La contestation semble se propager peu à peu dans la Santé publique. Les blouses blanches semblent déterminées. Ni les menaces brandies continuellement par les pouvoirs publics, ni les ponctions sur les salaires, ni les décisions de justice n'ont pu dissuader le mouvement de contestation qui gagne désormais du terrain. Preuve de cette détermination dans la contestation, la toute dernière décision des hospitalo-universitaires de fusionner les deux syndicats autonomes des maîtres-assistants (SNMASM) et des professeurs et docents (SNPDSM) en une seule organisation syndicale pour peser dans les négociations avec la tutelle. «Nous avons achevé toutes les démarches pour la mise en place de ce syndicat», confie ce syndicaliste. Les hospitalo-universitaires veulent ainsi aller vers la prochaine grève nationale en rangs serrés. Les trois autres syndicats autonomes (SNPSP, SNPSSP et SNAPSY) affichent également les mêmes ambitions. Autre raison de cette mobilisation, les blouses blanches commencent à pencher pour une action d'envergure dans le but de forcer la tutelle à prendre en charge leurs revendications. Lundi soir, lors d'une rencontre entre les représentants des cinq syndicats autonomes, de nombreux syndicalistes avaient évoqué la possibilité d'une grève ouverte sans urgences, avec des rassemblements quotidiens à l'intérieur des établissements hospitaliers. Les partisans du durcissement estiment que la « radicalisation de la contestation est la seule solution pour arracher les revendications socioprofessionnelles ». Heureusement, des représentants des cinq syndicats autonomes ont pu ramener ceux prônant ce durcissement à de meilleurs sentiments. «Ce n'est que partie remise», lâche cet hospitalo-universitaire. Il a été finalement décidé après consultation d'un groupe d'avocats, spécialisé dans les conflits collectifs du travail, d'opter pour la reconduction d'une grève nationale cyclique d'une semaine par mois. Devant la détermination des blouses blanches, les pouvoirs publics tentent de calmer les esprits. Ainsi, après avoir eu gain de cause devant la justice au début de la semaine pour une plainte contre les hospitalo-universitaires, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique semble faire marche arrière. Le ministère avait en effet déposé une plainte devant la chambre administrative près la Cour d'Alger contre la grève ouverte de l'enseignement lancée le 3 janvier dernier par les hospitalo-universitaires. La chambre administrative avait jugé que la grève ouverte décidée à l'appel des deux syndicats autonomes était «illégale». Mais les représentants des deux syndicats autonomes n'ont reçu aucune notification de cette décision de justice. Le ministère s'est contenté d'adresser un communiqué aux doyens des dix facultés des sciences médicales pour les informer. «Il y a des contraintes procédurales qui empêchent les doyens de mettre à exécution les sanctions. Les grévistes doivent en premier passer devant la commission paritaire composée des représentants des hospitalo-universitaires, avant d'être traduits devant le conseil de discipline», affirme ce syndicaliste. Cette situation explique la décision du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière d'abandonner les sanctions annoncées en décembre dernier contre les grévistes au lendemain de la grève des 13 au 17 décembre. Autre signe d'une tendance vers l'apaisement de la part des pouvoirs publics, la convocation hier des représentants des syndicats autonomes pour des discussions avec les deux ministres de la tutelle. Après une première réunion lundi avec les syndicats autonomes, le ministère de l'Enseignement supérieur a invité les syndicalistes à un deuxième round de négociations. Ces développements laissent entendre, selon des observateurs, que le conflit entre les cinq syndicats autonomes de la Santé publique et les pouvoirs publics pourrait voir prochainement son dénouement.