Bien que très pris par des obligations professionnelles afférentes aux deux rencontres qui ont opposé, au Caire et à Khartoum, l'équipe nationale à celle égyptienne, le ministre de la Jeunesse et des sports, El-Hachemi Djiar, a accepté de répondre par téléphone à nos questions. Le Quotidien d'Oran: Vous êtes resté le dernier à revenir de Khartoum. Qu'est-ce qui vous a retenu là-bas ? El-Hachemi Djiar : Je suis resté le dernier à rentrer de Khartoum parce que j'ai tenu à m'assurer moi-même que tous les supporters algériens ont regagné la terre natale. C'est aussi une instruction du chef de l'Etat qui a suivi, en personne, tout le processus qui a prévalu à l'organisation de la rencontre et à veiller après à ce que les supporters rentrent chez eux sains et saufs. Je ne pouvais me permettre de laisser aucun d'entre eux derrière moi. Q.O.: Les médias égyptiens ont rapporté que les supporters algériens ont été responsables de coups et blessures sur leurs supporters qui se sont déplacés à Khartoum. Qu'en est-il selon vous, exactement ? E. Djiar: Les supporters algériens qui se sont déplacés que ce soit au Caire ou à Khartoum, ont eu un comportement exemplaire. Ces supporters qui ont l'habitude de faire un peu de grabuge chez nous à l'occasion d'une rencontre ou d'une autre, je peux vous assurer qu'ils se sont comportés au Caire et à Khartoum comme les esprits sportifs se doivent de le faire dans ce genre de compétition sportive. Je tiens d'ailleurs à les saluer et à les féliciter pour ce comportement digne. D'autant qu'avec les autorités soudanaises, nous n'avons eu aucun problème pour ce qui est de l'organisation de cette rencontre. Je les en remercie vivement. Q.O.: La presse écrite algérienne a cependant rapporté qu'un groupe de supporters algériens a saccagé le Terminal réservé aux Hadji à l'aéroport de Khartoum... E. Djiar.: Il faut relativiser tout ça. Les supporters qu'on accuse sont des supporters algériens qui sont venus à Khartoum directement du Caire. Ils avaient passé trois jours là-bas, où ils ont été tenus sous un grand stress et une forte pression. Ils étaient très fatigués. Ils ont été mis dans une salle aux dimensions réduites alors qu'ils étaient nombreux. C'était sur un coup de nerfs. On ne devrait même pas en parler ou revenir sur ça, parce que ce n'était pas du tout délibéré. Ce n'était nullement une opération de casse préméditée ou programmée. D'ailleurs, leurs camarades, c'est-à-dire d'autres supporters algériens comme eux, sont venus après eux et ont nettoyé les lieux. Ils ont ramassé les bouteilles vides et tout ce qui a été jeté par terre. Nous allons remédier à ça. Nous allons tout réparer. Q.O.: Ne pensez-vous pas que dès lors que le bus de l'équipe nationale a été accueilli au Caire par des jets de pierres qui ont blessés des joueurs, les autorités algériennes auraient dû exiger le report de la rencontre ou son déplacement ? E. Djiar : On est discipliné et on est respectueux des règlements des instances internationales et de la FIFA. Nous avons évidemment transmis nos inquiétudes à la FIFA après ce malheureux événement, mais elle n'a pas jugé utile de ne pas faire jouer ou de déplacer le match. On a eu le comportement qu'il fallait avoir. Moi, je m'en tiens au domaine sportif. Je ne veux pas prendre cette pente. Malgré tout ce qui s'est passé, nous avons préféré nous en tenir à la dimension sportive. Nous avons agi dans la sérénité la plus totale et, avec les joueurs, nous nous sommes tenus au respect du jeu, du football et du fair-play. Q.O.: Beaucoup parlent d'un véritable guet-apens que les Egyptiens ont préparé à l'équipe nationale. Partagez-vous cet avis ? E. Djiar.: Lorsque la passion prend le pas sur la raison, tout est possible. Ceci dit, je ne dis pas que c'est un guet-apens prémédité par