La dernière visite du Mouvement des entreprises françaises (Medef) en Algérie, la quatrième du genre en cinq ans, a été longuement commentée par certains journaux français, notamment les spécialisés d'entre eux. C'est le cas des deux principaux titres économiques Les Echos et la Tribune qui, tout en notant la « timidité » des entreprises françaises sur le marché algérien, estiment que cette énième visite du Medef devrait constituer le « déclic » tant attendu. « Algérie : l'ouverture de l'économie menace la place de la France », « Les patrons français sont prêts à s'engager plus en Algérie », ont titré respectivement Les Echos et la Tribune dans leur édition de jeudi dernier. PARTENAIRES MULTIPLES L'ouverture accélérée de l'économie algérienne et la diversification des partenaires économiques à l'instar de l'Italie, de l'Espagne et de la Chine, pourraient à terme, relèvent les deux quotidiens, « coûter à l'Hexagone sa place de partenaire privilégié ». Une diversification des partenaires économiques qui va crescendo à la faveur de l'entrée en vigueur de l'accord d'association et de l'adhésion prochaine à l'OMC. A ce rythme, qui « risque de changer la donne », la France « conservera-t-elle son rang de principal partenaire commercial de l'Algérie ? », se demande le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Omar Ramdane, cité par Les Echos. Le quotidien relève qu'Il « n'y a que 6 nouvelles implantations françaises en 2004 » au moment où « les investissements ont plafonné ». Cette tendance est confirmée par une étude du cabinet KPGM, publiée en novembre 2004 pour le compte du MEDEF, qui indique que 49% des entreprises françaises qui envisagent d'investir ou de délocaliser à l'extérieur ciblent par ordre d'intérêt les nouveaux pays de l'Union européenne (40%), les pays de l'Europe des 15 (30), la Chine (18) et le reste de l'Asie (20). Un très faible groupe d'entrepreneurs est intéressé par les autres marchés, notamment africains ou américains. A l'heure actuelle, le fait réel est que seulement 180 opérateurs français sont implantés durablement en Algérie contre, selon le vice-président directeur général de la branche internationale du MEDEF, Thierry Courtaigne, plusieurs milliers d'exportateurs-importateurs, soit une dominante de commerciaux plutôt que des investisseurs. Ce déphasage se lit sur les chiffres de la Banque de France qui note que, en termes de flux, « il apparaît qu'en 2003 », l'Algérie était, par ordre d'importance, « le 50e pays pour les investissements directs français (IDE) ». La presse française rapporte toutefois qu'« il y a eu un déclic » à l'issue de la visite de la délégation du MEDEF-International conduite par le président de son Comité Algérie, Yves-Thibault de Silguy, qui s'est dit « convaincu que les relations économiques entre Alger et Paris sont arrivées à un tournant et que dans les mois qui viennent, de nombreux partenariats franco-algériens verront le jour ». plusieurs grandes entreprises françaises comptent réaliser d'importants projets en Algérie à l'instar notamment du groupe hôtelier Accor, de la BNP Paribas, Suez et d'autres. Le PDG du constructeur automobile français Renault, Louis Schweitzer, parle de « redémarrage » de l'économie algérienne « pleine d'opportunités ». Il a évoqué « les grandes potentialités et beaucoup de compétences » sur le marché algérien et a affirmé : « Oui, il y a un espoir de forte croissance de l'industrie algérienne », notamment dans la perspective de devenir « un fournisseur de l'industrie automobile ».