Le ministère de l'Agriculture a décidé des mesures préventives de lutte antiacridienne au niveau national «bien qu'aucun cas n'est signalé», a indiqué ce ministère selon l'APS. Les mesures résident dans le suivi du développement du couvert végétal saisonnier au niveau du nord de la Mauritanie par le biais de photos satellitaires prises par l'Agence spatiale algérienne. Il est également question de l'installation d'un dispositif national de contrôle et de lutte au niveau des zones frontalières avec le Niger et le Mali. Le ministère annonce également mettre les moyens d'intervention dans les wilayas de Béchar, Tamanrasset, Adrar, Ghardaïa et Biskra, dans le cadre de la mise en place de règles de lutte antiacridienne. On assure du côté du ministère que la situation actuelle en Algérie est stable au niveau de toutes les régions menacées par ce fléau (les wilayas de l'extrême Sud algérien notamment Tamanrasset, Adrar et Illizi). Les conditions écologiques sont favorables à la prolifération des criquets «bien qu'aucune activité acridienne n'ait été enregistrée en Algérie». Le dispositif national d'intervention installé en 2004-2005 a été renforcé par quatre équipes de contrôle et de traitement. Plus de 2.650 ha ont été traités et il a été recensé 121.000 ha dans le cadre du dispositif national d'intervention. Le ministère souligne que l'accent est centré sur la lutte contre la masse de criquets en Mauritanie apparue début septembre dernier. La réunion des experts tenue la semaine dernière à Nouakchott a recommandé le renforcement des opération d'observation de l'activité acridienne. Ce dispositif a été renforcé par cinq équipes dont deux algériennes. La Mauritanie et le Niger sont fortement infestés par le criquet pèlerin. Les essaims de criquets peuvent atteindre un milliard d'individus et se déployer sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Les phénomènes d'agrégation se produisent à grande échelle lorsque surviennent des pluies importantes, qui offrent des ressources alimentaires supplémentaires. Les pays qui font les frais de ces invasions d'insectes n'ont que les insecticides comme seul moyen de lutte pour batailler contre ce fléau. L'invasion de criquets pèlerins, qui sévit en Mauritanie depuis cet été, pourrait s'étendre au reste de la région en cas de fortes pluies, avait estimé dernièrement l'ONU. S'il y aura des pluies importantes dans les deux mois qui viennent, la situation risque de se détériorer». «Des ailés épars pourraient apparaître dans le centre et le sud de l'Algérie où de bonnes pluies sont tombées ces derniers jours», avait estimé un scientifique de l'Institut de protection des végétaux (IPV). A rappeler que fin juin dernier, des nuées de criquets pèlerins ont été localisées au sud-ouest d'El-Meneaa, près de Ghardaïa. Des spécialistes de la lutte antiacridienne ont également indiqué que ces criquets migrateurs ont infesté près de 250 hectares avec une densité de l'ordre de 150 à 200 individus par touffe de plantes spontanées. Cette invasion est jugée d'envergure «mineure», puisqu'elle est au stade larvaire. «Ces insectes ravageurs ne pourraient atteindre l'Algérie qu'à la fin de l'hiver prochain», a nuancé un spécialiste. Avec l'arrivée de la saison sèche, les criquets migrent vers le Maghreb. «C'est la pire des situations que l'on ait connue depuis quinze ans, affirme Annie Monard, acridologue à la FAO, si les conditions s'y prêtent, les insectes se reproduiront dans des proportions bien plus grandes que l'année dernière». Extrêmement prolifique, l'insecte est en effet capable de multiplier ses effectifs par dix à chaque nouvelle génération ! Si cette résurgence n'est pas maîtrisée et que des pluies inhabituellement importantes et bien réparties tombent au cours des deux prochains mois, la situation se détériorerait et il y aurait un risque extrêmement important qu'elle évolue en premiers stades d'une recrudescence dans la région du Maghreb.