Le premier tour des élections présidentielle, sénatoriales et législatives s'est tenu, hier, en Haïti. Plus de dix mois après le séisme, avec l'épidémie de choléra qui touche tout le pays, jamais élection ne se sera passée dans un climat si difficile. Haïti se choisit de nouveaux dirigeants. Après le tremblement de terre du 12 janvier, les élections législatives prévues pour le mois de février avaient été annulées. Hier, ce sont, donc, 11 sénateurs, 99 députés et un président de la République que les citoyens doivent élire. Quand les autorités ont fait le choix en juin de reprendre le processus électoral, les défis étaient de taille et, depuis, la situation s'est aggravée. Malgré l'appel de certains candidats au report du vote, le conseil électoral provisoire a maintenu la date d'hier. Rien ne doit arrêter la lente progression d'Haïti vers la démocratie. Plus de 4,7 millions d'électeurs sont donc appelés aux urnes. Et les Haïtiens sont partagés entre l'urgence humanitaire et sanitaire et le besoin de changement. Comment penser politique alors que le quotidien se résume aux besoins primaires : manger, dormir. Depuis plus de dix mois, ils sont un million et demi à vivre, survire sous les tentes. Si seul un cyclone, Tomas, est passé cette année à proximité d'Haïti, la saison des pluies n'a laissé aucun répit aux familles dans les camps. Dans la capitale Port-au-Prince, ceux qui ont tout perdu lors du séisme attendent toujours qu'on leur propose une solution de relogement. «Nous nous sommes organisés entre nous, nos abris sont devenus plus solides au fil des mois mais moi je ne peux plus attendre», explique calmement Josué qui s'est installé dès le 13 janvier sur le Champ de Mars. Le jeune homme a pour paysage les ruines du Palais présidentiel. Son 18e anniversaire, il l'a passé à vendre des boissons glacées. Majeur, il peut voter, seulement il n'a pas la volonté. Les portraits des 19 prétendants à la présidence sont affichés sur la pelouse du Palais mais aucun n'aura le vote de Josué. «Les élections ? Qu'est-ce que cela va changer pour moi demain, après-demain. Rien, je le sais», affirme-t-il.