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La tripartite après l'Aïd: Un bon SMIG, c'est combien ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 09 - 2009

«Le seul point dont on est sûr qu'il est à l'ordre du jour, c'est le SNMG. Tout le reste doit faire l'objet de consultations transversales avec les autres partenaires», nous a déclaré hier le secrétaire général de l'UGTA au sujet de la prochaine tripartite.
Une virée à la centrale syndicale, hier en fin de matinée, permet quand même de prendre le pouls d'un des partenaires d'une tripartite, dont le monde du travail attend beaucoup. «Le seul point dont on est sûr qu'il est à l'ordre du jour, c'est le SNMG. Tout le reste doit faire l'objet de consultations transversales avec les autres partenaires», nous a dit hier le SG de la Centrale syndicale après plusieurs tentatives de le faire parler. Le salaire national minimum garanti (SNMG) est justement ce point précis à propos duquel les travailleurs tendent l'oreille pour en connaître les évolutions que daignerait bien opérer le président de la République. Parce que si, Sidi Saïd est sûr que le SNMG est à l'ordre du jour, c'est parce que le premier à en avoir parlé, c'est Bouteflika. Il a ordonné aux partenaires sociaux de réfléchir à son relèvement. «A quelle hauteur ?», demandons-nous à Sidi Saïd. «Il est impossible que j'en parle maintenant, je ne veux m'avancer sur rien du tout», a-t-il lâché sans presque réfléchir comme s'il pensait qu'on pouvait deviner les niveaux de relèvement qu'il doit jalousement garder dans ses tiroirs. «Bien sûr que nous avons différentes hypothèses, c'est déjà fait, on attend de les affiner», susurre-t-on dans les couloirs de la Maison du peuple.
Il est inutile d'insister à vouloir faire parler Sidi Saïd sur cette question. Sous son air débonnaire, il peut cacher des sautes d'humeur qui lui ferait perdre son sourire habituel.
Un SNMG à 18 000, 20 000 ou à 35 000 DA comme le revendique Louisa Hanoune ? «Et même à 50 000, pourquoi pas ?», s'amuse à renchérir Sidi Saïd. Pourtant, on entend dire que l'UGTA vient de finaliser une étude sur le panier de la ménagère et pense qu'il ne pourrait être rempli que si le salaire minimum serait de 36 000 DA. «Nous sommes en train de la terminer», nous dit Sidi Saïd comme pour mettre un terme à la discussion sur ce sujet. Il est clair que le niveau du relèvement du SNMG est une question qui sera tranchée par le seul président de la République.
Le SG de l'UGTA venait de sortir d'une réunion avec quelques membres de son secrétariat national. Abdelkader Malki, l'air un peu fatigué - Ramadhan aidant - restera le dernier à sortir du bureau. Ce qu'ils confirmeront tous les deux, c'est la tenue de la prochaine tripartite «juste après l'Aïd, fin septembre». Vous deviez la tenir plutôt ? Interrogeons-nous. «On n'était pas prêt», répond Sidi Saïd.
Dans l'attente «des consultations transversales»
Et bien qu'il refuse de communiquer, ses «compagnons» ont déjà avancé que l'ordre du jour de cette rencontre ne sera pas si différent de ceux des tripartites passées. «En dehors du SNMG qui en sera le clou, on se penchera sur des dossiers récurrents comme les salaires impayés, l'application des décisions de justice et autres du même type comme le pouvoir d'achat et la cherté de la vie, nous inclurons le soutien à des mesures encourageant la production nationale», nous a déclaré un membre du secrétariat national en juin dernier (Voir Le Quotidien d'Oran du 18 juin 2009). Mais, pour cette fois-ci, on s'attarde quelque peu sur un autre point, le nouveau code du travail que le gouvernement tentera, selon les syndicalistes, d'introduire dans l'ordre du jour. Seulement «c'est justement ce que nous ne souhaitons pas parce que ce code a beaucoup de zones d'ombre qu'on n'a pas encore éclairci avec le ministère du Travail», nous disait notre source en juin dernier. «Si l'on accepte de ne pas être trop regardant sur le volet relations de travail ou recrutement, nous tenons par contre à savoir qu'entend le gouvernement par flexibilité de l'emploi, c'est une question très délicate », estime-t-on à l'UGTA. Il est possible aussi que la tripartite examine les programmes d'assainissement financier des entreprises. En fait, il est plus question pour la centrale syndicale de demander au gouvernement de lui remettre l'emploi du temps de Temmar pour tout ce qui est industrie. D'autant que le programme d'assainissement existe bel et bien puisque même le ministre des Finances en a parlé quand il a reçu, à la mi-août, un groupe de journalistes pour expliquer les dispositions de la loi de finances. Il a fait état, en effet, d'un dispositif qui, a-t-il dit, « traite les entreprises viables dont les dettes ont été rachetées par le Trésor public et celles non viables pour lesquelles l'Etat a gelé les découverts et pris en charge leurs intérêts». L'UGTA voudrait voir les Sociétés de gestion des participations (SGP) ouvrir le dossier en tripartite.
