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Un artiste qui a eu le cœur dans la tempête
Hommage au flamboyant M'hamed Issiakhem
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 12 - 2010

La célébration de cet artiste fait écho au 2e Festival international d'art contemporain d'Alger. Le peintre, qui était aussi sculpteur et dessinateur de timbres en plus de son statut d'enseignant, a laissé une œuvre magistrale qui reste ancrée dans les annales plastiques algériennes comme fondatrice d'un art moderne algérien qui a su transcender le simple caractère décoratif des arts appliqués. Il a inscrit l'Algérie dans l'universalité avec, pourtant, un particularisme précis. Avec un expressionnisme abrupt, M'hamed Issiakhem s'inscrit en alchimiste de la forme pour l'éternité. L'exposition, qui regroupe quelques deux cents travaux de l'artiste, est, désormais, visible dès le 2 décembre dernier avec, en accompagnement, un catalogue monographique comportant des textes de Djaâfer Inal, ami de toujours, témoin privilégié et chroniqueur poète de ce qu'a été ce grand artiste né le 17 juin1928 dans le douar des Ath Djennad près de la coquette bourgade d'Azzefoun. L'enfance dès l'âge de trois ans et l'adolescence se déroulent tout naturellement dans la ville de Relizane sous la protection d'un père aisé, propriétaire de bains maures, nationaliste averti. L'enfant est sensible à cet esprit entre religion et nationalisme. Sensible à la chose artistique, il passe son certificat d'études primaires en dessinant mais sans plus. Cependant, l'acte fondateur de sa vie artistique sera un acte de rédemption irréversible qui surviendra en cette journée paradoxalement funeste, mais qui provoquera la terrible inspiration d'un art sans nul doute torturé par de morbides souvenirs qui seront sublimés dans des œuvres farouchement magnifiques dans la force même de leur douleur. C'est ainsi que la date du 27 juillet 1943 est fondamentale chez le jeune M'hamed, encore innocent, quand survient le drame ultime. C'est, en effet, par la manipulation toute innocente d'une grenade volée dans un camp militaire américain qui tuera deux sœurs et un neveu. Il va sans dire que cet être extrêmement sensible gardera à vie les séquelles de cette culpabilité jamais complètement assumée surtout face aux regards de la famille et particulièrement la maman. Ce qui aidera à le faire rallier Alger vers 1947 pour s'inscrire à la Société des beaux-arts, pour suivre des cours d'enluminure et de miniature en plus de cours de dessin académique. Il sera, ensuite, étudiant aux Beaux-Arts d'Alger et suit des cours de Mohamed Racim. Ses expériences artistiques multiples le mèneront aussi dans le milieu de la presse et, par ricochet, à une autre découverte amicale fondamentale, l'amitié de Kateb Yacine dans le courant de l'année 1951. Il sera, ensuite, artiste à Paris entre 1955 et 1958 et suit une formation dans les ateliers des maîtres Legueult et Goerg. Dans la capitale parisienne, il découvre les intellectuels et les grands maîtres de la peinture et reste sensibilisé à la cause algériennes et les causes politiques diverses. Il rejoint l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger où il devient enseignant, en 1964, pour deux années. Il sera, ensuite, directeur à l'Ecole des beaux-arts d'Oran. En 1969, il obtient au Festival panafricain d'Alger le premier prix pour son œuvre, A la mémoire de ... En 1971, il est professeur d'art graphique à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger. Il séjournera, en 1972, à Moscou et, en 1977, au Vietnam. Ce qui caractérise le travail de cet artiste c'est la femme, la femme sensuelle, la femme courage, la femme patrie. Mais cette femme tant aimée, il s'est évertué à la faire souffrir de ce qu'il a toujours pris comme un désamour. Que cela soit dans sa famille ou dans sa vie affective, Issiakhem aura fait pleurer de nombreuses femmes dans sa vie. Pourtant, nombre d'entre elles lui livreront un amour puissant qui l'aura porté jusqu'à la fin de sa vie. Fougueux et terrible, il aura vécu pour son art dans une totale symbiose en dessinant sans pouvoir finalement y arriver complètement les contours précis de la femme totale - de la femme symbole - de qui il voulait implorer le pardon. L'œuvre est fantomatique, erratique, sublime, faisant dans les empattements et les masses de peinture violemment projetés sur la toile un spectacle tournoyant, un cirque tragique où chaque personnage, notamment, les femmes ont raconté la tragédie individuelle et nationale vécue par cet artiste unique tant dans sa chair, dans le corps démantelé de ses proches que de son pays occupé. Il n'est point étonnant que la torture, que toutes les tortures aient été pour ce peintre génial des points focaux de son œuvre. Il a, ainsi, mis au service de l'humanité son immense douleur portée jusqu'à sa mort en 1985, des suites d'une méchante maladie qui a fait écho à ses immenses sacrifices. On a, souvent, raconté de lui des anecdotes fortes en émotions, d'autres artistes ont, souvent, souffert de sa violente sensibilité, il n'a jamais laissé personne indifférent. Grand par sa force et puissant par son esprit vivace et son regard acéré, se faisant traiter d'oeil de lynx par son alter ego littéraire que fut Kateb Yacine, forçant le respect par la maîtrise de son art, il aura eu autant d'amis que d'ennemis, mais il n'a jamais, et ne laissera jamais personne indifférent. Dans quelques inédits et travaux jamais montrés au public, les amateurs d'art ne manqueront pas de découvrir une facette complète de cet artiste hors pair au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama) qui devrait réunir un nombre conséquent de toiles issues de collections publiques et privées. Le tout accompagné d'un livre-catalogue qui sera, en outre, publié à cette occasion, sous la signature de Malika Dorbani, l'ancienne conservatrice du Musée national des beaux-arts d'Alger, et de Djaâfar Inal.
Jaoudet Gassouma
Rétrospective : «Hommage à M'hamed Issiakhem, Alger, Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama)» du 1er décembre 2010 au 31 janvier 2011, 25, rue Larbi-Ben M'hidi, Alger. Entrée libre.


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