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Le symbolisme de l'arrière-petit-fils de Idriss 1er
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 05 - 2009

Il faut y revenir: les enfants d'Etat à la place des hommes d'Etat. L'Algérie républicaine vient d'en accueillir un. Le fils de Kadhafi reçu comme un émir laïc. C'est cette qualité qui lui fera dérouler le tapis chez nous. Techniquement, rien ne justifiait de mobiliser un ex-chef de gouvernement, un général, une ville et ses habitants et toute une wilaya pour le patron d'une association. Cela n'arrivera jamais au Président de l'association de défense des singes de Blida par exemple. Politiquement, cela s'explique par les politesses entre familles régnantes en Arabie panarabe. Le fils de Kadhafi est le fils du Roi Kadhafi. Il a statut d'émir, possède un avenir qui inclut la Libye, son pétrole et son peuple. Dans nos calculs de bon voisinage, le président de cette ONG sera un jour président du reste du Royaume et la Libye sera son ONG.
Et tout le monde sait que, curieusement, et par une sorte de fatalisme dans le comportent et d'atavisme dans les mœurs, les généraux putschistes finissent par se comporter comme les rois qu'ils ont décapités et chassés. Idriss 1er se lit dans le visage d'El Kadhafi et ses manières, qui se lit dans le visage de son fils. Venu chez nous, l'enfant chéri de ce pays est donc accueilli comme il se doit entre monarchistes. Il ne faut pas oublier que, dans les généalogies horizontales de beaucoup de peuples arabes, il y a cousinage et consanguinité: Seïf El Islam est le frère symbolique des fils de Moubarak qui, malgré eux, sont les cousins du fils d'El Assad et les amis des frères et fils de notre Royauté. Le chroniqueur l'a écrit il y a deux jours: les monarchies ne se gênent plus et on est tous en attente des mariages de raison entres ces enfants favoris pour réussir, par la noce, cette union panarabe qu'on n'a pas réussie par Nasser. Le fils de Kadhafi, comme ses «frères» ailleurs, fait office de tout dans son pays: il est héritier, opposant, bienfaiteur, indépendant, politique, non, favori et craint. Les Occidentaux vendeurs de perles le soignent comme ils soignaient autrefois, à l'époque de Colomb, les fils des chefs des îles trop riches ; et les pays voisins le traitent comme un bon parti.
Kadhafi comme Assad ou Moubarak comme le nôtre étaient fils de pauvres, leurs fils et leurs proches ne le sont pas. Ils ont cet avantage de «vendre» la promesse de la stabilité et cette fascination de faire croire qu'ils vont changer les choses, avant de finir en roitelet photocopié. Souvenez-vous de Assad et son fils. L'essentiel du fait divers n'est pas là cependant: il est dans l'accueil fait à Seïf El Islam. Vous croyez y voir l'avenir de la Libye, alors qu'il s'agit de l'avenir de votre Etat. Les Seïf El Islam, nous y viendrons nous aussi, un jour.


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