L'on nous dit à la centrale syndicale que chaque partenaire (gouvernement, UGTA, organisations patronales) doit préparer son ordre du jour. Et avant de rentrer en tripartite, ils devront s'échanger les copies pour en accorder les points et en faire un ordre du jour collectif. C'est ce qui sera fait, comme a dit Sidi Saïd, «en consultations transversales ». Celles-ci auront lieu en principe, une semaine avant l'Aïd.
«Il y a chez nous un véritable problème de société»
L'on s'attend à ce que le Forum des chefs d'entreprises (FCE) participe pour la première fois à la tripartite. «Il est possible qu'il soit présent puisqu'il a voulu se transformer en syndicat des patrons», explique-t-on.
Excepté la tenue de la tripartite après l'Aïd, rien de tout cela ne sera ni confirmé ni infirmé par le SG de l'UGTA, qui avait une allure décontractée. Chemise - en soie - bleu marine lâchée sur un pantalon en toile écru et espadrilles en écru et blanc, Sidi Saïd était plutôt serein hier même si, à un moment, avec ses mains croisées sur sa tête, il donnait l'air de battre en retraite. « Je suis fatigué, je ne dors pas d'abord assez », nous dit-il. Interrogé sur sa santé, il affirme «gérer les choses, sans trop de problèmes». Mis à part les yeux un peu bouffis par le manque de sommeil, il n'avait pas l'air de souffrir. Mais, curieusement, il avait affiché une tendance de philosophe qu'on ne lui connaissait pas. Nous l'entendrons dire ainsi «nous sommes en période de piété, le Ramadan est un mois de clémence, mais ce n'est pas ce que nous voyons chez nous». Il se dit peiné de voir tant de visages angoissés dans les rues et les marchés. «J'ai été faire un tour au marché de Aïn Benian, j'ai vu des visages angoissés, il y a, chez nous, un véritable problème de société», souligne-t-il. Il estime que pour s'en sortir «il faut en discuter, il faut un débat serein, sans a priori, sans insultes, sans déchirures». Il dit être pour des discours contradictoires «mais basés sur des logiques positives». Pour lui, «la société n'a plus de repères, il ne faut pas oublier que ceux qui sont nés durant les années 80, qui ont vu plusieurs crises et ceux des années 90 qui sont nés dans la violence et le sang, sont aujourd'hui de jeunes adultes qui ont pour seuls repères la violence et le matériel, ça ne construit pas un être humain». Il suggère qu'«aujourd'hui, on doit donner sa dimension à la sérénité parce que nous sommes un pays en convalescence, nous sommes dans une situation de post-violence, c'est très délicat». Le pays, dit-il, «a besoin d'être porté par tout le monde et tout le monde doit faire des concessions, des sacrifices. Si je suis appelé à les faire en tant que syndicaliste pour amorcer le rétablissement du pays, je le ferais. Je préfère dialoguer même si beaucoup n'en sont pas convaincus». Toujours sur un ton désappointé, il continue «je peux être incompris par ma base, mais nous avons besoin de tranquillité pour avancer, il faut sauter les verrous de l'hypocrisie pour atteindre l'objectif d'un pays prospère, de plein emploi, d'un bon pouvoir d'achat, d'une vie normale tout court». L'on se demanderait si le SG de l'UGTA n'anticiperait pas ainsi sur une tripartite dont les résultats ne changeraient rien aux angoisses des petites gens...


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