Pour beaucoup le lien est vite trouvé entre les événements d'août à Bab Ezzouar entre les communautés algérienne et chinoise et l'échange, dimanche dernier, d'instruments de ratification de deux conventions relatives à l'entraide judiciaire en matière pénale et à l'extradition de criminels entre Alger et Pékin. Pourtant, loin s'en faut car si le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Madjid Bouguerra, et l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine en Algérie, Liu Yuhe, se sont rencontrés, c'est pour ratifier une convention signée à Pékin, lors de la réunion de la Commission mixte algéro-chinoise le 6 novembre 2006. Les deux conventions entreront en vigueur le 22 septembre 2009. Ces outils judiciaires trouvent toute leur pertinence par rapport à l'importante communauté chinoise qui s'est installée en Algérie et estimée à près de 30.000 ressortissants. Dès 2004, la majorité des grands projets de construction ont été raflés par les compagnies chinoises. En tout et pour tout, une vingtaine de groupes chinois travaillent sur le sol algérien. Ainsi, et selon les décrets en question, l'entraide comprend le recueil des témoignages, enquêtes, investigations, gels et saisies entre autres. Les violents affrontements entre Chinois et Algériens à Bab Ezzouar ont rappelé la fragilité d'une cohabitation forcée mal vécue par les Algériens. Parmi ces derniers, certains ont toujours mal vécu la présence de la main-d'oeuvre chinoise accusée de les pousser au chômage. Si dans un premier temps, cette coexistence était placée sous le sceau d'une curiosité «bilatérale», elle a vite fait de s'envenimer au fil du temps et des histoires colportées sur les deux communautés. Des gentils «Ali Baba», on passera rapidement à la vitesse supérieure en accusant les Chinois de voler le travail des Algériens, de les brimer et les exploiter lorsqu'ils arrivent à trouver une place de manoeuvre dans les chantiers de construction sous l'autorité des entreprises chinoises et surtout investir les locaux commerciaux en vue de s'installer dans la durée. Echauffourées «isolées», échanges d'accusations, agressions sur des travailleurs chinois qui ne se déplacent plus qu'en groupe ou encore des ressortissants chinois qui font l'actualité judiciaire jusqu'aux événements de Bab Ezzouar qui ont mis à nu tout le passif non déclaré entre nationaux et Chinois. On se rappelle que le quartier «chnaoua» ou «Chinatown» a été le théâtre de violents affrontements entre des Chinois estimés à plus de 50 personnes et les habitants de ce même quartier. Selon les témoignages, tout a commencé par une altercation entre un commerçant algérien qui vend du matériel électroménager et un commerçant chinois vendeur de textiles. Suite à cette altercation, entre 50 à 60 Chinois ont attaqué le vendeur algérien, avec des sabres, des haches et des barres de fer pour venger leur compatriote chinois qui s'est vu empêché de stationner son véhicule devant les deux locaux voisins. S'en est suivi une mêlée générale entre les habitants du quartier et le contingent chinois. Pendant que les services de sécurité étaient sur les lieux des affrontements, les Chinois ont contacté l'ambassade de Chine en Algérie lui demandant d'intervenir pour les défendre. Les habitants du quartier avaient indiqué que cet affrontement n'est pas le premier du genre, et dans l'un de ces affrontements un Chinois a été condamné à une année de prison ferme. Pourtant et devant l'effet médiatique donné à ce simple fait divers, la chancellerie chinoise a tout fait pour calmer les esprits en affirmant que ces affrontements sont un cas isolé de sécurité publique qui doit être réglé par la police locale d'une façon adéquate et conformément à la loi algérienne. Les Chinois et les Algériens se traitent d'égal à égal et vivent dans l'harmonie, très amicalement comme frères. Beaucoup de Chinois en Algérie se sentent comme chez eux, a affirmé M. Liu.