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Des rumeurs, des explications, des théories Mobilart : un dossier ou du «Préfabriqué» ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 06 - 2009

Infraction à la législation des changes, liste «espagnole», 900 millions d'euros «exportés», chasse à l'homme et autres rumeurs. En haut de la liste des accusés, le patron de Mobilart, promoteur immobilier du haut standing à Oran. Un véritable faux scandale en «préfabriqué» selon les concernés.
Au début, étaient les Espagnols
Ce Watergate financier régional date de la mi-mars 2009. Dès cette date, l'on ne cessera de parler d'une fameuse liste de 43 opérateurs économiques de la région oranaise, accusés de fraude et infractions aux changes et d'avoir alimenté un réseau d'exportation illégale de devises fortes vers l'Espagne et l'Europe. Fait curieux, ce sont les services espagnols qui auraient communiqué cette liste aux autorités algériennes, qui s'empresseront de mettre sous embargo les «listés», généralement importateurs anonymes, à l'exception du patron de Mobilart, la société de promotion immobilière de label national et de deux autres opérateurs. Architecte d'un mégaprojet immobilier de très haut standing, Taleb Tewfik est «l'auteur» de la nouvelle vitrine «gratte-ciel» de la ville, avec ses quatre tours géantes hight design en face de la Méditerranée, sur un projet de sept ensembles en perspective, sous le label de «Bahia Center». Le chantier, «le plus gros aménagement urbain depuis la construction du Front de mer par les Français», comme il le dira, attire les regards de tous les angles de la ville, mais aussi les rumeurs, «et les convoitises», nous diront les proches de cet homme aujourd'hui effondré et terrorisé par la cabale dont il est l'objet depuis quatre mois.
Dès les premières fondations de ce mégaprojet lancé après la restructuration et la création de Mobilart Construction au côté de Mobilart Meuble, et selon une psychologie nationale consacrée, les rumeurs les plus folles ont tenté l'explication facile de ce chantier qui mobilise nécessairement une énorme manne d'argent. Pour cet homme venu du meuble en bois de luxe aux chalets mobiles puis aux gratte-ciel, on aura parlé de société écran pour un ministre proche de Bouteflika, de l'argent du frère du président de la République, de blanchiment de fortunes occultes selon la recette «Khalifa», de procédés pour pomper les lignes de crédit en association avec des parties étrangères... etc. Selon les critères «égalitaristes» du populisme algérien, la mobilisation financière de ce projet, évaluée à près de 12 milliards de DA, restait inexplicable sans le scénario habituel du parrainage clandestin supposé de quelques clans politico-financiers anonymes. De quoi faire sourire avec la lassitude le patron de Mobilart interviewé cette semaine. «J'ai acheté les terrains d'assiettes auprès des privés et j'ai commencé comme je l'avais fait pour d'autres chantiers». Au palmarès de Mobilart Construction, déjà, les fameuses 1.600 maisons en préfabriqués «livrées en 04 mois» pour les sinistrés du séisme de Boumerdès, les 1.520 logements de Haï Essabah à Oran (financés par le Fond Arabe de Développement), les 430 unités LSP de Misserghine et le nouveau siège de la daïra d'Oran. Le mégaprojet sera «adoubé» par le président de la République lui-même, lors d'une de ses visites à Oran, et intéressera les gros porteurs et les clients du haut standing, souvent expatriés étrangers «employés» indirects de la manne de la relance nationale et de ses projets, quelques grosses fortunes et, mieux encore, Sonatrach elle-même, en quête d'une «annexe» hôtelière pour sa conférence internationale prévue l'année prochaine. Bahia Center démarrera sur près de 2.000 options d'achat confirmées.
La success-story de Mobilart sera cependant brusquement interrompue et de la manière la plus inexplicable. La descente organisée de cette entreprise sera entamée avec les premières rumeurs sur une liste communiquée par les services espagnols à Interpol et qui sera transmise aux autorités algériennes. Cette fameuse liste, objet de toutes les spéculations, fait état d'un groupe de 43 importateurs et opérateurs économiques principalement à Oran, «auteurs» d'infraction à la législation des changes, c'est-à-dire coupables, en termes profanes, d'avoir fait «sortir», régulièrement et clandestinement, des sommes en devises, qui ne seront déclarés qu'aux comptoirs de la PAF espagnole. Le total supposé de cette fraude a été arrêté à la somme de 900 millions d'euros. En réaction rapide, et avec une célérité inexplicable «au regard du délit supposé» comme nous le dirons des proches du dossier, la cabale est lancée pour mettre sous embargo quelques entreprises, dont la plus importante sera celle de Mobilart Construction et son chantier.
