Une délégation française, composée de responsables de grandes écoles et établissements français de réputation internationale, a fait le déplacement à Alger pour rencontrer, entre autres, les directeurs des grandes écoles et instituts nationaux algériens. Cette rencontre de deux jours qui entre dans le cadre de la mise en œuvre du programme de partenariat entre les deux pays vise plus précisément à développer la coopération bilatérale en matière d'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Depuis 2003, l'Algérie s'est attelée à élaborer une stratégie consistant à offrir un espace adéquat aux meilleures compétences afin de leur permettre de se former pour être l'élite de demain. Aujourd'hui, les responsables au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur estiment qu'il est temps de passer à la concrétisation de ce projet. A cet effet, le département de M. Harraoubia envisage la création de cet espace qui sera appelé communément « les pôles d'excellence » dont la mise en place ne peut se faire sans l'apport de l'expérience des établissements étrangers, notamment français. « Le système français est un label en matière de formation de hauts cadres. Nous avons décidé de travailler avec eux pour l'émergence de ces pôles d'excellence qui existent en France et dans d'autres pays ainsi que la promotion du niveau de formation et la concrétisation du système LMD. Nous allons nous imprégner de leur modèle et de leur méthode de travail », a expliqué hier, Mustapha Haouchine, directeur de la formation supérieure graduée, sur le système universitaire algérien lors d'une séance de travail organisée au siège du ministère et qui a regroupé les directeurs (plus d'une trentaine) des écoles et instituts français et algériens. Cette rencontre intervient également, selon un représentant du ministère, après les travaux de la 6e session du Haut conseil algéro-français universitaire et de recherche tenue les 24 et 25 novembre 2006 à Paris et consacrée à l'examen des modalités de contribution des établissements français à la mise en place des pôles d'excellence et des filières types en Algérie. M. Haouchine est revenu dans le détail sur le projet de création de ces pôles d'excellence. Il indiquera que le premier objectif que s'est fixé le ministère de l'Enseignement supérieur est celui d'assurer un enseignement de qualité et par conséquent de former des cadres supérieurs très compétitifs et qualifiés pour le secteur industriel. « La création des pôles d'excellence est une priorité. Ces pôles ont pour mission de développer les potentialités surtout dans le domaine de la recherche et de la formation de cadre les plus performants », a indiqué l'orateur qui précisera que ces pôles d'excellence ne se décrètent pas, mais c'est le marché qui va les définir. Pour ce qui est de la sélection des meilleurs élèves qui seront inscrits dans ces pôles d'excellence, M. Haouchine répondra que la réflexion est engagée sur cette question et que des propositions ont été faites dans ce sens. Les bacheliers ayant obtenu une meilleure moyenne seront sélectionnés, ils passeront un concours. « Cette démarche est utilisée dans les grandes écoles françaises, les bacheliers sélectionnés seront orientés vers une classe préparatoire. Les infrastructures ne posent pas problème. Nous avons plusieurs options, soit de dégager un lycée, soit un institut », dira M. Haouchine qui affirme que les propositions doivent émaner des responsables des établissements puisqu'ils sont les plus imprégnés de la réalité du terrain. Pour sa part, Mme Bendjelloul Mounira, directrice de la postgraduation et de la recherche, admet qu'il y a une régression en matière de qualité de l'enseignement mais justifie cet état de fait par la décennie noire qu'a vécue notre pays. « Lorsqu'on est terrorisé, lorsqu'on enseigne dans la peur, nous n'avons pas l'esprit de penser à la recherche. Des enseignants ont fui le pays, il y a eu une hémorragie. Ce n'était pas facile pour nous de travailler dans ces conditions », s'est défendue Mme Bendjelloul. Lors de son intervention, celle-ci a souligné : « Nous avons mis en place 15 écoles doctorales. En outre, nous avons un besoin en matière d'encadrement de 27 000 maîtres assistants. D'ici à l'horizon 2010, nous allons avoir près de 1 500 000 étudiants. D'ici 2009, nous ne pouvons former que 14 500 étudiants détenteurs de magistère. Ce qui implique que nous aurons un problème pour la formation de nos encadreurs », a soutenu Mme Bendjelloul. Par ailleurs, M. Fournier rappellera que dans la délégation française il y a le proviseur d'un grand lycée de Paris. Il s'est dit rassuré de constater qu'il y a une volonté du côté des dirigeants algériens pour l'amélioration de la formation et la constitution d'une l'élite. « Cette première rencontre est une prise de contact. Nous allons ensemble arrêter une méthode de travail. Cette rencontre permettra aux établissements éducatifs algériens de créer leur pôle d'excellence en se basant sur l'expérience des écoles françaises », dira le conférencier. Les travaux de cette rencontre se poursuivront aujourd'hui. La délégation française a visité dans l'après-midi d'hier certains instituts et établissements.