les instances officielles. C'est l'ambiance générale qui régnait en ces moments au Caire, les enjeux avant et après le match, ce que disaient certains médias égyptiens... C'est tout un concours de circonstances... Q.O.: Les journalistes algériens accrédités au Caire pour la couverture de la rencontre de ce fameux 14 novembre, y compris ceux de la télévision publique nationale, ont été empêchés de couvrir ce fâcheux événement. Que s'est-il vraiment passé à cet instant ? E. Djiar: L'équipe nationale venait de subir des épreuves terribles à quelques heures du match. Notre souci n'était pas du tout dirigé contre les journalistes algériens mais c'était de préserver les joueurs de tensions supplémentaires. Ce n'est nullement une volonté d'organisation discriminatoire envers la presse nationale, qui a d'ailleurs été très digne. Il n'y a pas eu du tout de traitement discriminatoire. Les journalistes qui ont couvert la rencontre au Caire méritent tout notre respect et nos félicitations pour le travail professionnel qu'ils ont accompli. Q.O.: Mais d'autres journalistes, français notamment, comme ceux de Canal Plus et France 2 ont pu filmer et même interviewer les joueurs blessés, pour le cas de Radio Monte-Carlo (RMC). Pourquoi ce privilège ? E. Djiar: Pour ce qui est de RMC, peut-être comme on a des joueurs de l'équipe nationale qui évoluent dans des clubs européens, les journalistes ont pu appeler certains d'entre eux sur leur mobile et ont pu avoir leur témoignage. Il y a eu peut-être aussi des vidéos amateurs ou un joueur lui-même qui a filmé avec son portable. Mais pour ce qui est de Canal Plus, je dois vous dire que c'est nous-mêmes qui avons mis dans le bus qui avait ramené l'équipe nationale de l'aéroport du Caire à l'hôtel, un journaliste de cette chaîne de télévision française avec sa caméra. On a dit à toute fin utile, en cas d'incidents, il pouvait travailler en direct, pour qu'on ne nous accuse pas de montage ou autre... Les images de l'attaque à coups de pierres par des Egyptiens du bus transportant notre équipe nationale de l'aéroport du Caire à l'hôtel, prises par Canal Plus, ont circulé dans le monde entier. Ça nous a beaucoup servi. Q.O.: L'Algérie a-t-elle déposé plainte contre ceux qui ont agressé les joueurs et les supporters algériens au Caire ? E. Djiar : Nous avons dit, que ce soit aux instances internationales, au Caire ou à Khartoum, qu'on ne doit pas sombrer dans la passion, mais nous restons intransigeants contre toute atteinte contre l'équipe nationale, contre l'Algérie ou contre son peuple. Aujourd'hui, je dis que c'est du passé. C'est une page qu'on tourne, mais qu'on ne diffère pas. Q.O.: L'espoir est-il toujours permis avec l'équipe nationale ? E. Djiar : Il faut tirer les enseignements de ce succès. Aujourd'hui, plus que jamais, il faut travailler et ne pas dire qu'on est arrivé. On ne doit pas oublier qu'on doit travailler pour la coupe d'Afrique et la coupe du Monde. Et même au-delà, pour celle de 2014 parce que c'est une équipe de jeunes qui ont réalisé l'exploit de la qualification de l'Algérie à la coupe du Monde, alors qu'ils ne voyaient leur entraîneur qu'occasionnellement. C'est d'ailleurs à cause de ça que leur préparation a pris deux ans. Il faut aussi reconnaître que cette victoire est l'oeuvre d'un travail collectif, du staff dirigeant, des joueurs, des services de l'Etat, du chef de l'Etat en personne, des citoyens de l'ensemble du pays. C'est grâce à cette machine énorme qui a été mobilisée qu'on a pu avoir ce résultat. Il faut se rassembler comme nous l'avons fait ces derniers temps autour de l'équipe nationale. Il faut travailler dans la cohésion pas seulement dans le football mais dans tous les autres domaines. Si on continue sur cette lancée, on fera beaucoup mieux pour 2014.