L'Algérie est en train d'établir un triste record, celui du nombre élevé des accidents de la route. Durant les onze premiers mois de l'année 2009, près de 4.282 personnes sont mortes dans des accidents de la route, qui ont fait également 60.876 blessés. En 1998, 3.657 personnes sont mortes et 38.169 autres ont été blessées dans les mêmes circonstances, selon des chiffres communiqués lundi par le ministre des Transports, M. Amar Tou. En 2006, le nombre de morts était de 3.379, malgré l'entrée en application, deux années auparavant, de la loi 16-04 du 10 novembre 2004, qui criminalise pratiquement les sinistres ayant provoqué des décès ou des dommages corporels graves de personnes transportées. En fait, le phénomène est devenu tellement inquiétant, avec une moyenne de plus de 100 accidents et au moins douze morts par jour, que les pouvoirs publics songent à renforcer, sinon muscler davantage les dispositifs de contrôle et de sécurité routière. Avec un parc de voitures qui a pratiquement explosé en une décennie, passant de 2,81 millions de voitures en 1998 à 5,71 millions de véhicules à fin 2009, il est tout à fait normal que le risque potentiel de sinistres soit en hausse, «mais pas à un tel niveau qui prend l'allure de catastrophes quotidiennes sur nos routes», estime un expert. Pour renforcer la panoplie des moyens dissuasifs et de lutte contre le fléau des accidents de la route, le gouvernement devrait adopter prochainement le projet du permis à points. Selon M. Amar Tou, le projet d'un décret exécutif relatif à un permis de conduire à points est actuellement au niveau des ministères concernés pour étude. Il sera ensuite soumis au gouvernement pour enrichissement et adoption, précise le ministre des Transports en marge de la cérémonie de lancement par la radio nationale d'une campagne de prévention routière. «Ce projet de décret sera appliqué au cours de l'année 2010", selon le ministre des Transports. Le permis à points, tel qu'il est appliqué par exemple en France, sanctionne les contrevenants en leur défalquant, à chaque PV des services de police ou de gendarmerie nationale, des points jusqu'au retrait du permis, pour des périodes plus ou moins longues, selon la nature de la faute. Pour le ministère des Transports, il y a également l'aspect formation et sensibilisation des conducteurs qui doit être pris en compte et développé. Il a ainsi affirmé que son ministère est en train de revoir, en collaboration avec l'université de Mostaganem, la nomenclature concernant les causes des accidents de la route, relevant la nécessité d'améliorer davantage l'état des routes. Au mois d'avril dernier, il faut le rappeler, un accord avait été conclu entre Algérie Télécom et l'université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, portant sur la «conception et mise en oeuvre d'un système national d'information sur la sécurité routière». Ce système englobera l'ensemble des données relatives à la sécurité routière. «C'est un outil d'aide à la décision», selon le PDG d'AT qui a précisé que «cette chaîne de collecte d'informations automatisée et informatisée contribuera à l'élaboration d'une réglementation et permettra des actions réfléchies. Le système en question permettra également une formation continue et contribuera davantage à la sensibilisation contre les dangers de la route». Ce projet pilote pour la wilaya de Mostaganem devrait, une fois validé, être appliqué à l'ensemble du territoire national. En attendant, les accidents de la route font quotidiennement 12 morts. Le ministère des Transports a relevé que le rôle des auto-écoles doit être amélioré, annonçant la signature d'un accord avec le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels pour l'enrichissement du programme de formation relatif à la conduite routière et l'application avec rigueur de l'octroi du permis de conduire. Mais, pour les automobilistes, il faut certes améliorer le système de formation au niveau des auto-écoles, introduire un système plus drastique au niveau des examens d'obtention des permis, tout en évitant de tomber dans la facilité du retrait de permis.