La monnaie peut remplir trois fonctions principales : la fonction d'intermédiaire dans les échanges, celle de réserve de valeur et celle d'expression d'unité de compte pour le calcul économique ou la comptabilité. Certains auteurs considèrent que la capacité d'éteindre des dettes et des obligations, notamment fiscales, constitue une quatrième fonction appelée «pouvoir libératoire» de la monnaie. Ces fonctions peuvent être assurées par différentes monnaies en circulation simultanée : la monnaie divisionnaire ou pièces de métal, la monnaie de papier, la monnaie scripturale et la monnaie électronique. Au niveau international il existe des monnaies non convertibles et des monnaies internationales convertibles acceptées lors des transactions internationales. Ainsi, en moyenne en 2008/2009, 65 % des réserves de changes des banques centrales étrangères sont détenues en dollars, contre seulement 25 % en euros, surtout depuis 1971, du fait de le dollar a été déconnecté vis-à-vis de l'or. Ce qui permet aux Etats-Unis de ressembler à une banque d'investissement qui se finance massivement en émettant de la dette (planche à billets) tout en investissant en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs). Cependant, il existe une tendance contraire à cette dominance actuelle, expliquant la guerre des monnaies qui se fera de plus en plus vivace, certainement entre 2015 et 2020 avec l'entrée du yuan chinois. On pourrait assister à une stratégie convergente à travers le duo USA-Chine, notamment à travers les bons de Trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis où, sur 2450 milliards de dollars (juin 2010) de réserves de changes chinois, une grande partie est libellée en dollars, et les Chinois dépendent pour une grande fraction de leurs exportations des Etats-Unis. En effet, toute dévaluation pour une économie productive dynamise les exportations et toute réévaluation les freine, actuellement les cotations en baisse tant de la monnaie américaine que chinoise pénalisant un euro fort. La monnaie, à travers les systèmes financiers, joue le rôle comparable au sang dans un corps humain ou toute circulation sanguine pouvant bloquer le corps humain ou l'économie en tant que moyen et non comme fin. Cela explique en partie, car il existe des liens dialectiques entre la sphère réelle et la sphère financière, tant la crise mondiale de 1929 ou devant le manque de confiance, les ménages se sont précipités pour retirer leurs épargnes, accentuant la crise, que l'origine de la crise des prêts hypothécaires d'août 2007 où des titres ont été adossés qu'à des entrées virtuelles, qui s'est faite en cinq étapes : a) les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties à des taux d'intérêts élevés ; b) diffusion des mauvaises créances dans le marché : pour évacuer les risques, les banques «titrisent» leurs créances, c'est-à-dire qu'elles découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché. La mondialisation a fait le reste en diffusant ces titres à risque dans les portefeuilles d'investisseurs de toute la planète. Les fonds spéculatifs (hedge funds) ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements (jusqu'à 30 % par an) et faire jouer l'effet de levier, les hedge funds empruntant jusqu'à 90 % des sommes nécessaires ; c) retournement du marché immobilier américain : vers la fin de 2005, les taux d'intérêts américains ont commencé à remonter alors que le marché financier s'essoufflait. Des milliers de ménages ont été incapables d'honorer leurs remboursements, entraînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont acheté les titres obligataires ont vu leur valeur s'effondrer ; d) crise de confiance : les banques se sont retrouvées dans une situation ou, comme dans un jeu de poker, elles savent ce qu'elles ont dans leur bilan, mais pas ce qui se trouve dans celui des autres, ces mauvais crédits immobiliers ayant été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait pas quelle est la répartition du risque, d'où une grave crise de confiance ; cette situation a paralysé le marché interbancaire, les banques ne prêtant plus ou très peu car craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge ; e) intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché, les banques centrales sont intervenues au début d'août 2007 en injectant plusieurs centaines de milliards de liquidités afin d‘éviter le blocage de l'économie mondiale, bien que les actifs toxiques continuent de produire leurs effets comme en témoignent la récente semi-faillite immobilière d'Abu Dhabi, la crise grecque, la crise de l'endettement des Etats, les ondes de chocs n'étant pas encore terminés. (A suivre)