Un chiffre communiqué par le ministre des Transports, M. Amar Tou, devant les députés donne le vertige : l'Algérie compte actuellement 5,5 millions de voitures. Soit une voiture pour six Algériens ! En 2006, ce parc automobile était de 3 millions de voitures. Ce même parc a subi une progression massive de près du double, en trois ans. Pire encore : ce parc a augmenté de 90 % depuis l'année 2000. A elle seule, Alger compte plus de 1.360.000 véhicules, selon les dernières statistiques du ministère des Transports. Oran et Blida comptent pour leur part près d'un million de voitures chacune. L'interdiction du crédit véhicule réussira-t-elle à freiner cette tendance haussière ? Pas si sûr. Plus de 40 % des déplacements quotidiens se font par véhicules individuels, contre 50 % à travers les moyens de transports en commun et 10 % en taxi. Première conséquence de cette explosion du parc automobile : l'insécurité routière tue chaque année plus de 4.000 personnes. L'Algérie est classée au 4e rang mondial des accidents de la route derrière les Etats-Unis, l'Italie et la France et occupe la première place dans le Maghreb et le monde arabe. Pour lutter contre les accidents de la circulation, le gouvernement a pris de nouvelles mesures durcissant les sanctions et alourdissant les amendes à l'encontre des contrevenants au code de la route. Le Parlement a adopté jeudi la loi portant approbation de l'ordonnance n°09-03 du 22 juillet 2009 modifiant et complétant la loi n° 01-14 du 19 août 2001 relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière. Le retrait du permis de conduire devient automatique pour toutes les infractions constatées par les forces de l'ordre. La période de rétention du permis de conduire dépend des infractions commises. Elle s'étend de dix jours à l'annulation définitive du document. Par exemple, un excès de vitesse supérieur à 40 km/h à celle autorisée est puni d'un retrait de permis et d'une forte amende comprise entre 10.000 dinars et 50.000 dinars. Les amendes pour les auteurs d'infractions ne causant pas de victimes ou de blessures ont été revues à la hausse, entre 2.000 et 6.000 dinars, selon les cas. Les conducteurs responsables d'accidents de la route meurtriers seront sanctionnés sévèrement avec des peines de prison pouvant aller jusqu'à dix ans et de fortes amendes pouvant atteindre un million de dinars pour les homicides involontaires. Parmi les mesures figurent le permis à points, le permis de conduire probatoire de deux ans pour les nouveaux conducteurs ainsi que le brevet professionnel pour le transport public de voyageurs et de marchandises. Les infractions aux règles de la circulation sont classées en quatre catégories, avec des amendes comprises entre 2.000 dinars et 6.000 dinars. Le ministre des Transports a souligné, jeudi, devant les députés, «la nécessité de renforcer les programmes de formation dans les auto-écoles afin de garantir des prestations de qualité ». Le rapport de la commission des Transports et des Télécommunications de l'APN a estimé que « ce durcissement des sanctions doit s'accompagner d'un travail de sensibilisation en direction des usagers de la route quant au nécessaire respect des règles de la circulation routière ». La commission s'est également prononcée en faveur de « l'accélération de la mise en place d'un fichier national des permis de conduire et d'un fichier national des cartes grises, et faire de la lutte contre l'insécurité sur les routes une priorité pour les pouvoirs publics avec l'élaboration d'une politique nationale de la sécurité routière». A rappeler que des Assises sur la sécurité routière se sont tenues en 2005. Des recommandations ont été formulées, mais elles n'ont pas été suivies d'effet. Quatre ans plus tard, rien n'a changé. Les routes algériennes sont les plus meurtrières dans le monde.