Les grands argentiers du G20 réunis à Washington ont réaffirmé que les principaux exportateurs de la planète, comme la Chine, devaient favoriser l'essor de leur consommation intérieure afin que les pays industrialisés endettés, à l'instar des Etats-Unis, puissent assainir leurs finances sans mettre en péril la croissance mondiale. Tous craignent de voir la baisse du dollar américain et l'appréciation d'autres devises conduire certains pays à s'engager dans une nouvelle phase de dévaluations compétitives dans le but de soutenir leurs exportateurs. Le billet vert a inscrit, vendredi, un nouveau plus bas de 15 ans face au yen après la publication des statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis, plus mauvaises qu'attendu, qui ont conforté le scénario d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine avant la fin de l'année. Au cours d'un dîner de travail entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7, vendredi soir, ces sept pays les plus riches de la planète ont convenus que les mouvements désordonnés et excessifs de taux de change n'étaient pas souhaitables. Flexibilité Ces dirigeants ont également jugé que les taux de change devaient refléter les fondamentaux économiques et que, dans une allusion à la Chine, les économies émergentes disposant d'excédents commerciaux devaient tendre vers une flexibilité des taux de change, a rapporté Yoshihiko Noda, ministre japonais des Finances. La Chine est accusée de maintenir artificiellement le yuan à un niveau faible pour promouvoir ses exportations, ce qui, aux yeux des Etats-Unis et de l'Union européenne, entrave la reprise économique en Occident. La Chine a répliqué, vendredi, en disant qu'elle poursuivrait la réforme de sa politique de change à son propre rythme. «Nous continuons de penser que la Chine a besoin d'un régime de change fondé sur le marché», a expliqué le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan. «Je crois que la différence, c'est que, en Chine, nous considérons qu'il s'agit d'une évolution progressive, graduelle, plutôt que d'une thérapie de choc.» De son côté, la Réserve fédérale américaine a mené depuis le début de la crise une politique de taux d'intérêt quasi-nuls qui a eu pour effet un transfert massif de capitaux vers les pays émergents, ce qui nourrit les craintes d'une «guerre des monnaies». Quel rôle pour le FMI ? «Je ne suis pas dans un état d'esprit ou un climat guerrier, c'est totalement inadéquat, inapproprié et inutile», a déclaré la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, avant le dîner du G7. Les Etats-Unis souhaitent que le Fonds monétaire international (FMI) joue un rôle accru de superviseur mondial sur ce type de dossiers, ce qui pourrait être entériné lors du prochain sommet du G20, en Corée du Sud en novembre. «Au final, il est de la responsabilité des pays d'agir, mais le FMI doit effectivement s'exprimer sur les défis et apporter son soutien à l'action», a dit le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, lors de l'assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale. Dans une interview à Reuters, Olli Rehn a lui aussi prôné un renforcement du rôle du FMI pour permettre une plus grande coordination en matière de politique monétaire afin de favoriser une croissance économique mondiale équilibrée. «De mon point de vue, le FMI constitue un choix naturel pour faciliter une coordination renforcée en matière de politique monétaire», a dit le commissaire européen aux Affaires économiques. Olli Rehn a aussi proposé de travailler via le G20 mais Jean-Claude Juncker s'est montré réticent. «Dans le cadre du G20, il y a trop de monde et trop d'intérêts pour permettre d'aboutir à un accord sur les monnaies», a dit le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro.