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Son prix ne cesse de prendre la tangente: La pomme de terre cherche toujours un «coupable»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 04 - 2009

La pomme de terre est devenue, à force de spéculations et de battage médiatique, un sujet de préoccupation nationale occultant au passage l'actualité de la campagne électorale. Le prix affiché sur les marchés de la ville suggère d'un dysfonctionnement, à une étape donnée, allant de sa récolte à sa vente sur les étals.
Actuellement à 90 DA le kilo pour la patate de bonne qualité et autour de 75 DA pour celle dite de petit calibre, le produit n'en finit plus de passionner les consommateurs. «Du jamais vu, mieux vaut acheter des bananes à la place », ironise ce père de famille incrédule devant les prix affichés. Au marché de Derb, le tubercule a dépassé les 100 DA, ce qui a fait dire à Anissa, une jeune mère de famille, qu'il ne reste rien au pauvre. «La viande à 1.000 DA, la sardine à 300, la tomate à 140 que reste-t-il ? », s'interrogera-t-elle. Dans tous les autres marchés, le même constat est à faire puisque les prix, décidés à la source, ne diffèrent pas. «Et dire que Bouteflika a passé l'éponge sur les dettes des fellahs !», dira Nourredine, fonctionnaire. La rue, pour expliquer ces prix «démentiels», hésite entre la faune des spéculateurs, la mauvaise récolte et la qualité douteuse des semences importées. Au niveau du marché de la Bastille, un revendeur au détail nous expliquera que les prix actuels sont dus notamment à la spéculation qui bat son plein une fois le produit déposé au niveau des halles centrales. «Le problème réside dans la chaîne d'intermédiaires qui spéculent autour des prix, les augmentant de main en main». Ainsi, la pomme de terre, une fois arrivée aux halles, passe du fellah au mandataire qui fixe son prix. Le mandataire est sollicité, à son tour, par une tierce personne qui rachète toute la production et fixe un nouveau prix. Et c'est cette succession d'intermédiaires qui entraîne la hausse des prix du tubercule. «La pomme de terre est un produit d'entraînement puisqu'à son sillage, ce sont tous les autres produits de la terre qui ont augmenté », expliquera encore notre interlocuteur. Pourtant, les services agricoles sont formels, ce n'est pas un problème de production puisque les superficies réservées à la pomme de terre sont suffisantes et en augmentation. Les responsables du commerce sont incapables de mettre un frein à l'anarchie du marché. Les détaillant, eux, se défendent et pointent également du doigt les intermédiaires.
«Lorsqu'on achète la patate à 83 DA le kilo, on est obligé de la revendre à 90 voire 95 DA pour rentrer dans nos frais», se justifieront-ils. Au marché de la Bastille toujours, l'autre problème posé, et qui pourrait avoir une incidence indirecte sur les prix pratiqués, est celui de la concurrence déloyale des «irréguliers». «Nous on paye des droits à la mairie mais on est obligé de débarrasser le plancher à partir de 13 H, les autres arrivent ensuite et s'installent jusqu'à une heure tardive de la nuit sans rien payer», s'insurge encore notre interlocuteur.
Cette tendance à la hausse risque de perdurer et de s'amplifier avec l'arrivée de l'été, une saison de grande consommation de la pomme de terre.
Alors que le Premier ministre a accusé des lobbies d'être derrière ces augmentations, certains évoquent de nouveau l'importation. Mais, force est de constater que ces péripéties mercuriales ont entériné l'échec du programme initié par le gouvernement, qui avait sollicité plus de 270 opérateurs publics et privés pour participer à l'opération de stockage à l'échelle nationale, ce qui a permis de mettre de côté 121.000 tonnes de pommes de terre. Une opération qui a montré ses limites puisque ayant faiblement influencé les prix. Selon les spécialistes, Oran, par rapport aux autres wilayas comme Mascara, n'a pas pu stocker une grande quantité pour inonder les marchés locaux et gérer en conséquence le prix de la pomme de terre.


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