Et pour cause, celui que les services algériens de sécurité identifieront comme étant un agent du Mossad et des services spéciaux marocains a quitté clandestination l'Algérie. Il l'a fait quelques mois après qu'il ait été prévenu par ses informateurs que la Cour suprême de justice a décidé d'un 3e et dernier procès. Au vu des preuves accablantes que l'accusation a réussi à réunir, Messalha devait être condamné en dernière instance à une lourde peine de prison. Lui qui s'était exprimé sur la chaîne qatarie sur la corruption généralisée en Algérie, s'est montré incapable de corrompre pour bénéficier d'un troisième non-lieu. A son arrivée à Alger où il s'est installé dés 1994, cet individu avait la triple nationalité. Vraie ou fausse, celle d'Algérien sera sa quatrième. Grâce à des moyens financiers dont il avait été pourvu avant son départ des territoires occupés en Palestine, il a réussi à infiltrer les milieux politiques et économiques algériens. Il noua de solides relations avec plusieurs membres élus à l'Assemblée populaire nationale particulièrement avec ceux de la mouvance islamiste avant de se déplacer début 2001 sur Annaba. Il fit parler de lui en 2004 lorsqu'un de ces élus le dénonça publiquement dans l'hémicycle comme étant un agent de renseignements au profit d'une puissance étrangère. Cet élu interviendra pour le défendre quelques années plus tard pour, dans les mêmes conditions et hémicycle, stigmatiser l'immoralité publique qui selon lui en est la cause : «Des tracasseries et des ennuis faits par les pouvoirs publics à un investisseur arabe étranger venu à Annaba pour participer à la relance économique du pays en concrétisant son projet industriel». Dans l'imbroglio politico-judiciaire que représente cette affaire se dissimule l'étrange rapport que Messalha entretient avec l'argent, les décideurs et les cadres de certains partis politiques. Pour être efficace, l'agent du Mossad qui obéissait également aux ordres des services spéciaux marocains, se devait d'accéder partout et n'importe où dans les institutions nationales algériennes. Sa connivence avec des ripoux et le milieu politique islamiste s'était transformée en complicité. Elle lui avait permis de bénéficier par deux fois d'un non- lieu sur des faits prouvés de fraude fiscale, d'imposer l'intervention du wali de Annaba pour saisir ses biens en application d'une décision de justice, de s'opposer au contrôle fiscal, de menacer et d'intimider les cadres et travailleurs de la direction générale et celle locale des impôts et de procéder à l'annulation de plusieurs séances de ventes aux enchères sur le site de son unité de production des déchets ferreux et transformation du fer. Mais il y a plus grave. Messalha Saïd Yousef est aussi Algérien car, on ne sait par quel miracle il a réussi à obtenir une carte nationale d'identité(CNI). De là à dire qu'il dispose aussi d'un passeport algérien faisant de lui le détenteur d'une quadruple nationalité après celles française, israélienne et palestinienne, il n'y a qu'un pas que d'aucuns n'ont pas hésité à franchir. Les cadres de la direction des impôts l'ont fait lorsqu'ils affirment : «En présence de ses avocats venus plaider son cas dans les couloirs de notre administration, Messalha a exhibé une CNI pour affirmer qu'il est aussi Algérien». Avec le passeport algérien que des sources crédibles affirment avoir vu entre les mains de Messalha, il s'agissait là de deux faux de trop après ceux des fausses factures, des faux travailleurs, de vraies accusations exprimées dans l'hémicycle de l'APN pour de faux dépassements et harcèlement dont aurait été coupable la direction impôts et les services de la wilaya de Annaba. Tous ces faux commis par Messalha et bien sûr sa qualité inavouée d'agent de renseignements avaient entraîné la réaction du consul général de France à Annaba de l'époque. Ce diplomate avait menacé de recourir à la chaîne de télévision française TF1 pour dénoncer les actes dont, selon lui, était victime son ressortissant, investisseur en Algérie. Ce qui valut au P-DG de la société Algéro-turque du fer (ATF), l'intéressement des éléments du Centre territorial de recherches et d'investigations (CTRI) d'Annaba. Ces dernières détermineront le rôle de sociétés écrans que jouaient ATF d'abord avec 95% des actions au nom de Messalha et le reste au profit de son épouse une algérienne et la société «Ramas» sur inversement des actifs. Celle-ci était censée récupérer les déchets ferreux après prospection avec des équipements de production importés au titre de neufs alors qu'ils étaient renovés. En fait les déchets étaient les renseignements que «les ferrailleurs» devaient collecter sur la situation sécuritaire, économique et sociale dans toutes les régions du pays. Nos sources dont les informations restent à vérifier, avancent que les ordinateurs saisis au niveau de la direction générale ATF récemment ont laissé apparaître des écrits codés sur des ambassadeurs algériens en poste, des notes sur les activités des services de sécurité et de police, sur l'état des installations pétrolières dans le Sud, de conversations entres cadres et militants des partis algériens, un état des lieux sur la PME/PMI, les activités de différents ministres et élus des deux Chambres basse et haute. Il est, par ailleurs, précisé que la création des deux sociétés ATF et RAMAS avait coïncidé avec les élections pour la députation. C'est-à-dire durant la campagne électorale avec ce que cela suppose comme recherche de sources de financement pour permettre aux partis politiques de financer la leur. C'est dire que l'affaire du P-DG de la société ATF n'a pas livré tous ses secrets. Au moment où l'enquête sur ce dossier est véritablement relancée par le CTRI, ces faits troublants renforcent les présomptions d'existence d'une filière algérienne de renseignements au profit de pays étrangers. Ces présomptions avaient été soulignées dans deux précédents articles parus sur ces mêmes colonnes la semaine écoulée.