Dans une note d'information rendue publique hier, le FMI a livré ses conclusions sur l'économie algérienne au titre des consultations de 2008 dans le cadre de l'article IV. C'est une appréciation positive de la position financière du pays largement soutenue par les recettes d'hydrocarbures. Dans le même temps, l'institution financière internationale met en exergue la faible productivité de l'économie et un mauvais climat des affaires en comparaison aux pays voisins. Pour les côtés positifs, le FMI souligne que la croissance hors secteur hydrocarbures «est forte, l'inflation faible et les positions budgétaire et extérieure sont solides grâce aux prix élevés des hydrocarbures». La dette extérieure est pratiquement résorbée et l'Etat a accumulé une «épargne considérable» dans le Fonds de régulation des recettes (FRR). La croissance du secteur hors hydrocarbures (55% du PIB total) a été de l'ordre de 6%, largement portée par le programme d'investissement public (PIP) de 150 milliards de dollars. Ce sont les services et la construction qui en profitent le plus. Il reste que la croissance globale devrait être inférieure à 3% en raison de la faiblesse des exportations d'hydrocarbures. Les réserves de change, portées par la hausse du pétrole jusqu'à la mi-2008, ont atteint en octobre 2008, 135 milliards de dollars, soit l'équivalent de deux ans et demi d'importations. Cela a donné lieu à une politique budgétaire «expansionniste» contrebalancée par le fait que les recettes aient été «considérables». En dépit de la conjoncture internationale, les perspectives sont encourageantes mais, avertit le FMI, les risques pourraient prendre de l'ampleur à moyen terme. La croissance du PIB hors hydrocarbures pourrait être de 6% en 2009, si «l'Etat et la Sonatrach utilisent leur épargne pour continuer de financer des programmes d'investissement importants ». Il reste que le FMI s'attend à une baisse des exportations d'hydrocarbures qui pourraient ramener la croissance à 2,5%. «La forte chute des prix pétroliers et les importations considérables liées au PIP et aux investissements de la Sonatrach transformeraient l'excédent extérieur courant de 20% du PIB en 2008 en un déficit de 3% en 2009, mais la couverture assurée par les réserves demeurerait supérieure à 2 ans d'importations ». Le plus grand risque est que les prix du pétrole restent durablement bas, ce qui « fragiliserait notablement les positions extérieure et budgétaire, obligerait à freiner le PIP et les autres investissements et ralentirait la croissance». Le climat des investissements, un point noir Le terme «considérable» est également utilisé pour le chômage des jeunes. C'est un des aspects négatifs avec le constat d'une économie dépendante des exportations d'hydrocarbures, d'un secteur privé orienté vers le marché intérieur. L'Algérie, estime l'institution internationale, est en «retard» par rapport à ses partenaires commerciaux dans les domaines de la «productivité et du climat des investissements ». Sur ce dernier chapitre, les dernières mesures d'encadrement de l'investissement étranger prises, en 2009, par le gouvernement pourraient alourdir l'appréciation du FMI. Mais sur le fond, c'est la lenteur des réformes structurelles qui inquiète l'institution. Le Fonds monétaire international estime que la crise financière internationale et la baisse des prix du pétrole «mettent en lumière l'urgente nécessité d'accélérer les réformes structurelles afin de diversifier l'économie tout en assurant une croissance hors hydrocarbures soutenue et en favorisant la création d'emplois». A l'évidence, les réformes structurelles, dans la «doctrine» du FMI, c'est l'ouverture du marché, la libéralisation de l'activité économique, une réduction de l'interventionnisme de l'Etat, privatisations, tout le contraire de ce qui se passe actuellement et qui suscite des questionnements chez les investisseurs étrangers. S'il est vrai que les mesures plus administratives qu'économiques prises à Alger suscitent des doutes sur leur viabilité, il reste que le contexte économique international a largement écorné le credo libéral sur lequel se fonde le FMI. Cela n'enlève rien à la pertinence du constat sur la faible productivité de l'économie algérienne et sa dangereuse dépendance des recettes d'hydrocarbures.