Interdit de séjour dans sa ville natale, El-Bayadh ex-Géryville, Taïbi Mohammed est affecté pour enseigner à Aïn Témouchent et se lia d'amitié avec Attou Mohamed, l'un des premiers instituteurs algériens de cette ville. C'est en 1963 que Taïbi Mohammed prit la direction de l'école primaire et du cours complémentaire (CEG), actuellement CEM. Il dirigea en plus le groupe scolaire Ibn Khaldoun. Taïbi Mohammed avait choisi de rester dans son pays pour aider à former les jeunes sachant que l'Algérie avait un grand besoin de cadres. Il avait une nomination pour enseigner en France. Taïbi Mohammed forma les premiers moniteurs et instructeurs de la région. C'est le père de cette génération d'enseignants et de tous les enfants scolarisés à cette époque et qui occupent maintenant des postes de responsabilités dans tous les secteurs. Très discret, honnête, humble, affichant un sourire accueillant, sage et toujours disponible, Taïbi Mohammed a aidé un peu tout le monde durant cette période difficile et a encouragé ses élèves à continuer leurs études et les enseignants à se former. Il organisa les premiers examens scolaires à El-Bayadh et sut se faire une place dans le monde de l'éducation. Ecouté et respecté par ses pairs aussi bien au niveau de l'académie de Saïda, chef-lieu de la wilaya avant le dernier découpage administratif, qu'au niveau de la centrale et du ministère de l'Education nationale, Taïbi Mohammed avait pu concrétiser quelques projets qui lui tenaient à coeur, notamment l'ouverture du premier lycée, le lycée Mohamed Belkheir. A El-Bayadh, Taïbi Mohammed devient alors synonyme de l'école et l'école c'était Taïbi Mohammed. Il était respecté par toute la population et les notables venaient souvent le consulter avant de prendre une décision importante. L'après-midi après la fermeture de l'école, il se retrouvait avec quelques enseignants juste en face de son école sur les marches du CEG. Personne alors n'osait passer devant lui et la rue Sayad Boumédienne n'était empruntée que par quelques rares vieilles personnes qui se dirigeaient vers la mosquée Nour. C'est dire tout le respect que les gens avaient pour ce militant de l'éducation nationale. Des générations furent formées par ces premiers pionniers parmi lesquels les Khechba, Boubékri, Belkidari, Laoufi, Bergame, Bendjelloul, Bentayeb, Iddou, Mezil, Messahel, Bensalem, Djebiri, Boumédienne, Békri, Djemel, Menad, Tabouche, Zaïr, Malek... la liste est longue. Pour former des personnes de ce niveau, il faut beaucoup de temps. ce que fut Taïbi Mohammed pour El-Bayadh, Hadj Djelloul le fut pour Méchéria, les Kies, Brahim, Ouenzar, Bendida, Hamou le furent pour Saïda. Même génération, même formation, mêmes compétences, beaucoup de générosité et d'abnégation. Il faudrait rendre hommage à ces gens.