«Nous viendrons en Algérie avec une volonté très affichée de dépasser les conjoncturelles relations tendues», nous a affirmé à Paris, en marge des travaux du forum de Reage, Thierry Courtaigne, vice-président du Mouvement des entreprises de France - Medef International dont la mission à Alger aura lieu du 22 au 24 novembre prochain. Il faut reconnaître que c'est Redha Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), qui avait abordé le sujet en question au niveau du village des PME, un espace de stands d'entreprises notamment nationales qui ont participé samedi dernier à Paris au 3ème forum de Reage, le réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et des universités françaises. «Pour cette fois, ce ne sera pas une visite de prospection mais nous nous rencontrerons en tant que partenaires pour nous enquérir de l'entreprise algérienne et de sa conception face à la crise financière internationale , nous voulons une démarche consensuelle», nous a précisé Hamiani au sujet de la visite du Medef en Algérie. Ce sera donc, selon lui, «un rendez-vous pour se concerter sur comment pouvoir y faire face ensemble». C'est, souligne Hamiani, «avec une forte capacité d'écoute et de savoir quoi faire dans l'investissement que la délégation du Medef se déplace à Alger». C'est ce qui nous a été confirmé par Thierry Courtaigne, le vice-président de ce Mouvement français qui d'emblée indiquera que «nous venons avec une volonté très affichée de dépasser les conjoncturelles relations tendues entre l'Algérie et la France». Il rappellera que «depuis 1998, on y va non pas en fonction du climat politique mais de nos intérêts». Courtaigne ne manquera pas de préciser que «la France est quand même le 1er investisseur en Algérie hors hydrocarbures...» Hamiani enchaîne avec le sourire «oui mais peut mieux faire !». Courtaigne lui répond aussi avec le sourire «l'Algérie aussi peut mieux faire !» Le président du FCE a tenu à souligner que le flux d'échanges entre l'Algérie et la France était de 11 milliards de dollars chaque année, avec 4,5 milliards d'importation hors hydrocarbures et 5,5 d'hydrocarbures. «Notre balance commerciale se porte bien.» Mais si la France se dit être premier investisseur hors hydrocarbures dans le pays, Hamiani précise que «de 2003 à 2007, son volume d'investissement - stocks compris - a été de 600 millions de dollars en comptant avec 300 de ses entreprises qui y sont présentes (bureaux d'études compris) contre 2.200 millions en Tunisie et 900 au Maroc». Décidé à faire de cette visite à Alger, une tribune d'échanges et d'affaires, le vice-président du Medef International nous affirme «on va écouter les Algériens ce qu'ils ont à nous dire. Il n'y a pas de contraintes à ce que nous voulions entreprendre en Algérie, c'est un choix. L'Algérie, c'est très important pour nous.» Ce sont près de 70 chefs d'entreprises françaises, membres du Medef International, qui se déplaceront à Alger du 22 au 24 novembre prochain avec à leur tête François Pérygo, «le chef historique puisque c'est lui qui, en 1998, a conduit la première délégation pour l'Algérie et qui est ravi de reprendre le dossier Algérie», nous dit Courtaigne. L'on annonce aussi la présence dans cette visite de Jacques Thibaud De Silguy, président du Conseil des chefs d'entreprises France-Algérie. Comment Courtaigne apprécie-t-il les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 ? Il est, en tout cas, loin d'en être outré. «Les étrangers doivent s'inscrire dans cette loi, quels qu'ils soient, et ceux qui ne veulent pas, le monde est vaste, ils peuvent trouver leurs intérêts ailleurs.» Il estime ainsi qu'«il n'y a pas du tout de contestation au niveau du Medef, on ne va pas en Algérie d'une manière précipitée, on y va normalement, vous êtes très important pour nous au regard de l'importance du marché, des potentialités, de la qualité des hommes et des femmes, de l'industrie, tout ça c'est fantastique !» La virée algéroise est pour le Medef International «un voyage classique, il n'y a pas d'urgence». D'autant que face à la crise internationale et comme l'avait souligné Hamiani, «il est nécessaire de se concerter», dit Courtaigne qui précise, à cet effet, que «l'année 2010 n'est pas assurée et chaque économiste a son point de vue, alors il faut se concerter». Son mot d'ordre pour cela «prudence et optimisme». Mais il reste que les chefs d'entreprises français demandent, par la voix du vice-président du Medef International, qu'«on nous donne les règles du jeu, les chefs d'entreprises s'adaptent s'ils trouvent leurs intérêts, la flexibilité est leur maître mot». Et le dernier mot de Courtaigne dans ce sympathique entretien parisien a été «le ton politique n'est pas le ton des entreprises. Il y a des choix qui ont été faits pour l'Algérie.»