincé entre ces pages du journal réagira presque de la même manière. «Ce championnat me fait peur dans le sens où elle n'existe pas cette volonté d'aller vers des compétitions transparentes, pleine de vie, de joie et d'amour du sport. Ecoutez j'ai remarqué que rien ne va plus entre la FAF et la JSK. C'est quoi ça ? La FAF, c'est à elle de pousser les clubs vers des résultats qui honoreront le pays et pas le contraire. Je suis très sincèrement déçu qu'une instance de football freine un club qui honore le pays. C'est dommage…» Un jeune qui a suivi de prés la discussion s'infiltre entre nous pour nous dire : «Ya kho, le football ghir draham. Ici, si tu réussis et tu es concurrent d'un club soutenu pas «X», tu auras des problèmes… La JSK, c'est comme notre équipe nationale, elle n'a pas de chance…» Un peu plus loin au cœur du marché des fruits et légumes, un marchand de volaille abandonne sa cliente pour nous dire que ce championnat est une excellente chose, pourvu que la sportivité l'emporte et que les supporters oublient que leur adversaire est aussi un club algérien… «J'évite les stades depuis une bagarre dans les gradins en 2008. J'ai failli laisser ma jambe. Depuis, c'est la télévision ou les journaux. Le professionnalisme, espérant qu'il apportera plus de gaieté», nous déclare t-il. La cliente très attentive à la discussion dira, «et nous les femmes, vous pensez qu'on n'aimeraient pas allez au stade ? Pensez-vous que ces responsables vont nous encourager à aller aux stades ? Il y aura une sécurité, un accueil des espaces pour les couples. je ne perd pas espoir, mais on a peur. Une amie à moi est allée avec son mari lors de la rencontre qui avait opposée notre équipe nationale au Gabon, c'était formidable. Personne ne l'a embêté mais dans les autres stades, j'ai peur…» «On va voir», murmure un client. Et d'ajouter, «on va attendre ce que va donner cette nouvelle version pourvu que les joueurs se respectent mutuellement sur le terrain et que la FAF cesse de provoquer certains clubs comme la JSK. Elle nous honore et on lui demande de payer un milliard ? Ce n'est pas normal, pas du tout. Ce n'est pas comment cela que l'on construit ou encourage une équipe qui réalise des performances. Et si elle avait raté sa sortie que serait il passé ? C'est aussi l'image du championnat professionnel. C'est avant tout le sport algérien.» Enfin, un cordonnier, une tasse de café à ses côtés, tente de redresser un clou mal parti et me dit : «Tu voies ce clou, c'est un peu comme notre football, il est tordu, je ne pense pas que ce professionnalisme changera quelque chose bien que je le souhaite du fond du cœur. Ce qui m'inquiète et me dégoûte à la fois, ce sont les gradins, la sauvagerie de certains supporters et j'ajouterai même de certains joueurs qui sont les chefs d'orchestre. Un mauvais geste face à l'arbitre et c'est l'ouverture des hostilités. Inch'Allah que cette saison sera un exemple de sportivité.» Le chauffeur de taxi qui me ramena à la maison de la presse me disait : «J'y crois en ce football algérien surtout avec le travail qu'a fait Saâdane qui a qualifié l'Algérie au Mondial. J'y crois aussi en Benchikha qui nous fera retrouver le sourire. Pour les clubs, c'est un peu difficile sauf si les dirigeants encadrent leurs supporters et leurs joueurs. A ce niveau, nous irons comme dans les années 1970 au stade avec nos familles pour suivre une belle rencontre de football.»