Le verdict de l'affaire d'espionnage, examinée par le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou, est tombé avant-hier tard dans la soirée. Le principal accusé, S. Saïd, a ainsi écopé d'une peine de 10 ans de réclusion criminelle tandis que son complice, Ali a été acquitté par le président du tribunal. Auparavant, au terme de son réquisitoire, le procureur général a demandé 20 ans de prison ferme à l'encontre du principal accusé et 10 ans de prison contre son complice. Les deux mis en cause ont été appelés à la barre pour répondre des chefs d'inculpation de "collecte et transmission au profit d'une puissance étrangère des informations sensibles et confidentielles dont l'usage porte atteinte à l'économie et à la défense nationales". Durant le procès qui s'est déroulé à huis clos, en l'absence des journalistes, le principal accusé a reconnu tous les faits qui lui ont été reprochés avant de relater les différents épisodes de son enrôlement par le redoutable service secret israélien, le Mossad. S. Saïd, ayant exercé le métier de journaliste dans des pays africains, selon ses révélations devant le juge, tout a commencé en 1995, lorsqu'il a été contacté par l'ambassade israélienne en Côte d'Ivoire après avoir publié le portrait de Itzhak Rabin, chef du gouvernement de l'Etat hébreu assassiné, pour lui faire une offre de service. Cette dernière consiste à collaborer avec les services secrets de Tel-Aviv et sa mission c'est de collecter des informations sur la sous-région du Maghreb. L'accusé a avoué que l'accord a été conclu à Bangkok, la capitale thaïlandaise avant d'effectuer deux missions de quinze jours à Tel-Aviv pour un stage sur les techniques d'espionnage des secrets d'Etat. Depuis, les déplacements de S. Saïd sont devenus fréquents entre l'Algérie, le Maroc, le Bénin, où il a eu déjà à lancer un journal "le Matin", et la Côte d'Ivoire, où il lance un nouveau journal. Chaque fois qu'il vient en Algérie ou au Maroc c'est pour une mission bien précise au profit du Mossad, a-t-il avoué devant le juge. Il a ainsi continué ce rythme de travail moyennant un salaire de 1 500 dollars mensuels jusqu'à 2001, quand il décidera de rentrer définitivement en Algérie. Par la suite, selon ses dires, il se fait recruter comme chargé de communication à l'ambassade d'Espagne à Alger mais tout en continuant à effectuer des missions sur commande au profit du Mossad. Il citera, à titre d'exemple, ses déplacements au Maroc et dans l'ouest algérien pour observer le mouvement des troupes marocaines le long de la frontière algéro-marocaine et une mission qu'il a effectuée dans le sud algérien sous prétexte de prospecter pour une multinationale espagnole qui compte s'installer dans la wilaya de Djelfa. L'espion a continué à agir de la sorte jusqu'au mois de décembre 2005 lorsqu'il se fera arrêter par la police marocaine alors qu'il effectuait un déplacement au royaume chérifien. La police marocaine l'a, ensuite, remis aux services de sécurité algériens. Le policier, qui travaillait dans les rangs de la BMPJ dans la wilaya de Tizi Ouzou, quant à lui, il a été poursuivi pour avoir fourni au principal accusé des informations sur la situation sécuritaire en Kabylie et les différentes activités des services de sécurité dans le cadre de la lutte antiterroriste.