Compte tenu de la charge polémique dont elle est porteuse, la décision du Conseil des ministres portant changement du week-end dans le pays à partir du mois prochain a éclipsé au plan médiatique le débat qui, dans cette réunion, a tourné autour du chômage et de l'emploi. Sur ce point, le président de la République, nonobstant le rapport positif en la matière présenté par le ministre du Travail et des Affaires sociales, a ordonné au gouvernement d'approfondir davantage la réflexion sur le dossier de l'emploi et du chômage et de la traduire par une véritable «feuille de route» pour l'action gouvernementale en matière de promotion de l'emploi et de lutte contre le chômage. La lutte contre le chômage par la création d'emplois et l'incitation de création de micro-entreprises, engagée depuis dix ans sous la houlette du chef de l'Etat, a produit des résultats indéniables puisque, selon les statistiques officielles, le taux de ce chômage est passé dans ce laps de temps de 27,3% à 11,3% en 2008. Les experts s'accordent toutefois pour convenir qu'on aurait pu mieux faire, compte tenu des énormes moyens mis en oeuvre par l'Etat. Bouteflika partage à l'évidence le point de vue de ces experts et semble déterminé à dynamiser cette lutte contre le chômage. La loi de finances complémentaire 2009 prévoit dans ce cadre une batterie de mesures destinées à enclencher cette dynamisation, notamment par l'instauration de nouvelles «incitations» en faveur des employeurs recrutant des demandeurs d'emplois et de dispositions appelées à mobiliser encore plus de fonds en faveur de la lutte contre le chômage. C'est ainsi qu'il a été décidé dans cette loi complémentaire l'augmentation de la part des intérêts prise en charge par l'Etat sur les crédits bancaires destinés au financement des micro-entreprises, variable selon les régions du pays. De même que la dotation du fonds de garantie mutuelle des crédits aux jeunes promoteurs et la création par les banques, au niveau de chaque wilaya, d'un fonds d'investissement destiné à accompagner les jeunes investisseurs. Ces avantages et d'autres viennent compléter le dispositif mis en place dans le cadre de la lutte contre le chômage. Mais cette fois, ils s'accompagnent de dispositions qui vont jouer à l'encontre des bénéficiaires qui ne respecteront pas la «règle du jeu». Il est ainsi prévu que les entreprises qui ne participent pas dans la lutte contre le chômage seront «exclues des avantages du code de l'investissement» et des «incitations» mises en place. De même que des «sanctions» vont être prévues contre les employeurs ayant bénéficié de la main-d'oeuvre financée sans recruter un minimum de personnel imposé par cette incitation. Lors de sa campagne électorale, Bouteflika avait mis la barre haut concernant ses promesses de lutte contre le chômage. Il a fixé comme objectif en la matière à son programme la création, entre 2009 et 2014, de trois millions d'emplois, pas moins. L'on comprend qu'il soit déterminé à houspiller l'équipe gouvernementale et à l'aiguillonner pour qu'elle ne se contente pas de gérer sans dynamisme et créativité les actions engagées dans le cadre de cette lutte contre le chômage.