Un homme sans réponses
Rencontré dans l'une des grandes tours de son chantier, le patron de la société, Mr Ahmed Taleb Tewfik, offre l'image d'un homme pris en otage, quasiment effondré et incapable de fournir une explication solide à ce qui lui arrive. «Dès cette date, la Douane a procédé aux blocage de toutes les marchandises importées nécessaires à l'avancement des chantiers», raconte-t-il. La mise sur cale de l'entreprise sera suivie instantanément par une instruction d'interdiction de commerce extérieur par la Banque centrale signifiée à toutes les banques primaires où la société est cliente et précédera la décision d'une VASF (vérification approfondie de la situation fiscale), décidée il y a quelques semaines par les impôts. La totale de la batterie des mesures de rétorsion habituelles lorsqu'on veut pousser une entreprise à la faillite en quelque sorte.
La préemption de fraude, « sans corps de délit» qui touche en principe la seule personne physique du PDG de Mobilart, sera «abusivement étendue» à la personne morale de la société comme l'expliquera l'avocat du groupe dans une entretien. Ahmed Taleb Tewfik sera de facto convoqué pour «audience» par la brigade économique pour y être entendu, son passeport lui sera retiré, il sera interdit de quitter le territoire et la société sera mise sur cale depuis cette époque avec l'énorme préjudice que l'on suppose». A savoir, l'extension des délais de livraison, le blocage des comptes sociaux, la mise à l'arrêt des chantiers, et le «préjudice moral immense» qui va peser sur les décisions et les intentions d'achat des clients de cet ensemble immobilier de prestige.
Les faits objectifs reprochés à Taleb Tewfik ne sont pas à la hauteur de cet «Watergate», selon notre interlocuteur et ses conseillers. «On a parlé de 900 millions d'euros alors qu'il s'agit de la petite monnaie évalué à moins de 600 mille euros pour note cas». Et si le concerné reconnaît indirectement l'infraction, son explication est celle de tous les importateurs algériens confrontés à la lenteur des banques algériennes pour les achats sur base de crédit documentaire, «trop long et immensément désavantageux pour nos opérations de commerce extérieur. On avait besoin d'importer en remise documentaire». La plupart, sinon tous les importateurs, recourent à la méthode artisanale du paiement indirect en «cash» par devises expatriées en petites sommes, pour pallier au plus pressé et en régularisant par la suite les paiements et les transactions. Les fournisseurs étrangers ayant en effet peu de temps à accorder aux clients algériens et aux méthodes guichetières de leurs banques d'origines. C'est dans ce cadre là, et pour sauver les délais et respecter les calendriers, que le patron de Mobilart avoue avoir eu recours à cette «ficelle» sur «des sommes absolument dérisoires par rapport à ce que brasse l'entreprise» comme fonds, capitaux et crédits. «Une préemption de fraude», comme le répètent ses conseillers juridiques, qui n'explique pas d'abord «la confusion préjudiciable faite entre la personne de Taleb et la société», et ensuite, qui n'offre aucune thèse valable pour expliquer la cabale dont est l'objet Mobilart avec une «conjugaison d'efforts pour casser l'entreprise».
Quatre mois après le début des hostilités, le groupe Mobilart semble cependant espérer une sortie du tunnel. La Direction générale de la Douane vient en effet d'accepter le «compromis» par le paiement prévue d'une amende évaluée, selon la loi, à «3O % du corps du délit présumé», soit près de 20 millions de DA, en attendant la décision du fameux «comité national de transaction», auprès de la Présidence, qui sera l'auteur du verdict final pour le sort de Mobilart. Un comité dont on nous informe, ailleurs, qu'il n'est tenu par aucune obligation de délai ou de célérité alors que le sort des chantiers d'El-Bahia Center se joue sur des semaines. «Une partie du chantier est à l'arrêt et l'entreprise sera en faillite dans pas plus de quatre mois», avoue Taleb Tewfik. Pour le moment, et selon nos sources, le sauf-conduit délivré par la Douane équivaut à une mise en sursis des poursuites judiciaires suspendues, mais cela ne suffit pas. «Le plus étonnant reste la décision de la Banque centrale qui, sur la base de simples instructions, a mis la société sur sa liste rouge et lui bloque toute opération de transaction, nécessaire pour alimenter les chantiers en entrants». La quatrième tour «est à l'arrêt faute de pouvoir faire sortir la façade bloquée en palettes au port d'Oran», explique Taleb Tewfik.
