Prévue déjà depuis quelque temps, une rencontre nationale sur la violence en milieu scolaire ne pouvait que recueillir l'approbation des enseignants, directeurs d'établissements, administration, parents d'élèves pleinement concernés par un sujet que l'éducation nationale veut enfin étaler au grand jour pour en débattre sans tabou. Pour le ministre de l'Education nationale, Aboubakr Benbouzid, la violence dans le milieu scolaire prend de l'ampleur dans les cycles moyen et secondaire. Le ministre reconnaît que le phénomène commence à prendre des proportions qui se répercuteront sur la qualité de l'enseignement. Mais d'abord il faut définir les types de violence qui s'exercent au sein de l'école. La violence peut prendre plusieurs formes. Elle peut être verbale ou physique comme elle peut être le fait de l'élève ou de l'enseignant. Les uns et les autres peuvent être, soulignent les services du ministère, «tantôt victime, tantôt auteur». Cela dit, «il n'y a pas encore d'étude qui cerne au mieux la question de la violence dans le milieu scolaire», a indiqué le ministre lors de l'ouverture de cette rencontre qui a, en outre, regroupé de nombreux participants spécialistes et chercheurs, sociologues et autorités (gendarmerie et police). «Ce n'est pas l'école qui produit la violence mais elle peut évidement reproduire la violence qui existe dehors», a souligné dans son exposé Malika Laadjali de l'Institut national de santé publique. «L'école se situe-t-elle complètement à part ?», s'est-elle interrogée. L'oratrice voit une relation de cause à effet dans la violence dans la société qui se répercute sur l'institution éducative. Phénomène mondial dira-t-elle à propos de la violence. Ce sont 300 millions d'enfants selon l'UNESCO qui subissent l'exploitation et la violence, a-t-elle ajouté. Ce sont les mesures de prévention appelées «proactives» qui sont liées à la formation de l'enseignent, implication des parents d'élèves dans le suivi de l'enfant, l'éduquer dans la culture de la paix et des droits de l'homme, prévenir contre le tabagisme considéré à juste titre comme le premier pas vers la consommation de la drogue et enfin arriver à une définition commune de ce qui est la violence. Pour sa part, le sociologue Noureddine Hakiki, professeur de sociologie à l'université d'Alger, soutient que la violence en milieu scolaire est la résultante de contradiction que vit notre pays. «Nous avons cru que nous étions immunisés mais voilà on se rend compte que la violence dans le milieu scolaire existe dans notre société». Il l'impute surtout à la démission des parents et aussi à la perte de repères sociaux et historiques. Benbouzid a évoqué la nouvelle démarche mise en place pour la lutte contre la violence en milieu scolaire. Les parents seront désormais associés à la vie scolaire et à l'encadrement préventif au sein des écoles et dans leur environnement immédiat à travers le recrutement d'agents spécialisés, a-t-il souligné, annonçant la disponibilité de 10.000 postes d'accompagnateurs d'élèves spécialisés dans les domaines sécuritaire et éducatif. Le ministère de l'Education nationale a élaboré une étude sur ce phénomène durant la période allant de 2001 à 2007, qui a fait état d'une hausse de la violence dans les différents cycles d'enseignement, notamment au sein des collèges. Durant la saison scolaire 2006-2007, plus de 59.000 cas de violence ont été enregistrés dont 12.000 cas de violence physique et matérielle et 342 cas de possession d'armes dans les trois cycles de formation, selon l'étude. Un projet de décret relatif à la prévention de la violence en milieu scolaire à même de renforcer le cadre juridique pour lutter contre ce phénomène est examiné par le secrétariat général du gouvernement.