Encaisser un chèque CCP peut s'apparenter à une simple formalité, mais ce n'est pas une chose facile, d'autant plus qu'avec les chaleurs qui ne semblent pas se dissiper de sitôt, la besogne devient des plus ardues. Mercredi passé, le minuscule bureau de poste de Mers El-Hadjadj était bondé de monde. La chaîne avance doucement et le personnel s'activant à un rythme soutenu est des plus courtois. Ceux parmi les usagers disposant de chéquier, parmi lesquels de nombreux estivants, sont vite servis. Par contre, ceux qui ne disposent que de leur carte magnétique doivent attendre que le réseau se rétablisse pour pouvoir encaisser. L'attente est longue, et le principal s'affaire à établir la connexion. Mais en vain. Le petit GAB installé à l'intérieur de la poste est inopérant. Le chèque secours ne peut être d'aucun secours. On explique aux clients que la signature scannée du titulaire du compte n'apparaît pas sur écran, donc pas d'encaissement. Entre-temps, de nouveaux usagers arrivent tout en sueur, déclarant au premier venu que le GAB de Béthioua ne fonctionne pas. Direction Béthioua. Effectivement, devant le distributeur aucune file, aucun usager : la petite machine clignote pour dire pas d'argent ou réseau défectueux. A l'intérieur du bureau de poste, un monde fou. De guerre lasse, direction Aïn El-Bya. Là aussi, une chaîne interminable et un réseau inopérant pour les détenteurs de la carte magnétique. «C'était bien auparavant. Avec seulement le carnet de chèques, on faisait la chaîne mais on était sûr d'encaisser. Par contre, avec cette carte, il faut toujours compter sur la chance», ironise un vieux. Comme chaque fin de mois, les bureaux de poste sont pris d'assaut, comme les deux bureaux de Gdyel. A Benokba, le micro est en panne depuis une semaine, dira le préposé aux nombreux usagers qui croient avoir trouvé l'astuce en s'y rendant. Une femme d'un certain age demande si elle peut payer le crédit Cetelem. On lui répond que non. Elle devra le faire dans un autre bureau, ou s'attendre à payer la pénalité une fois la date d'échéance dépassée. Hassi Ameur. Réseau en panne mercredi et jeudi matin : pas d'argent. Les nombreux salariés qui habitent les localités environnantes, habitués à ces situations, préfèrent aller à Oran, comme ils l'affirment, que de se hasarder à faire la tournée des villages pour pouvoir encaisser la paie du mois. A Hassi Bounif, le GAB est hors service et le tout petit bureau de poste est noir de monde, décourageant le plus téméraire parmi les usagers à faire la queue. Il ne reste plus qu'à se diriger vers Oran et prendre son mal en patience en faisant la chaîne. A la poste de St-Eugène, le distributeur ne fonctionne pas. On dirait que ces machines se sont donné le mot pour ajouter un peu de peine aux citoyens déjà écrasés par d'autres soucis. «On est pris en otage, ça fait 5 mois que j'attends le chéquier et je ne dispose que de cette carte pour pouvoir retirer de l'argent. Alors, vous voyez toutes ces machines en arrêt, que puis-je faire d'autre ?», s'interroge avec dépit un quinquagénaire suant jusqu'à la moelle. Direction la poste de St Charles. Un triple file interminable, mais qui «marche». Là au moins, on peut retirer de l'argent. Quelques instants plus tard, plus d'une heure et demie d'attente, c'est presque la joie d'entendre appeler son nom. Le personnel n'est pas fautif. Bien au contraire, il serait malhonnête de lui imputer ce désordre. Le désordre, c'est quand le distributeur ne fonctionne pas et qu'on ne dispose pas de chéquier. Oran compte une centaine de bureaux de poste récemment aménagés, mais cela ne suffit pas, un effort doit être fourni par la tutelle pour pérenniser ces machines censées alléger le poids des tracas en tous genres qui laminent le plus ardu des patients. Mercredi passé, il aura fallu presque une journée pour retirer un peu d'argent, véhicule aidant bien sûr, sinon ça aurait été la galère.