Après une brève pause, qui n'a duré finalement que le temps des élections présidentielles, les hospitalo-universitaires renouent avec la contestation avec la ferme résolution, cette fois-ci, de radicaliser leur action dans les établissements hospitaliers. Comme attendu, la grève cyclique des trois jours (samedi, dimanche, lundi) a été reconduite hier par les deux syndicats autonomes des hospitalo-universitaires, à savoir le Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM) et le Syndicat national des maîtres-assistants en sciences médicales (SNMASM). La dernière décision de justice qualifiant la grève d'illégale ne semble aucunement préoccuper les blouses blanches. Au contraire, la contestation se durcit laissant profiler à l'horizon les signes d'une radicalisation. Outre une grève de l'enseignement et des soins, les hospitalo-universitaires poursuivent le boycott illimité des examens. Les deux ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur sont réduits à lancer des promesses pour apaiser des esprits échauffés, mais du côté des hospitalo-universitaires on exige surtout du concret. La principale revendication des blouses blanches demeure le versement dans l'immédiat de la rétribution accordée aux hospitalo-universitaires, en commun accord entre les deux ministères de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur. « Nous exigeons l'application sur le champ de l'accord destiné à élever la rétribution des activités hospitalières», lâche un syndicaliste. Selon les organisations syndicales, le dossier de l'indemnité hospitalière est actuellement « gelé» par les services du Premier ministre. Les syndicalistes sont catégoriques : il n'est désormais plus question de faire marche arrière sur cet acquis quitte à relancer une nouvelle grève illimitée. Selon certaines informations relayées par des syndicalistes, le gouvernement tenterait de remplacer cette rétribution par une simple indemnité. L'aboutissement du projet du gouvernement sur le terrain apparaît aujourd'hui incertain, les deux syndicats autonomes ne veulent pas céder d'un iota sur «cet acquis arraché après des mois de contestation». Les blouses blanches annoncent le boycott des examens de pharmacie prévus ce lundi, ceux de la chirurgie dentaire avaient déjà été gelés par les hospitalo-universitaires. « Il faut mettre encore la pression sur le gouvernement», martèle ce syndicaliste conforté par l'adhésion massive des blouses blanches dans les établissements hospitaliers. Il y a lieu de préciser que le point essentiel des revendications des hospitalo-universitaires demeure l'ouverture d'un dialogue sérieux entre les syndicats autonomes et le gouvernement qui doit leur reconnaître la qualité de partenaire social à part entière. Les autres revendications socioprofessionnelles tournent autour d'une hausse de 300 % des salaires pour faire face à la chute du pouvoir d'achat, un point indiciaire calculé sur la base de 150 dinars et une révision à la hausse des indemnisations et primes. Les blouses blanches avaient déjà observé une grève nationale durant la semaine du 13 au 17 décembre dernier, provoquant une paralysie des établissements hospitaliers dans les grandes villes du pays. A Constantine, et selon le Docteur Nouri Nassim, membre du SNASM, la grève déclenchée hier, au niveau du Centre hospitalier universitaire et de la Faculté de médecine de Constantine, «est suivie à cent pour cent par les maîtres-assistants en sciences médicales ainsi que par le syndicat des professeurs et docents qui présentent les mêmes revendications». Selon notre interlocuteur, «le mouvement s'est traduit par l'arrêt de toutes les activités de soins, de consultation et de chirurgie, en dehors des cas d'urgence, ainsi que des examens d'évaluations. Par contre, les cours sont dispensés normalement, mais tous les contrôles de stage ont été reportés à une date ultérieure. En tout cas, cela durera jusqu'à réception d'une réponse convaincante de la tutelle concernant la signature du décret relatif à la rétribution des activités hospitalières», a tenu à préciser notre interlocuteur. En effet, selon ce dernier, «la principale revendication porte essentiellement sur ce point» . Les deux ministres de tutelle, celui de la Santé et de l'Enseignement supérieur, en charge du dossier, leur avaient promis que la question sera réglée avant les élections présidentielles. «Puis, affirment-ils, il y a eu revirement et les deux ministres se sont déclarés dans l'incapacité de le faire aboutir, en arguant que cela ne dépendait plus d'eux mais de la chefferie du gouvernement». Pour le secteur de l'enseignement supérieur, «ce sera une grève illimitée», indiqua le Dr. Nouri, «alors que pour la santé publique ce sera une grève cyclique qui portera sur les journées des dimanches et lundis de chaque semaine, et ce, jusqu'à la réponse des deux tutelles», a-t-il conclu. A noter que les multiples tentatives de contacter les responsables du CHU, pour obtenir leur version, ont été vaines.