Les huit pirates présumés du bateau Arctic Sea accusent le capitaine russe de les avoir retenus pendant trois semaines sur le cargo qui avait mystérieusement disparu, a indiqué vendredi, à l'agence russe Interfax, Alexandre Samodaïkine, avocat d'un des suspects inculpés de piraterie et d'enlèvement. Voilà une version qui s'oppose ainsi à celle soutenue par le parquet général russe, chargé de l'enquête accusant huit pirates d'avoir détourné le vraquier qui devait transporter le bois vers Béjaïa. Me Samodaïkine a affirmé que son client et ses sept acolytes « ne reconnaissent pas leur culpabilité ». Ils ont accosté le cargo uniquement pour demander de l'aide. Les assaillants seraient en fait des écologistes partis à bord d'un petit bateau sur la Baltique. Ils se seraient retrouvés à court de carburant et auraient accosté l'Arctic Sea pour demander de l'aide, selon l'avocat. Mon client dit qu'une fois sur le navire, ils ont attendu qu'on leur donne du carburant, ce que leur a promis le capitaine (ndlr : russe). Ils ne pouvaient pas partir. En fait, ils ont été retenus, dans la mesure où le capitaine n'a rien fait pour les aider », a expliqué l'avocat. Un autre avocat, Omar Akhmedov cité par le quotidien Kommersant a affirmé vendredi, que « tous les suspects affirment être montés à bord du cargo pour échapper à une tempête ». Selon lui, les huit écologistes (Dmitri Savins, Evgueni Mironov, Vitali Lepine, Andreï Lounev, Dmitri Bertenev, Alexeï Boulev, Igor Borissov et Alexeï Andriouchine) ont quitté le port estonien de Pärnu à bord d'un canot automoteur afin de tester un équipement de navigation, mais surpris par une tempête en pleine mer, ils ont demandé de l'aide à l'équipage du cargo. Le capitaine a accepté de les prendre à bord. Or, d'après Me Akhmedov, ils n'ont pu quitter l'Arctic Sea, car le capitaine n'a pas informé les services côtiers de l'incident. Pire, au lieu de les débarquer dans un port européen qui leur convenait, il a mis le cap sur l'Afrique de l'Ouest. L'avocat a également souligné que l'instruction n'avait fourni aucune preuve attestant la culpabilité des personnes mises en examen. «C'est par les enquêteurs que nous avons appris l'existence des armes, des masques et des vestes noires portant l'inscription Police. Ces pièces à conviction ne figurent pas dans le dossier» », a encore soutenu cet avocat. Les huit suspects inculpés - détenteurs de passeports estoniens, lettons et russes - sont actuellement détenus à la prison de haute sécurité de Lefortovo à Moscou. Mercredi, les autorités russes avaient reconnu pour la première fois que l'Arctic Sea aurait pu transporter autre chose que du bois. Selon Vladimir Markine, porte-parole du pool des enquêteurs du parquet général russe, les huit ont agi en véritable bande organisée, mus par des intentions criminelles, pour s'emparer de l'»Arctic Sea» et de sa cargaison. Un pirate présumé est accusé d'organisation du crime et les sept autres de complicité, selon le comité.