La réunion des ministres du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEC), dont les travaux s'ouvriront aujourd'hui à Oran, suscite un intérêt tout à fait particulier de la part des observateurs et des médias, particulièrement étrangers. Il faut dire que les enjeux sont de taille, aussi bien pour les pays producteurs que consommateurs, notamment sur la question relative aux prix qui suscite depuis quelques années déjà un débat et une réflexion au sein du Forum. Il appartiendra à la réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), aujourd'hui à Oran, de «prendre des décisions» pour tenter de réguler le marché, a déclaré avant-hier en conférence de presse le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil. Il sera question «d'évaluer la situation du marché et de prendre les décisions idoines pour trouver un équilibre entre l'offre et la demande sur le marché du gaz», a-t-il encore précisé. Avant d'ajouter : «nous avons besoin d'un dialogue entre producteurs et consommateurs», en soulignant que le prix du gaz doit être «juste» pour les uns et pour les autres afin «que leurs intérêts se rejoignent». Dans une déclaration faite hier à la presse, en marge de l'ouverture officielle de l'exposition dédiée au GNL, le ministre de l'Energie qatari, Abdallah ben Hamad al-Attiya, est allé dans le même sens que son homologue algérien en déclarant : «il faut trouver les mécanismes pour un juste prix du gaz et stabiliser le marché. Il va falloir discuter du problème de l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole.» Le ministre russe de l'Energie, Sergei Shmatko, a affirmé, pour sa part, qu'il «sera difficile d'aller vers une diminution de la production de gaz pour peser sur les prix». Le 30 mars, lors du Forum international de l'énergie à Cancun (Mexique), le ministre algérien avait estimé que le cours du gaz à 4 dollars n'était «pas viable» pour les producteurs.»Le prix idéal pour le gaz serait celui du baril de pétrole divisé par six. Historiquement, il a été divisé par dix, mais actuellement c'est par vingt, et ce n'est pas viable pour les pays producteurs», avait-il souligné, estimant que le cours devrait s'établir «à 8 ou 9 dollars». M. Khelil avait indiqué récemment que «la réunion du FPEG intervient cette année dans un contexte tout à fait similaire à celui qui prévalait en 2007 pour le marché du pétrole, tant les enjeux sont les mêmes pour les pays exportateurs, notamment en matière de prix». Ce contexte, avait-il expliqué, est marqué par un déséquilibre du marché du gaz. Une situation générée, a-t-il précisé, par le développement par les Etats-Unis du gaz non conventionnel. « Les réserves US en gaz sont actuellement très importantes. Les Etats-Unis n'importent plus de gaz, ce qui a créé un surplus de production sur le marché international. Une situation qui a favorisé l'effervescence des marchés spot, à la faveur de prix beaucoup moins chers (de 3 à 4 dollars seulement) au détriment du marché à long terme, dont les contrats se négocient pour l'Europe autour des 8 dollars», a expliqué M. Chakib Khelil. Il soulignera «la nécessité» pour les pays exportateurs de gaz de «coordonner leurs efforts et actions». Les enjeux de cette situation sur le marché du gaz, a poursuivi le ministre, ainsi que la vision de l'Algérie sur la question ont été exposés lors de la dernière réunion des pays exportateurs de gaz qui s'est tenue à Doha, a ajouté M. Khelil. Une étude d'évaluation offre/demande à moyen et à long terme réalisée par l'Algérie devra être soumise aux experts, à l'occasion de l'ouverture de la conférence du GNL 16, et ce en prélude à la tenue du Forum des pays exportateurs de gaz. Le Forum réunit, pour rappel, 11 pays membres, dont la Russie, premier producteur mondial de gaz, l'Iran et le Qatar, qui à eux trois totalisent environ 60% des réserves mondiales. Trois autres pays ont le statut d'observateurs, en l'occurrence le Kazakhstan, le Yémen et la Norvège. Jusqu'à hier après-midi, trois ministres de l'Energie, russe, qatari et yéménite, plus le vice-ministre vénézuélien de l'Energie, étaient arrivés à Oran.