L'intoxication alimentaire collective qui s'est produite samedi dernier à la cité universitaire de filles Mohamed Seddik Benyahia du Khroub, dont l'enquête et les examens bactériologiques en cours détermineront les causes exactes, a provoqué une certaine effervescence dans les rangs des commerçants. C'est ainsi qu'ils se sont rencontrés, hier matin, au siège de l'UGCAA pour débattre de la question, « car, disent-ils, aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous sommes déjà désignés par beaucoup comme étant les auteurs de cette situation ». Et de nous expliquer « que le lendemain même de l'intoxication, accompagnés par la présidente de l'association pour la protection du consommateur et de représentants de leur syndicat, ils sont partis s'enquérir de la situation et discuter avec les résidentes pour éventuellement tirer une conclusion, mais n'ont pas été autorisés à accéder à la cantine et de parler aux résidentes ». Hier donc, les commerçants qui se sont rencontrés n'ont pas hésité à parler « de complot qui se trame contre leur corporation, surtout en cette période de chaleur où le commerce des produits alimentaires, placé sous haute surveillance, est en appel sur plusieurs fronts ». Un pâtissier précise que « les commerçants viennent à peine d'engager des démarches pour la révision de la loi n°O9-O3 du 25 février 2OO9 relative à la protection du consommateur, jugée très dure pour la profession, que voilà qu'on nous pointe encore du doigt pour cette histoire d'intoxication alimentaire survenue au Khroub. Pourquoi uniquement dans les cités universitaires et pas ailleurs ?», interroge ce commerçant, qui a cité en exemple «les structures hospitalières, les écoles et les lycées qui sont approvisionnés par les mêmes commerçants». Ils disent «refuser de servir de boucs émissaires !». Cette montée au créneau des commerçants semble quelque peu anticipée, puisque ni la direction du commerce de la wilaya ni la direction de la santé n'ont encore incriminé personne dans cette affaire d'intoxication, comme le reconnaissent d'ailleurs les commerçants eux-mêmes. Toujours est-il que ces derniers ont été conviés le jour même dans l'après-midi à une réunion d'information et de sensibilisation à la chambre de commerce de Constantine en présence des représentants de la direction du commerce de la wilaya, du Laboratoire algérien de contrôle de la qualité et de l'emballage (CACQE), de l'association de défense des consommateurs. Au cours de cette rencontre, les fabricants ont été sensibilisés par les responsables de ces organismes sur les conditions de production à respecter (hygiène, froid, l'auto-contrôle, etc.), alors que les derniers cas d'intoxications alimentaires survenus à Constantine ont été évoqués.