Quelques dizaines de personnes, dont des avocats et des universitaires, ont assisté jeudi dans l'après-midi à une rencontre au CRIDSSH. La rencontre, initiée par Abdellatif Daïf, au nom de la coordination issue du premier regroupement du 1er janvier, devait être consacrée à la mise en place d'une commission d'avocats et de juristes qui se chargera des démarches pour ester Israël pour crimes de guerre. La rencontre de jeudi dernier, intervenant juste après une assemblée générale des avocats du bâtonnat d'Oran, n'a pas drainé beaucoup de monde, notamment parmi les robes noires. Cependant, elle a été rehaussée par la présence de trois ex-ministres de la Justice: Bahi Mahi, Boualem Baaki et Lahcen Soufi. Dans son intervention, Abdellatif Daïf a annoncé que Teguia, lui aussi ancien ministre de la Justice, a donné son aval pour qu'on parle en son nom, puisqu'il ne pouvait pas faire le déplacement à Oran. Dans la même intervention, maître Daïf a comparé le génocide qui se passe à Ghaza à celui qui avait décimé les Peaux-Rouges en Amérique. Abordant le volet juridique, il dira que les dispositions des quatre conventions des droits de l'homme sont incapables de « contenir » et de s'appliquer aux crimes commis par l'armée israélienne à Ghaza. De son côté, Mohamed Bahloul a affirmé que la nation arabe dispose de compétences et de ressources humaines et matérielles qui lui permettent de renégocier sa place sur la sphère internationale. Lors des débats, plusieurs idées ont été avancées. Un universitaire évoquera le silence de Kouchner, le fervent défenseur et inventeur du « droit d'ingérence humanitaire ». Un autre réclamera des présents d'exiger des autorités publiques de prendre en charge les initiatives et les idées formulées çà et là par les citoyens et intellectuels algériens. Un Palestinien, excédé, videra son sac et finira par dire « que les Palestiniens n'ont pas besoin d'aides et d'aumônes mais d'armes pour pouvoir se libérer du joug sioniste ». Un autre proposera le jumelage, même symbolique, d'Oran avec Ghaza. Un autre, enseignant à l'USTO, parlera de l'irréversibilité du tissu humain des victimes des armes au phosphore blanc utilisées par l'armée israélienne à Ghaza. Les organisateurs ont ensuite attaqué le second volet consacré à la mise en place de la commission devant rédiger la requête pour poursuivre Israël devant les juridictions internationales. Cette commission doit se réunir au courant de la semaine pour rendre publics les résultats de sa démarche. Notons que dans la salle, une intervenante a proposé de prendre contact avec Jacques Vergès pour assister cette commission. Sa proposition n'a pas été retenue, mais les membres de la commission envisagent de s'inscrire dans un réseau d'associations et d'organisations professionnelles engageant des poursuites judiciaires contre l'Etat hébreu. Soulignons que neuf organisations de défense des droits de l'homme israéliennes ont déjà entamé les démarches pour porter plainte contre l'Etat d'Israël et ses institutions impliqués dans le génocide de Ghaza.