Dix mille thèses en «préfabriqué»
Sur la liste des 43 concernés par la curieuse «coopération» espagnole, seul le PDG de Mobilart semble tenter la réaction pour sauver son groupe. «Les autres sont des importateurs de marchandises, qui ne risquent absolument rien à la limite, car ils n'ont pas de chantiers, seulement des stocks», nous explique une source. «Mis à part deux autres personnes sur cette liste, Mobilart est le groupe le plus visible et pour qui le préjudice sera le plus énorme», affirme nos sources. La raison de cette inexplicable offensive, une «véritable cabale» selon les concernés ? «Je ne sais pas», répond Taleb Tewfik. «Hogra» sera son résumé lapidaire pour ce qu'il vit aujourd'hui depuis des mois, avec le récit de batailles menées en sourdine pour sauver l'entreprise, le récit des «portes frappées», des noms sollicités et des personnalités interpellées, en vain. Les explications de cette campagne dite anti-fraude se perdent dans le registre des théories. D'abord, celle, très populaire, d'un lâchage au plus haut niveau d'un homme et d'un chantier, qui auraient bénéficié d'une sorte de couverture politique touchée par la péremption. Interrogé, notre interlocuteur y réagit avec le sourire : «Vous savez, je ne suis pas un politique, je n'y connais rien en termes de rapports de force, clans, partis... etc. Je suis un chef d'entreprise», nous dira-t-il. Las, notre interlocuteur reconnaîtra même la facture d'une sorte d'inaptitude à la communication publique. «Il ne connaît personne, n'a pas de relations publiques, n'a pas de réseaux médiatiques ou autres », nous explique l'un de ses proches. «C'est son talon d'Achille, pour un projet qui attire fatalement les convoitises et les regards. Il aurait dû vendre son projet autrement», ajoute-t-on. «Vendre» dans les deux sens du mot.
Outre cette thèse de lutte des clans, très traditionnelle en Algérie depuis toujours, certains mènent campagne pour une théorie du complot transnational. Au bout du doigt accusateur, des «autorités espagnoles» et leurs patronats en quête d'opportunités hors de la géographie de la crise européenne et du crash immobilier ibérique. «Vous savez, les Espagnols sont très actifs et très présents en Oranie», nous explique un industriel. «Il ne s'agit pas uniquement du projet du Centre des Conventions de Sonatrach avec un chèque de 750 millions d'euros, mais de dizaines d'autres chantiers plus discrets et avec des budgets très importants». Selon notre industriel, en effet, dans «l'Ouest algérien, il n'y a que deux ou trois promoteurs assez solides pour faire face aux Espagnols, entre la promotion Cherif, le groupe Hasnaoui, Plaza immobilier ou Mobilart». La cabbale contre cette dernière société de promotion obéirait à un assainissement des terrains de la reconquista. «On se demande tous pourquoi, explique l'un de nos contacts, les Espagnols et Interpol n'ont pas parlé d'argent d'El-Qaïda et de blanchiment d'argent lorsque les valises sont chinoises ou en provenance des autres pays du Maghreb». Une thèse cohérente mais qui pèche par trop de simplicité : «on s'imagine mal que des parties espagnoles aient le bras aussi long et avec ce pouvoir de disposer des administrations algériennes comme des annexes», répliquera un autre.
«J'ai toujours travaillé dans la transparence et même pour le paiement des appartements vendus, j'ai toujours refusé les paiements à l'extérieur, en devises fortes, alors que cela arrangeait mes affaires. La raison ? Je voulais un traçabilité des fonds et éviter toute raison de suspicion», expliquera Taleb Ahmed Tawfik. L'explication de cette cabbale restera donc impossible, pour le moment. Rien n'explique officiellement un acharnement aussi «concordant», sur la base habituelle de «simples instructions venues d'en haut». Quel «Haut» ? On n'en saura rien de plus. Autant que les employés des banques, des Douanes ou des impôts, chargés de mettre Mobilart Construction en faillite programmée.


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