Aligner les prix du gaz sur ceux du pétrole. L'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, est allé à l'essentiel à l'ouverture, à Doha, du 9ème Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). Les travaux du Forum ont pris fin par la désignation du ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil comme président de la réunion des ministres de l'organisation et du Russe, M. Lounid Boukhanovski, au poste de secrétaire général du Forum. La prochaine réunion du FPEG, qui aura lieu le 19 avril 2010 à Oran, pourrait s'être élargie à de nouveaux venus. Lounid Boukhanovski, qui est également premier vice-président de la société russe d'hydrocarbures Stroitransgaz, a évoqué l'arrivée prochaine de l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, l'Australie, le Turkménistan et même de certains pays sud-américains. Le secrétaire général du Forum reste prudent sur le rôle du Forum qui, selon lui, n'a pas pour objectif de discuter des quotas ou des niveaux de production de gaz mais d'examiner l'évolution de la filière. Il a ainsi évoqué les programmes d'investissements réels à long terme, les technologies à mettre en oeuvre, l'élaboration de programmes d'études et de recherche et de plan de travail ainsi que le renforcement de la coopération avec les autres organisations internationales, notamment avec les organisations onusiennes. Chakib Khelil qui prend la présidence du Forum au début de l'année prochaine a présenté une étude sur l'état actuel du marché gazier international et les perspectives de l'industrie gazière dans le monde. Il défend la nécessité de stabiliser les prix du gaz dans le monde. Le FPEG «doit être en mesure de mettre en place une stratégie qui permettra de parvenir à une véritable coordination», a-t-il déclaré à l'APS. «L'ensemble des pays producteurs et exportateurs de gaz ont intérêt à ce que le marché du gaz soit stable (...) cela est également dans l'intérêt des consommateurs». Cet objectif reste en bonne partie dépendant de la capacité des pays producteurs et exportateurs à coordonner leur action voire même à parvenir, à terme, à peser sur la formation des prix. Actuellement, le prix du gaz est bas. Le gaz a suivi le pétrole dans sa plongée, il ne l'a pas suivi dans l'amorce de reprise. L'émir du Qatar, dont le pays est un grand exportateur de gaz, ne pouvait que le constater. «Après la chute brutale des prix du pétrole et du gaz, la hausse des prix du pétrole cette année n'a été suivie d'aucune amélioration des prix du gaz». Conséquence, «le prix d'une unité énergétique de gaz a considérablement baissé par rapport à son équivalent pétrolier». Cheikh Hamad a souhaité que la situation n'est que «temporaire» et appelé les pays membres du FPEG à faire une analyse des facteurs ayant provoqué ce décalage et à aligner les prix du gaz sur ceux du pétrole. «Le marché spot s'est cassé la figure» La coordination entre pays producteurs, très médiocre pour ne pas dire inexistante, est d'autant plus nécessaire que certains experts pensent que la situation du gaz à bas prix n'est pas temporaire et pourrait durer encore trois bonnes années. Mourad Preure a estimé récemment dans un entretien au journal Les Afriques que le «marché spot où sont réalisées les opérations pour livraison avec règlement immédiat, s'est cassé la figure. Aux Etats-Unis, le gaz était cédé en septembre 2009 à 2 dollars le million de BTU au moment où les prix sur le marché contractuel, où le gaz est vendu à moyen et court termes, étaient plus élevés, car indexés sur ceux du pétrole. Ce décalage a perturbé la valeur marchande du gaz... L'industrie gazière va avoir un trou d'air très sévère jusqu'en 2014-2015». C'est sans doute la raison qui pousse certains pays membres du Forum des pays exportateurs à ne plus craindre de souhaiter à haute voix sa transformation en Opep du gaz. Le temps des vaches maigres pour l'industrie gazière risque de durer d'autant que l'objectif minimaliste du FPEG d'échanger des informations sur les contrats gaziers n'a pas été atteint. Le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, l'a d'ailleurs regretté récemment en soulignant que «chacun des pays membres garde ses contrats de vente de gaz à long terme très confidentiels, personne ne veut dévoiler à quel prix il vend son gaz sur le marché». Il y a donc une crédibilité à gagner pour le FPEG - qui est encore loin de fonctionner comme l'Opep - afin qu'il puisse peser en faveur d'un «prix juste du gaz». Pour rappel, le FPEG a été créé en 2001 à Téhéran et compte 15 membres: l'Algérie, la Bolivie, Brunei, l'Egypte, l'Indonésie, l'Iran, la Libye, la Malaisie, le Nigeria, la Guinée équatoriale, le Qatar, la Russie, Trinidad et Tobago, les Emirats arabes unis et le Venezuela auxquels se joignent 2 pays observateurs, à savoir la Norvège et le Kazakhstan. Le FPEG a été officialisé le 23 décembre 2008 à Moscou, lors de la 7ème session ministérielle qui avait adopté le statut du Forum et désigné Doha comme siège de l'organisation.