Animée par deux personnalités historiques, en l'occurrence Abdelhamid Mehri et Athmène Chebboub, cette conférence-témoignage a été l'occasion d'évoquer la personnalité et le parcours de ce grand homme. Les deux hommes qui ont côtoyé ce penseur, philosophe, journaliste et universitaire ont apporté des témoignages vivants sur l'engagement de Abdallah Cheriet en faveur d'un discours progressiste voire moderniste. Mettant en exergue son ouverture d'esprit, Athmène Chebbouf a indiqué que Abdallah Cheriet «savait si bien concilier les préceptes de la modernité et les composantes de la culture algérienne(…)». «Il était progressiste ouvert à la culture occidentale sans pour autant renier tout ce qui compose l'identité algérienne», a-t-il ajouté. Le conférencier a, par ailleurs, souligné la «rébellion mentale» du regretté qui voulait «secouer les consciences». Abdelhamid Mehri, se son côté, a abordé le côté poétique du penseur louant la qualité de sa poésie. Pour lui, «le temps, la maturation de sa pensée, la réflexion philosophique l'ont éloigné peu à peu de la poésie». Notant qu'«Ibn Khaldoun était la fondation de la pensée de Abdellah Cheriet», M. Mehri a ajouté «qu'il s'inspirait des écrits de ce grand penseur-sociologue dans l'analyse de questions contemporaines». Né à Meskiana dans la Oum El-Bouaghi, Abdellah Cheriet est le précurseur du discours progressiste en Algérie et l'un des fondateurs de l'université de l'Algérie indépendante. Entamant son parcours scolaire dans une école française dans son village natal, il intègre ensuite les bancs de l'école des uléma à Tébessa et Djamaâ Ezzaitouna à Tunis, et, enfin, à l'université de Damas où il obtient une licence de philosophie. Il a occupé pendant des années le poste de chroniqueur au journal tunisien Essabah, où il écrivait sur la Révolution algérienne jusqu'à l'indépendance. Abdellah Cheriet est décédé le 9 juillet 2010.