Le ministère de l'Industrie et de la promotion des investissements (MIPI) lance un appel pour constituer « un vivier d'experts et consultants nationaux, capables d'intervenir dans les domaines de la recherche et de développement, et de l'innovation industrielle ». Cet appel à candidature a été exprimé par le MIPI par voie de presse. Il est précisé que l'appel s'adresse à des personnes possédant une expérience dans l'étude, le lancement, la gestion et le suivi de projets d'innovation et d'appropriation technologique. Des personnes desquelles le ministère exige « des capacités pour l'accompagnement des entreprises industrielles dans la création et le développement d'unité de développement et de promotion de l'innovation pour l'amélioration de sa compétitivité ». Ainsi, donc, le ministère de Abdelhamid Temmar passe à la phase de mise en oeuvre de la stratégie industrielle qu'il a fait confectionner il y a près d'une année. Pour rappel, Temmar avait chargé un groupe d'experts nationaux pour examiner en profondeur la problématique de la relance de l'industrie. Le travail a pris beaucoup de temps, d'argent et d'énergie. Il en est sorti une stratégie comportant diverses étapes à suivre pour atteindre l'objectif de la relance d'un secteur en mal de mécanismes de production. Composée de plusieurs chapitres, le document portant stratégie industrielle avait fait par ailleurs, l'objet d'assises nationales où de nombreux ateliers ont été organisés. L'expertise nationale devait, à cette occasion, se prononcer sur la faisabilité et la mise en oeuvre de cette importante démarche. Temmar en parlait dans le détail, à chaque fois que l'occasion lui était donnée. Jusqu'au début de cette année et à la surprise de tout le monde, où Ahmed Ouyahia alors chef du gouvernement l'a comme rappelé à l'ordre. « Je vais être brutal, la stratégie industrielle a fait beaucoup plus l'objet de communication que d'actions, elle n'a jamais été adoptée par le conseil des ministres », avait-il déclaré. L'actuel a même voulu se démarquer de ce qui a été entrepris par le MIPI en précisant « chaque équipe a son style, je n'ai pas pour style de faire de la propagande, il y a parfois des mesures prises sous ma conduite et qui n'ont jamais été rendues publiques ». Et pour qu'il n'y ait pas de confusion, Ouyahia a tenu à affirmer que « la stratégie industrielle doit désormais être adaptée au papier millimétré que sont les mesures prises par le chef de l'Etat et que j'ai commencé à mettre en oeuvre ». Jusqu'à preuve du contraire, aucun changement n'a été apporté au document portant stratégie industrielle telle qu'adopté par les services du MIPI. Et l'appel que Temmar a lancé hier aux experts et consultants nationaux pour apporter à ses services de la connaissance au sujet de la recherche et du développement de l'innovation industrielle, s'inscrit donc en porte-à-faux par rapport aux propos soutenus par Ouyahia. Interrogé sur le pourquoi du contenu de cet appel, Mohamed Bahloul, professeur à l'université d'Oran et directeur de l'Institut national des ressources humaines (INRH), nous a déclaré que « c'est la phase de mise en oeuvre de la stratégie industrielle dans son volet innovation ». L'évidence est, qu'après avoir battu en brèche la théorie, aujourd'hui, Temmar veut passer à la mise en oeuvre de sa stratégie. « Il est question pour ce volet de l'innovation, de développement des capacités humaines et d'appui à la compétitivité de l'entreprise », nous explique Bahloul. Pour ce faire, et en référence à l'appel du MIPI, il estime qu'il faut « identifier le potentiel d'expertises et de recherche scientifique pour mettre en place tout un organigramme et une organisation triangulaire basée sur l'entreprise, l'expert et l'Etat. L'entreprise, souligne notre interlocuteur, doit être le centre de la recherche scientifique, l'expert interviendra pour lui mobiliser les ressources techniques et l'Etat, à travers tous ses services, devra jouer dans cette organisation, son rôle de régulateur. Ces phases de mise en oeuvre de la stratégie industrielle permettront comme a eu Temmar à le souligner, l'émergence de ce qu'il a appelé « les pôles de compétitivités ». Contacté par nos soins, Temmar nous précise au sujet de l'appel qu' « au lieu de lancer à chaque fois des appels d'offres, on va constituer ainsi un log d'experts qui sera informatisé, ce qui nous permettra de mettre en oeuvre notre politique industrielle à travers le déploiement spatial et sectoriel ». Il ajoutera : « bientôt la mise à niveau des entreprises va se mettre en place. Le gouvernement est justement en train d'étudier un programme qui, j'espère, inclura tous les secteurs ». A propos du log d'experts que veut constituer Temmar, il dit : « peut-être qu'on va associer des Algériens qui sont à l'extérieur de manière à ouvrir au maximum aux compétences nationales ». « Nous voulons de la sorte avoir sous la main des compétences qu'on pourra nommer dans des secteurs ou alors charger de faire des études sur d'autres, ça nous facilitera la tâche de l'expertise nationale puisqu'on utilise très, très peu de consultants étrangers ».